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? (Question silencieuse, signifiant qu’il était prêt à recevoir.)

! (Un sentiment d’excitation qui ne faiblissait pas, jour après jour, impliquant que le vaisseau fonctionnait à la perfection, et que les espoirs de succès de la mission étaient encore très vifs.)

Et ensuite :

… Les méchants hommes s’inclinèrent craintivement devant le télépathe qui pouvait-tout-voir et scruter-à-travers-les-murs tandis qu’il arrachait les tendeurs de pièges hypnotiques de l’esprit de…

QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA ? Terre, est-ce que vous êtes en train de capter la télé, Nom de Dieu ?

… La malheureuse jeune fille prisonnière de l’horrible forteresse dans laquelle elle devait passer sa vie entière, sans parler à personne…

Allô ! Seigneur, c’est comme de recevoir un coup de…

… Pleurant à présent de soulagement car son méchant père n’est qu’un parent adoptif et son sauveur…

VAISSEAU MARS, INTERRUPTION, INTERRUPTION, INTERRUPTION – parlez plus tard – ceci est un programme de divertissement et à la tournure que ça prend il y aura un groupe catapathique avant que nous sachions où nous sommes et…

… L’arrachant à la prison pour l’emporter dans un monde lumineux de soleil, sans malheur…

… et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un esprit pareil ! Pour l’amour du ciel, ne sentez-vous pas cette puissance ? C’est incroyable !

Du vaisseau de Mars (avec une intonation d’assentiment) :

Où est-il ? Sur terre ? Où (ville) Où (rue) ?

N’importe où sur l’hémisphère visible, je suppose ! Nous devons le trouver avant que…

Et le communicateur tambourinait sur la paroi de la chambre d’isolement, et il cria :

— Laissez-moi sortir d’ici ! Vite !

VIII

Il se passait quelque chose, à l’extérieur, dans le monde réel ; un peu plus tôt, la ville avait été quadrillée par le vrombissement d’avions qui filaient et pirouettaient, allaient et venaient dans un vacarme continu, toujours à portée d’oreille ; et à présent, c’étaient des hélicoptères qui bourdonnaient sous la couverture basse et grise des nuages. Une pluie froide et fine tombait sur l’étendue semée de décombres de l’entrepôt en ruine, formant des lacs et des rigoles miniatures que la poussière de brique teintait de rouge. Howson décida qu’il ne s’intéressait pas au monde extérieur. D’ailleurs c’était une journée sinistre. Mieux valait se blottir à l’abri et laisser son imagination vagabonder.

Bizarrement, cependant, il lui devenait plutôt difficile de se perdre dans ses rêveries. Des idées désagréables, qu’il ne parvenait pas à réprimer, venaient le distraire. Ennuyé, il considéra les explications évidentes : la faim, le froid, les images disharmonieuses de l’esprit de la fille qui venaient se heurter aux siennes.

Mais ils avaient bien mangé pendant la nuit, et le petit feu sur lequel ils avaient fait un ragoût était encore allumé et rendait confortable leur abri rudimentaire. Et l’esprit de la fille n’émettait pas de questions s’écartant de son lien avec lui ; c’était une auditrice incroyablement passive, se plaisant à tout effacer de sa conscience à l’exception des visions que Howson pouvait créer.

Et pourtant les images dérangeantes persistaient, à l’extrême limite de la conscience, et elles étaient si fugaces que le fait même de diriger son attention vers elles les altéraient. Il lui sembla pendant quelques secondes qu’il pensait : Ceci est puéril ; pourquoi ne pas partir et apprendre à utiliser correctement mes talents ? Puis, comme il essayait d’effacer cette pensée : Ceci est dangereux ; je dois oublier mon corps et jeûner lorsque je rêve éveillé. Et à la colère contre cette pensée – Est-ce important ? – Il riposta : Mourir sans avoir connu la chaleur de l’amitié télépathique ?

Il suffoqua, ouvrit les yeux et s’assit dans un sursaut. Le mouvement arracha une douleur aux muscles raidis de son dos. À son côté, la fille poussa un gémissement lorsqu’il rompit le contact. Il n’en tint aucun compte, se mit sur ses pieds et plongea à travers l’ouverture masquée par un vieux sac.

Dehors il bruinait ; un voile recouvrait les bâtiments voisins, suffisamment serré pour qu’il lui fût impossible de regarder en l’air. L’eau, salie par les fumées de la ville et la poussière, pénétra dans ses yeux et l’aveugla. D’ailleurs ce qu’il cherchait à voir était caché derrière les nuages.

Caché ! Comment pouvait-il, lui, se cacher ?

La dernière pensée perturbante, celle qui l’avait dressé sur ses pieds, ne provenait ni de la fille ni de lui-même. Derrière la simple mise en forme verbale, il y avait des couches successives d’expérience mémorielle, provenant d’un télépathe parfaitement entraîné et doté d’un extraordinaire pouvoir. Il n’avait pas besoin d’un savoir préalable pour capter cela. Le message contenait sa propre identification.

Ils étaient donc après lui – lui qui ne pouvait courir et n’avait pas encore appris à oblitérer ses projections.

Le bourdonnement des hélicoptères martelait ses oreilles, et la pluie l’aveuglait. Sans réfléchir, il se retrouva titubant à travers le terrain inégal ; une motte de boue glissa sous son pied, et il s’étala dans une flaque. Ignorant la pluie et la saleté, il se releva, poursuivi par la voix informe de la fille, sentant que les chasseurs l’avaient localisé, souhaitant à cet instant que le vrombissement des hélicoptères à forme d’insecte traverse la voûte grise des nuages et qu’ils fondent sur lui comme des vautours encerclant un explorateur égaré.

Et l’un d’eux fut là ! Cherchant l’air, titubant, il se retourna, glissant et dérapant, cherchant à agripper tout ce qu’il rencontrait pour éviter de tomber de tout son long. Un coup de vent vertical le frappa au sommet de la tête, précipitant les gouttes de pluie, semblable à un coup de feu, tandis que l’hélicoptère le survolait et s’immobilisait. La traînée du rotor forma autour de lui une cage aux barreaux de pluie.

Télépathe, pourquoi as-tu peur ?

La voix silencieuse arriva dans sa tête comme un vent frais et propre, et ce fut comme un œil de calme au milieu de la tempête de bruit et de peur. Elle l’encourageait à accepter ce qui se passait. Un instant il fut trop saisi pour résister à l’intrusion ; ce n’était pas une image mentale qu’il avait captée par hasard dans un esprit passif, c’était une projection délibérée, avec une technique nourrie d’années d’entraînement. Puis le deuxième hélicoptère surgit dans son champ visuel et Howson puisa de la force dans sa terreur.

NON NON NON LAISSEZ-MOI TRANQUILLE !

Il déchargea sa pensée au hasard et l’hélicoptère au-dessus de lui réagit comme s’il avait été mitraillé. Son nez plongea, il embarqua et glissa sur le sol nu, il tressauta follement comme son train percutait le mur de l’entrepôt en ruine et la machine pivota autour du point d’impact. L’engin dégringola sur le côté dans un empilement de gravats, les pales se brisèrent comme des branches mortes et le moteur s’étouffa instantanément.

Incrédule, Howson vit l’accident, osant à peine admettre qu’il pouvait en être responsable. Il savait pourtant qu’il l’était. Il en avait ressenti le choc aveuglant dans l’esprit du pilote à l’instant où tous les réflexes de l’homme se perturbaient. Et il avait chassé hors de lui la voix mentale du télépathe, et à l’endroit où le lien s’était établi, il y avait dans son esprit comme une brûlure.