Le Jardin des Plantes : le souffle de Buffon
En 1635, un édit du roi Louis XIII crée le Jardin royal des plantes médicinales. Ouvert au public dès 1640. Les Parisiens vont pouvoir y contempler des plantes rapportées du monde entier par des explorateurs et botanistes tel Joseph de Jussieu (1704 - 1779) qui parcourt le Pérou et l’Équateur. Son frère Bernard rapporte en 1734 deux pieds de cèdres du Liban, non pas dans son chapeau comme le veut la légende mais dans un pot… qui tombe à terre et se brise quelques mètres avant le lieu de son implantation dans le Jardin royal ; les plants terminent quand même le trajet en chapeau ! Le naturaliste Buffon (1707 - 1788) contribue à l’essor du Jardin du roi en faisant construire l’amphithéâtre, le belvédère et les galeries. C’est Bernardin de Saint-Pierre (1737 - 1814) – l’écrivain, auteur de Paul et Virginie – qui en est nommé intendant à la Révolution. Le Jardin royal devient le Muséum d’Histoire naturelle le 10 juin 1793. Aujourd’hui il porte le nom de Jardin des Plantes.
Notre-Dame de Paris : à chœur ouvert
Elle fut commencée en 1163 et vraiment terminée en 1300 ! Elle a abrité quantité de grandes heures de l’Histoire de France : Saint-Louis y a déposé la couronne d’épines du Christ avant son transfert à la Sainte-Chapelle. Philippe le Bel y a ouvert les premiers états généraux du royaume. Le maréchal de Luxembourg – un moment mêlé à l’affaire des poisons – est envoyé guerroyer par Louis XIV en Flandres. Il s’y couvre de gloire et rapporte tant de drapeaux ennemis qu’il acquiert le surnom de « tapissier de Notre-Dame ». La démolition de Notre-Dame fut décidée à la Révolution. En sursis, elle devint entrepôt pour le fourrage, les vivres, et même écurie ! Ses cloches ont été fondues – sauf le gros bourdon –, ses statues brisées. Elle a failli brûler pendant la Commune, elle a risqué la destruction pendant la Libération. Mais elle est toujours là, debout devant les siècles – et dans le roman de Victor Hugo. Notre-Dame de Paris ! Depuis plus de 800 ans, le chœur toujours ouvert…
Sacré-Cœur : sacrée foi !
Soixante-dix-huit projets présentés, exposés sur les Champs-Élysées en 1874 – avec un dôme pour la plupart – un seul retenu, celui qui a été réalisé sur la Butte Montmartre : le Sacré-Cœur ! La construction d’un monument destiné à installer dans les mémoires que la France avait été battue par les Prussiens et que, tôt ou tard, Dieu aiderait les Français – emplis de foi – à prendre leur revanche, fut décidée dès 1870, en pleine occupation prussienne. La première pierre fut posée le 16 juin 1875. Sa construction engloutit des sommes considérables, notamment dans les fondations composées de 83 piliers enfoncés à 33 mètres et reliés entre eux par de solides armatures – travaux bien plus importants que prévu ! La basilique ne fut complètement achevée qu’en juillet 1914 ; sa consécration était prévue le 17 octobre de la même année. Mais, le 2 août, les Français partaient – pour quatre ans et 1 350 000 morts – à la reconquête du terrain perdu en 1870 : l’Alsace et la Lorraine…
Le Panthéon : aux grands hommes – et grandes femmes !
