Les galeries de Catherine
Catherine de Médicis, la reine, épouse de feu Henri II, reprend le château, y fait de fréquents séjours – visitez son cabinet vert, une petite merveille ! Elle fait élever sur toute la longueur du pont (soixante mètres) une galerie à double étage. Des fêtes somptueuses, des bals magnifiques y sont donnés. Le temps de la tristesse vient ensuite : Louise de Lorraine, qui avait reçu de Catherine le château de Chenonceaux en héritage, va pleurer jusqu’à la fin de sa vie la tragique disparition de son époux Henri III, assassiné par le moine Jacques Clément. Sur le Cher, ne manquez pas la promenade en barque ! Dans le reflet des frondaisons sur les eaux tranquilles apparaîtront, dans votre rêverie, les visages apaisés des dames du temps passé.
Azay-le-Rideau : le rêve de verdure
Vers 1200, entre Tours et Chinon, au milieu d’une magnifique forêt, le seigneur de Ridel, armé chevalier par Philippe Auguste, fit bâtir un puissant château au lieu-dit Azay. En 1418, en pleine lutte entre les Armagnacs et les Bourguignons, Charles VII est conspué, alors qu’il est de passage à Azay, par la garnison bourguignonne ! La vengeance est terrible : le château est assiégé, investi puis brûlé ! Les 400 soldats qu’il abrite sont exécutés ! Cette répression demeure dans le nom même du lieu jusqu’au XVIIIe siècle : Azay-le-Brûlé.
Le château actuel a été construit entre 1518 et 1527, sur une petite île de l’Indre. Il est l’œuvre du couple Berthelot : tourelles d’angle en surplomb, hautes cheminées, toit élevé, chemin de ronde à mâchicoulis (en avancée par rapport à la muraille, afin de « mâcher le cou » des ennemis). Philippa Lesbahy, l’épouse, l’a rêvé, Gilles, le mari, l’a fait – payé plus exactement… En 1528, François Ier qui le trouve à son goût le confisque et l’offre à l’un de ses compagnons d’armes au retour d’Italie : Antoine Raffin. Le château appartient ensuite à plusieurs propriétaires. Il est racheté par l’État en 1905. Si vous allez le visiter, prenez la précaution, avant, de commencer à lire un conte de fées : il y trouvera tout naturellement sa place.
Saumur : le rêve aérien
Étonnant, le château de Saumur : de loin, on le dirait en suspension dans l’air, ou du moins, pris dans une sorte de lévitation qui l’absout de toutes les pesanteurs terrestres. Construit, détruit, reconstruit, détruit de nouveau, l’édifice a tourné les pages turbulentes de son histoire jusqu’à la fin du XIVe siècle où le duc d’Anjou lui donne son assise actuelle. Tel il fut dessiné dans les riches heures du duc de Berry, tel vous pouvez l’admirer aujourd’hui. Il eut même l’allure d’un vrai château de conte de fées au début du XVe siècle : ses toits étaient recouverts d’or ! Il est fortifié au XVIe siècle par Duplessy-Mornay, juriste et diplomate surnommé le « pape des huguenots ».
Le château devient ensuite la résidence des gouverneurs de Saumur sous Louis XIV et Louis XV. Depuis, il a servi de prison et de caserne. Aujourd’hui, il abrite deux musées : celui des Arts décoratifs, et celui du cheval, musées hélas fermés depuis la nuit du 20 au 21 avril 2001, lorsque s’est effondré le rempart nord. Ils seront de nouveau ouverts en 2006 ou 2007, et vous pourrez alors emprunter l’escalier à double révolution situé dans la tour nord, datant du XIVe siècle, et qui vous conduira près des toits d’où vous découvrirez un paysage à couper le souffle. Notez déjà cela dans votre agenda…
Cheverny : le rêve du capitaine
Feuilletez Tintin, la bande dessinée qui met en scène le reporter en pantalon de golf imaginé par Georges Rémi, dit Hergé (R.G., ses initiales) ; voyez-vous le château de Moulinsart ? Eh bien, c’est Cheverny sans ailes ! Hergé s’est en effet inspiré du château de Cheverny afin de constituer à l’un de ses personnages, le capitaine Haddock, un héritage qui lui vient de son ancêtre récompensé par Louis XIV ! Le nom, Moulinsart, vient de l’inversion des syllabes d’un village du Brabant wallon : Sart-Moulin. Le château de Cheverny, situé à quinze kilomètres de Blois, dans le Loir-et-Cher, a été bâti entre 1624 et 1634 par le comte Hurault dont la famille est établie à Cheverny, sans discontinuer, depuis 1338 !
