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40 années de cotisations

Le 3 avril 2003, les syndicats – sauf la CFDT – organisent une nouvelle manifestation. Le 12 avril, les orientations générales de la réforme sont présentées par le ministère : allongement progressif de la durée de cotisation d’ici 2020, incitations pour que les salariés restent en activité au-delà de 60 ans, modification des règles de calcul des pensions pour les régimes de base ; pour les fonctionnaires la durée de cotisation passera en 2008 de 37,5 à 40 ans.

Pour vous, les salariés

La loi sur la réforme des retraites a été votée le 21 août 2003, et publiée le 22 août au Journal officiel. L’allongement de la durée d’assurance est programmée jusqu’en 2012 en deux étapes :

Jusqu’en 2008, salariés et non-salariés doivent passer de 37,5 années de cotisations à 40 années, à raison de deux trimestres par année, soit 160 trimestres pour les assurés nés en 1948.

Jusqu’en 2012, l’allongement de la durée d’assurance se fait à raison d’un trimestre par an, afin d’atteindre 41 ans, soit 164 trimestres pour ceux qui sont nés en 1952.

Pour vous, les fonctionnaires

Les fonctionnaires peuvent toujours demander la liquidation de leur retraite dès qu’ils ont quinze ans de services effectifs, soit par radiation d’office, soit parce qu’ils ont demandé leur retraite et qu’ils sont âgés de 60 ans, occupant un emploi sédentaire, 55 ans s’ils occupent un emploi actif depuis 15 ans. Les femmes fonctionnaires peuvent prendre leur retraite à n’importe quel âge, dès qu’elles justifient de 15 ans de services et remplissent des conditions d’ordre familial, notamment avoir élevé trois enfants pendant 9 ans, ou être mère de trois enfants. Ce qui change, avec la nouvelle loi, c’est que la durée de cotisation à taux plein passe de 37,5 ans à 40 ans en 2008, à raison de deux trimestres de plus par an.

Les intermittences du spectacle

Le mois de mai 2003 est traversé de grèves à répétition. Le mouvement est particulièrement suivi par les enseignants qui se mobilisent de plus en plus. En juin, rien ne s’arrange : aux manifestations reconduites contre la réforme des retraites s’ajoutent celles des intermittents du spectacle pour la défense de leur régime d’indemnisation du chômage. Ils devront avoir fait 507 heures de travail en dix mois et demi pour les artistes, en dix mois pour les techniciens, au lieu d’un an, afin de prétendre à une indemnisation de huit mois au lieu de douze.

Les abus des sociétés audiovisuelles

Ce nouveau système pousse beaucoup d’artistes sans grandes ressources vers le RMI, alors que les abus constatés dans les sociétés audiovisuelles employant des intermittents dans des conditions précaires se poursuivent. Beaucoup de festivals, de manifestations artistiques sont annulés dans les mois qui suivent. En août, le Centre Georges Pompidou est occupé à Paris. La loi de la réforme de leur statut est cependant votée et mise en application le 1er janvier 2004.

L’été meurtrier

Voici l’été 2003 et son soleil qui se lève de plus en plus chaud, au point que les nuits ne le tempèrent même plus ! Les plages sont envahies, et les rues de l’insouciance pullulent de chapeaux sous lesquels on ne pense presque plus. Pendant ce temps, les prompts secours ne cessent de conduire vers les hôpitaux tous ceux que l’âge a rendu fragiles et que l’air brûlant fait souffrir, fait mourir ! Plus de 15 000 décès supplémentaires vont intervenir en cette période de canicule exceptionnelle. La prise en compte de cette catastrophe se fait tardivement, les mesures prises arrivent après la bataille qu’ont livrée, sans grands moyens, les urgentistes, le personnel des hôpitaux. La rentrée va s’effectuer dans une atmosphère lourde de deuil et de reproche.

Cantonales, régionales : à gauche toutes – ou presque

Les élections cantonales et régionales vont se traduire en mars 2004 par un net changement de cap qui crée quelques surprises.

29 mars 2004 : l’aurore aux doigts de rose

Le printemps 2004 est celui de la fièvre préélectorale : dans chaque camp, on fourbit ses armes pour remporter les élections régionales ou cantonales – seule la moitié de chaque conseil général est renouvelée, l’autre moitié le sera en 2007, année des élections municipales. Le 21 mars, à l’issue du premier tour pour les élections régionales, la gauche totalise 40,24 % des voix auxquelles s’ajoutent les 4,99 % de l’extrême gauche. À droite, les résultats sont les suivants : UMP : 23,3 %, UDF : 11,9 % ; extrême droite : 16,32 %, divers : 3,25 %. Le bélier de la gauche est-il en train d’enfoncer la forteresse de la droite ? Le lundi 29 mars, sur toute la France se lève celle qu’Homère appelait l’aurore aux doigts de rose : le ciel est en effet tout rose sur la ligne d’horizon vers sept heures, l’heure à laquelle les Français prennent conscience que c’est désormais la couleur de leurs conseils régionaux – sauf l’Alsace.

Le PS, premier conseiller général de France

Pour ce qui concerne les élections cantonales, sur 2 034 sièges renouvelés, 834 vont au parti socialiste, 200 aux divers gauche, 108 au parti communiste, 44 aux radicaux de gauche, 4 à l’extrême gauche, 4 à l’extrême droite, 468 à l’UMP, 265 aux divers droite, 68 à l’UDF, et 23 aux divers et inclassables. Le parti socialiste devient ainsi le premier parti de France dans les conseils généraux. Pour la première fois depuis leur création par la Constituante en 1789, certains conseils généraux passent à gauche – ainsi celui de Loire-Atlantique. Au total, dix assemblées départementales de plus passent à gauche – Charente, Charente-Maritime, Cher, Doubs, Drôme, Oise, Saône-et-Loire, Seine-et-Marne, Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine –, la droite ne gagnant que la Corse-du-Sud.

Jean-Pierre Raffarin reconduit dans sa fonction

Peu de surprises dans le nouveau gouvernement dont la composition est annoncée le dernier jour de mars.

Le téléphone sonne…

Au lendemain des élections roses, tout le monde se demande ce que va faire le président de la République : dissoudre l’Assemblée nationale ? Changer de gouvernement ? La réponse est rapide : Jean-Pierre Raffarin qui est venu présenter la démission de son gouvernement est reconduit dans ses fonctions. Aussitôt, le traditionnel ballet des limousines aux vitres teintées commence à Matignon. L’arrondi des virages s’efforce de mimer les temps forts des films d’espionnage où la gomme sur l’asphalte pousse son cri d’orfraie… Les téléphones sonnent, ou ne sonnent pas…

31 mars 2004 : Sarkozy aux Finances, Fillon à l’éducation

Finalement, à dix-neuf heures trente, le 31 mars 2004, la composition du nouveau gouvernement est annoncée : Nicolas Sarkozy devient ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie ; François Fillon, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ; Dominique de Villepin, ministre de l’Intérieur, Jean-Louis Borloo de l’Emploi, Michel Barnier des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy à la Santé, Dominique Perben demeure à la Justice, Michèle Alliot-Marie à la Défense, Jean-François Lamour à la Jeunesse et aux Sports.