1989 : affaires louches
1989 : le mur de Berlin tombe dans la fièvre, l’allégresse, et dans une soudaineté que suivent de très près la réunification de l’Allemagne et la désagrégation du système soviétique. À Paris, les « affaires » commencent avec l’inculpation d’un ami personnel de François Mitterrand – Roger-Patrice Pelat. Il est accusé de recel de délit d’initié à l’occasion d’une opération boursière. Peu de temps plus tard, le 22 juin 1989, c’est Gérard Monate, l’ancien patron de la société Urba, qui est à son tour inculpé : le cabinet d’études qu’il a dirigé a servi au financement du parti socialiste.
18 mai 1990 : la rame TGV A n° 325 atteint la vitesse record de 515,3 km/h
Le TGV ! Le Train à grande vitesse qui fend l’air avec son nez de fin limier pistant le temps perdu prend forme, locomotive et wagons (ou « voitures » pour adopter la terminologie qu’a choisi le marketing SNCF, car « wagon » sonne un peu ferraille…) le 22 septembre 1981. Ce jour-là est inauguré le tronçon sud de
Saint-Florentin (km 117) à Sathonay (km 389). En 1989, le 20 septembre, le TGV Atlantique dont la construction avait été décidée le 27 janvier 1982, est inauguré de Paris à Connerré dans la Sarthe. Le 18 mai 1990, il atteint la vitesse record de 515,3 km/h, battant ainsi le record du monde de vitesse sur rail !
Jean-Pierre Chevènement et la tempête
Le 2 août 1990, l’Irak envahit le Koweït, et l’annexe ! La France envoie des troupes qui vont participer à l’opération « Tempête du désert », après un ultime plan de paix proposé par Paris en janvier 1991. Des courants pacifistes se manifestent alors, réunissant les tendances les plus diverses ; leur action est encouragée par un événement dont le retentissement est international : le ministre français des Armées, Jean-Pierre Chevènement, ne partageant pas les options du gouvernement auquel il appartient, démissionne de son poste. Il est remplacé par Pierre Joxe.
Édith et les hommes
Au début d’avril, les forces alliées vainquent l’Irak. L’affaire Chevènement a aggravé des relations déjà tendues entre François Mitterrand et son chef de gouvernement Michel Rocard. Celui-là demande à celui-ci de démissionner et le remplace, le 25 mai 1991, par la première femme à occuper le rôle de chef de gouvernement : Édith Cresson. Onze mois plus tard, le 2 avril 1992, n’ayant pas réussi à s’imposer face à une présence masculine en majorité hostile, elle démissionne. Elle est remplacée par Pierre Bérégovoy.
Les affaires continuent…
Régulièrement, des nouvelles surprenantes sont livrées par la presse qui commente les démêlés de Bernard Tapie avec la justice, le cancer dont le président est atteint, ou bien ce suicide étrange de l’ancien Premier ministre…
Des jeux, un Tapie
1992, c’est l’année des jeux Olympiques d’Albertville qui se déroulent du 8 au 23 février. La chorégraphie des cérémonies d’ouverture est signée Philippe Découflé. 1992, c’est aussi l’année Tapie qui devient ministre de la Ville, poste qu’il doit quitter le 23 mai lors de sa mise en examen pour abus de biens sociaux – le 28 novembre 1995, il sera condamné à deux ans de prison, dont huit mois fermes, peine accomplie en 1997.
Un malade, drôles d’affaires…
1992, c’est encore, le 11 septembre, l’annonce du cancer de la prostate dont le président Mitterrand est atteint. En réalité, le président souffre d’un cancer depuis son élection en 1981 ! Mais il a décidé qu’il n’en serait jamais question, préférant produire de faux bulletins de santé avec la complicité de son médecin, le docteur Gubler. 1992, c’est enfin le retour des affaires avec l’inculpation de Pierre Botton, gendre de Michel Noir, maire RPR de Lyon ; inculpation également pour le maire PS d’Angoulême, Jean-Michel Boucheron, en fuite en Argentine.
Le suicide de Pierre Bérégovoy, l’homme des berges
Euh… oui !
Timide, le « oui » des Français, le 20 septembre 1992 ! On leur demandait s’ils acceptaient le traité de Maastricht, ville des Pays-Bas où avait été signé le traité européen prévoyant des conditions drastiques pour faire partie de l’Union : limitation à 3 % du déficit public, dette publique limitée à 60 % du PNB. « Oui », quand même, ont répondu 34,36 % des Français, le « non » réunissant 32,95 % des suffrages.
1993 : Édouard Balladur cohabite et privatise
Le Premier ministre, après les législatives de 1993, favorables à la droite, s’appelle Édouard Balladur. Il possède une riche expérience du monde et des fonctions politiques, mais cette expérience ne suffit pas à vaincre la mauvaise humeur qui se déclenche un peu partout en France, et provoque de nombreuses manifestations, dont celles des étudiants en 1994.
Les privatisations, Hue, les étudiants
Les 21 et 28 mars 1993 ont lieu les élections législatives. La droite l’ayant emporté, le président Mitterrand entame une seconde cohabitation, cette fois avec Édouard Balladur qui devient Premier ministre le 29 mars. Une nouvelle série de privatisations est décidée : Elf-Aquitaine, Rhône-Poulenc, BNP, UAP, AGF, etc. L’année suivante, au cours du 28e congrès du parti communiste, du 25 au 28 janvier 1994, Georges Marchais cède son poste de secrétaire général au maire de Montigny-lès-Cormeilles, Robert Hue. Ces nouveautés politiques n’empêchent pas le mécontentement de plusieurs catégories de Français : les marins-pêcheurs d’abord qui défilent dans les rues de Rennes le 4 février 1994 – lançant des fusées dont l’une tombe dans les combles du Parlement de Bretagne qui est la proie des flammes. Les lycéens et étudiants défilent aussi, en mars 1994 : ils protestent contre le projet du CIP – le contrat d’insertion professionnelle – qui permettrait de rémunérer un jeune à 80 % du SMIC. Ce projet qui était proposé par Édouard Balladur doit être retiré.
L’autre Tonton
L’actualité mitterrandienne, en 1994, devient fort sombre : son conseiller François de Grossouvre se suicide, le 7 avril, dans le bureau qu’il occupe au Palais de l’Élysée. Par ailleurs, en septembre, paraît le livre du journaliste Pierre Péan, Une jeunesse française, où le passé du président de la République est révélé, avec l’assentiment de celui-ci. C’est un Mitterrand bien différent du « Tonton » débonnaire et paternaliste des années 80 qui apparaît alors, notamment lorsque son passé vichyste est évoqué. L’ouvrage de Pierre Péan provoque un trouble durable dans une France qui se prépare déjà aux élections présidentielles de 1995.