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Chapitre 25 1995 à 2004 : Jacques Chirac : de Juppé à Raffarin

Dans ce chapitre :

Revivez le premier septennat du président Jacques Chirac

Faites le bilan des cinq années de cohabitation

Informez-vous sur les réformes mises en place le gouvernement Raffarin depuis 2002

Élu président de la République, Jacques Chirac nomme Alain Juppé Premier ministre. Le coup d’envoi de réformes importantes va être donné, provoquant de nombreux mouvements sociaux. En 1997, la dissolution de l’Assemblée nationale ouvre une période de cohabitation de cinq années. La gauche plurielle de Lionel Jospin est celle de la croissance qui culmine en 2000 à 3,9 %. Depuis, elle décroît régulièrement. Le gouvernement Raffarin, installé après la réélection de Jacques Chirac en 2002, tente de la relancer.

1995 : Jacques Chirac, président de la République

Beaucoup d’élections importantes reposent sur une petite phrase. Vous vous souvenez sans doute de « Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du cœur ! » de Valéry Giscard d’Estaing ; vous imaginez sans peine celles qui ont serti les diamants du même Giscard en 1981… En 1995, c’est la grande époque des Guignols de l’Info sur Canal+ – à cette époque, ils sont inspirés, incisifs et drôles : on voit apparaître un Jacques Chirac dont le parti politique est le premier de France, et qui sait que le mois de mai 1995 comblera ses désirs. En attendant, il répète son slogan qui sent bon le verger paisible et la patience végétale : « Mangez des pommes ! » Les pommes, sa force tranquille…

La fracture sociale en action

Le 7 mai 1995, 52,64 % des Français élisent Jacques Chirac président de la République. Lionel Jospin recueille 47,36 % des voix. Au premier tour, les voix s’étaient réparties ainsi : Jospin : 23,30 % ; Chirac : 20,84 ; Balladur : 18,58 % ; Le Pen : 15 % ; Hue : 8,64 % ; Laguiller : 5,30 % ; de Villiers : 4,74 % ; Voynet : 3,32 %. La « fracture sociale », thème majeur de la campagne de Jacques Chirac, va bientôt quitter son statut de formule gagnante pour devenir dans les faits un gigantesque mouvement social – le plus important depuis 1968 – qui concerne surtout le secteur public, en novembre et décembre 1995 : SNCF, RATP, EDF-GDF, La Poste, les enseignants.

Le secteur public en plan

Le Premier ministre Alain Juppé – choisi par Jacques Chirac le 18 mai 1995 – affronte la situation en maintenant le plan de réforme de la Sécurité sociale qui a mis le feu aux poudres. Ce plan prévoit la mise en place d’un régime universel d’assurance maladie, une révision des régimes spéciaux de retraite, l’allongement de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein – allongement progressif de 37,5 à 40 années –, l’imposition des Allocations familiales, la réforme des caisses locales et nationales de sécurité sociale – création d’un conseil de surveillance –, réforme de l’hôpital, etc. Des grèves importantes se déclenchent alors à la SNCF, la RATP, EDF-GDF, La Poste, et dans l’Éducation nationale. Les grandes villes sont paralysées. Mais le mouvement s’épuise et, le 18 décembre 1995, la reprise du travail est générale. La plupart des réformes prévues vont, au fil des années qui suivent, se mettre en place.

Les sans-papiers d’Ababacar

Depuis le 18 mars 1996, des immigrés africains sans papiers ont décidé d’occuper des églises afin de sensibiliser le pouvoir à leurs problèmes. Après avoir été expulsés de l’église Saint-Ambroise dans le IXe arrondissement de Paris, et de quelques autres lieux de culte catholique, ils se retrouvent, en août, réfugiés dans l’église Saint-Bernard dans le XVIIIe arrondissement. C’est là que les forces de l’ordre donnent l’assaut, le 23 août, en forçant les portes à coup de hache afin d’expulser les 220 sans-papiers qui l’occupent. Cette opération, largement médiatisée, crée un malaise considérable. Malgré les efforts de celui qui a pris la tête du mouvement, Ababacar Diop, la régularisation des sans-papiers se révèle lente et difficile au regard d’une législation pleine de contradictions.

1996, c’est aussi

le 27 mars, l’enlèvement de sept moines français au monastère de Tibéhirine en Algérie. Deux mois plus tard, ils sont décapités par des membres du GIA qui les ont enlevés.

Le 28 mai, l’annonce par Jacques Chirac de la suppression du service militaire et de son remplacement par le « rendez-vous citoyen ».

Le 3 juillet : l’interdiction de l’amiante, son action cancérigène étant établie.

Du 19 au 22 septembre, le cinquième voyage de Jean-Paul II en France. Il y célèbre le 1 500e anniversaire du baptême de Clovis.

Le 23 novembre, le transfert des cendres d’André Malraux au Panthéon.

Le 3 décembre, l’attentat dans le RER de Port-Royal, extension à la France de la guerre civile algérienne.

Touvier, Papon, la France face à la collaboration

Cour d’assises de la Gironde, à Bordeaux. 8 octobre 1997 : le procès de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous le régime de Vichy, s’ouvre. Maurice Papon est accusé de crime contre l’humanité : sous le régime de Vichy, numéro deux officiel de la région de Bordeaux, supervisant le service des questions juives, il a ordonné l’arrestation de près de 1 600 Juifs entre 1942 et 1944, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, la plupart déportés à Auschwitz.

Papon est le deuxième Français qui va être jugé pour crime contre l’humanité, le premier étant Paul Touvier, condamné à la réclusion à perpétuité le 20 avril 1994 par la cour d’assises des Yvelines. Paul Touvier, ancien chef du service de renseignements de la milice de Lyon, était accusé de complicité dans l’assassinat de sept otages juifs fusillés par les Allemands, à Rillieux-la-Pape, en juin 1944.

Le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crime contre l’humanité. Il se pourvoit en cassation, et peut ainsi rester en liberté. En octobre 1999, refusant de se présenter à la prison à la veille de sa comparution pour l’examen de son pourvoi en cassation, il prend la fuite pour la Suisse. Retrouvé et arrêté, il est aussitôt emprisonné le 22 octobre.

Trois ans plus tard, le 18 septembre 2002, il est remis en liberté, en raison de son âge – quatre-vingt-douze ans – et de son état de santé, libération qui ne manque pas de susciter de nombreuses polémiques. Désapprouvée par les uns, approuvée par les autres – dont Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel – elle a été rendue possible par une loi votée le 4 mars 2002, précisant que les prisonniers peuvent être libérés s’ils souffrent d’une maladie incurable ou si leur incarcération se révèle dangereuse pour leur santé.

1997 à 2002 : cinq années de cohabitation