Il est construit en pierre de Bourré dont la propriété est de blanchir avec le temps, ses toits sont en ardoise. La Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, l’appelait « le Palais enchanté ». À l’époque où il fut construit, on s’efforçait de montrer que la guerre était loin, et qu’on avait confiance en la paix en ne construisant pas de remparts ! Cette pure merveille dont l’intérieur vous éblouira – sculptures, marbres, lambris polychromes, dorures, meubles somptueux, tableaux rares – comporte une exposition permanente des aventures de Tintin : « Les secrets de Moulinsart ». Elle est présentée dans l’ancienne forge du château.
Blois : le vertige de Marie
Le château de Blois est une encyclopédie de l’histoire en quatre tomes… Bâti sur un promontoire au-dessus de la Loire, dans le Loir-et-Cher, il est d’abord habité par les comtes de Blois dont le dernier vend à Louis d’Orléans tous ses domaines. Celui-ci est assassiné à Paris sur l’ordre de Jean sans Peur. Sa veuve, Valentine Visconti, vient se retirer dans la propriété de son feu mari où elle meurt deux ans plus tard, ayant logé son chagrin dans cette devise d’amertume gravée sur les murs : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien. » Charles d’Orléans, revenu en France en 1440, après avoir été prisonnier en Angleterre, y tient sa cour où il reçoit Villon, et s’y remarie avec Marie de Clèves – elle a quatorze ans, il en a cinquante !
Louis XII, leur fils, successeur de Charles VIII dans le cœur des Français et dans celui d’Anne de Bretagne, choisit Blois pour résidence royale. Louis et Anne en profitent pour transformer le château, l’agrandir et l’embellir. Puis, François Ier y séjourne ; il y fait construire la façade des Loges, en 1515, et son escalier. En 1588, Henri de Guise qui espérait devenir roi de France y est assassiné sur l’ordre du… roi de France Henri III (qui sera assassiné l’année suivante !). Marie de Médicis, mère de Louis XIII qui l’y avait fait enfermer, s’en évade par une échelle le 22 février 1619, malgré un terrible vertige ! Gaston d’Orléans, membre actif de la Fronde contre Mazarin, y meurt en 1660.
Chapitre 28 Les dix grands inventeurs français
Dans ce chapitre :
Vous preniez le mot Ampère pour un nom commun ? Vous ne connaissiez pas Denis Papin ? Vous ignoriez que les Montgolfier inventèrent la montgolfière, que ceux qui inventèrent le cinéma étaient vraiment des Lumière ? Dans ce chapitre 28, allez de découverte en découverte !
Denis Papin : à toute vapeur !
Denis Papin est né à Blois le 22 août 1647. Après des études de médecine à Angers, ce protestant découvre les possibilités de la vapeur d’eau. Mais la révocation de l’édit de Nantes en 1685 l’oblige à s’exiler en Angleterre, puis en Allemagne. C’est là, à Kassel, qu’il va faire naviguer son premier bateau à vapeur encore rudimentaire, mais suffisamment porteur de promesses pour que les bateliers, se sentant menacés dans leur avenir, le détruisent à coup de pioche, de scie et de marteau ! Il invente aussi un cuiseur à pression (l’ancêtre de la cocotte-minute)