Rappelez-vous Louis XV, malade à Metz en août 1744, au point qu’il est contraint par les dévots de confesser à toute la France ses péchés ! Et son vœu, s’il guérissait, de remplacer la vieille église Sainte-Geneviève par un édifice digne de ce nom ! Eh bien cet édifice, vous l’avez devant les yeux lorsque vous regardez le Panthéon. Ce monument où reposent les grands hommes – et les grandes femmes… – auxquels la patrie est reconnaissante, est en effet la nouvelle église Sainte-Geneviève, construite par Soufflot à partie de 1758. Trop vaste pour l’époque – 110 mètres de long, 84 de large et 83 de haut – il souffre, dès que ses murs sortent de terre, de mouvements du sol, et son architecte est discrédité. Terminé par Rondelet, élève de Soufflot, l’église Sainte-Geneviève est transformée en 1791 en temple républicain où sont accueillis les restes de Voltaire et de Rousseau. On y a installé Victor Hugo à sa mort en 1885. Des femmes ? Oui, elles sont deux (c’est tout !) : Sophie Berthelot en 1907, et Marie Curie en 1995. En visitant la crypte du Panthéon, on remarque que de nombreuses places sont inoccupées. Vous qui lisez ce livre d’histoire de France, pensez-y…
La tour Montparnasse : 120 000 tonnes debout
Construite en quatre ans, de 1969 à 1973, la tour Montparnasse culmine à 209 mètres. De son cinquante-neuvième étage, on découvre la capitale dans son ensemble ou certains de ses détails – tout près, par exemple, dans le cimetière du même nom, on peut apercevoir les tombes de Baudelaire, Maupassant, Gainsbourg… Elle va chercher son assise à 70 mètres de profondeur, afin que ses 120 000 tonnes se tiennent bien droit !
Le Louvre : il était une fois, les loups…
« Les loups sont entrés dans Paris »… En des temps où Serge Reggiani n’existait pas pour chanter cette chanson, les loups entraient vraiment dans Paris, par temps de grande famine et de grands froids ! Il fallait donc entretenir des meutes capables de les chasser. Lorsque Philippe Auguste décide de construire une muraille pour clore la ville aux modestes dimensions vers 1200, elle passe sur l’emplacement d’un ancien chenil de limiers spécialisés dans la chasse au loup, le lieu ayant conservé le nom de lupara – chasse au loup –, devenu le Louvre. Le Louvre de Philippe Auguste n’occupe qu’un emplacement restreint, marqué dans la cour carrée (celle-ci date du XVIe siècle) par un dallage spécial. Sans cesse en travaux d’agrandissement au cours des siècles, le Louvre a bénéficié des apports de François Ier, Henri II, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV – la colonnade qui date du XVIIIe siècle est l’œuvre, notamment, du frère du conteur Charles Perrault –, Napoléon Ier, Louis XVIII, et surtout Napoléon III. Le Grand Louvre de François Mitterrand – et sa pyramide de verre –, décidé en 1981, est inauguré en 1993.
La Tour Eiffel : 210 485 130 visiteurs !
Certes, vous avez déjà fait sa connaissance p. 538. Mais peut-on imaginer la passer sous silence dans un chapitre consacré aux grands monuments de la capitale ? Voulez-vous des chiffres ? Sa hauteur totale avec antenne : 324 m. Son poids total : 10 100 tonnes. Le nombre de rivets qui la font tenir debout : 2 500 000. Le nombre de pièces métalliques qui la composent : 18 038. Le temps qu’il a fallu pour la construire : 2 ans, 2 mois, 5 jours, entre 1887 et 1889. Le nombre de visiteurs qu’elle a reçus depuis sa construction : 210 485 130. Le nombre de visiteurs en 2003 : 6 103 978. Le nombre de visiteurs qui l’ont regardée sans y monter : on ne sait pas… Le nombre de marches jusqu’à son sommet (ainsi, le connaissant, vous ferez seulement semblant de les compter…) : 1665. Repeinte dix-sept fois - environ une fois tous les sept ans ; elle est passée du brun-rouge à l’ocre jaune et, aujourd’hui, au bronze - elle réclame 60 tonnes de peinture pour se refaire une beauté, peinture appliquée par 25 peintres, du haut en bas, pendant une année. Avez-vous remarqué, sur la frise des quatre façades de la tour, le nom de soixante-douze savants auxquels Eiffel voulut rendre hommage ; on y trouve Ampère, Lavoisier, Becquerel, Arago, Monge, Daguerre, Cuvier, Bichat… Un dernier chiffre ? A vous de le trouver : depuis combien de temps n’y êtes-vous pas monté ?...