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[71] Règle neuvième: «Qu’aucun chevalier ne se plaigne d’aucune blessure qu’il ait reçue.» (MARQUEZ, Tesoro militar de cavalleria).

[72] Cervantès divisa la première partie du Don Quichotte en quatre livres fort inégaux entre eux, car le troisième est plus long que les deux premiers, et le quatrième plus long que les trois autres. Il abandonna cette division dans la seconde partie, pour s’en tenir à celle des chapitres.

[73] Ainsi ce fut le sage Alquife qui écrivit la chronique d’Amadis de Grèce; le sage Friston, l’histoire de don Bélianis; les sages Artémidore et Lirgandéo, celle du chevalier de Phœbus; le sage Galténor, celle de Platir, etc.

[74] Ou cette plaisanterie, fort heureusement placée par Cervantès en cet endroit, avait cours de son temps, même hors de l’Espagne, ou Shakespeare et lui l’ont imaginée à la fois. On lit, dans les Joyeuses bourgeoises de Windsor (acte II, scène II):

FALSTAF

Bonjour, ma bonne femme.

QUICKLY

Plaise à Votre Seigneurie, ce nom ne m’appartient pas.

FALSTAF

Ma bonne fille, donc.

QUICKLY

J’en puis jurer; comme l’était ma mère quand je suis venue au monde.

[75] Cervantès veut parler de l’hébreu, et dire qu’il aurait bien trouvé quelque juif à Tolède.

[76] On a donné le nom de Morisques aux descendants des Arabes et des Mores restés en Espagne après la prise de Grenade, et convertis par force au christianisme. Voyez, à ce sujet, mon Histoire des Arabes et des Mores d’Espagne, t. I, chap. VII.

[77] Pour accommoder son livre à la mode des romans de chevalerie, Cervantès suppose qu’il fut écrit par un More, et ne se réserve à lui-même que le titre d’éditeur. Avant lui, le licencié Pedro de Lujan avait fait passer son histoire du chevalier de la Croix pour l’œuvre du More Xarton, traduite par un captif de Tunis.

L’orientaliste don José Conde a récemment découvert la signification du nom de ce More, auteur supposé du Don Quichotte. Ben-Engéli est un composé arabe dont la racine, iggel ou eggel, veut dire cerf, comme Cervantès est un composé espagnol dont la racine est ciervo. Engéli est l’adjectif arabe correspondant aux adjectifs espagnols cerval ou cervanteño. Cervantès, longtemps captif parmi les Mores d’Alger, dont il avait appris quelque peu la langue, a donc caché son nom sous un homonyme arabe.

[78] Au contraire, c’est la seule fois que Sancho soit nommé Zancas. Il est presque superflu de dire que Panza signifie panse, et Zancas, jambes longues et cagneuses.

[79] Cervantès fait sans doute allusion au nom de chien que se donnaient réciproquement les chrétiens et les Mores. On disait en Espagne: Perro moro.

[80] La Santa Hermandad, ou Sainte Confrérie, était une juridiction ayant ses tribunaux et sa maréchaussée, spécialement chargée de la poursuite et du châtiment des malfaiteurs. Elle avait pris naissance dès le commencement du treizième siècle, en Navarre, et par des associations volontaires; elle pénétra depuis en Castille et en Aragon, et fut complètement organisée sous les rois catholiques.

[81] Ou Fier-à-Bras. «C’était, dit l’Histoire de Charlemagne, un géant, roi d’Alexandrie, fils de l’amiral Balan, conquérant de Rome et de Jérusalem, et païen ou Sarrasin. Il était grand ennemi d’Olivier, qui lui faisait des blessures mortelles; mais il en guérissait aussitôt en buvant d’un baume qu’il portait dans deux petits barils gagnés à la conquête de Jérusalem. Ce baume était, à ce qu’on croit, une partie de celui de Joseph d’Arimathie (qui servit à embaumer le Sauveur). Mais Olivier, ayant réussi à submerger les deux barils au passage d’une profonde rivière, vainquit Fier-à-Bras, qui reçut ensuite le baptême et mourut converti, comme le rapporte Nicolas de Piamonte.» (Historia de Carlo Magno, cap. VIII et XII.)

[82] Orlando furioso, canto XVIII, CLXI, etc.

[83] Voici le serment du marquis de Mantoue, tel que le rapportent les anciens romances composés sur son aventure: «Je jure de ne jamais peigner mes cheveux blancs ni couper ma barbe, de ne point changer d’habits ni renouveler ma chaussure, de ne point entrer en lieux habités ni ôter mes armes, si ce n’est pour une heure, afin de me laver le corps, de ne point manger sur nappe ni m’asseoir à table, jusqu’à ce que j’aie tué Charlot, ou que je sois mort dans le combat…»

[84] Dans le poëme de Boyardo, le roi de Tartarie, Agrican, vient faire le siége d’Albraque avec une armée de deux millions de soldats, qui couvrait quatre lieues d’étendue. Dans le poëme de l’Arioste, le roi Marsilio assiége la même forteresse avec les trente-deux rois ses tributaires et tous leurs gens d’armes.

[85] Royaumes imaginaires cités dans l’Amadis de Gaule.

[86] Il peut être curieux de comparer cette description de l’âge d’or avec celles qu’en ont faites Virgile, dans le premier livre des Géorgiques, Ovide, dans le premier livre des Métamorphoses, et le Tasse, dans le chœur de bergers qui termine le premier acte de l’Aminta.

[87] Presque tous les instituts de chevalerie adoptèrent la même devise. Dans l’ordre de Malte, on demandait au récipiendaire: «Promettez-vous de donner aide et faveur aux veuves, aux mineurs, aux orphelins et à toutes les personnes affligées ou malheureuses?» Le novice répondait: «Je promets de le faire avec l’aide de Dieu.»

[88] Rabel, espèce de violon à trois cordes, que l’on connaissait en Espagne dès les premières années du quatorzième siècle, car l’archiprêtre de Hita en fait mention dans ses poésies.

[89] Il y a dans l’original «… Plus que sarna (la gale)» pour Sara, femme d’Abraham. Don Quichotte répond ensuite: «Sarna vit plus que Sara.» Ces jeux de mots ne pouvaient être traduits.

[90] Il est dit, au chapitre XCIX du roman d’Esplandian, que l’enchanteresse Morgaïna, sœur du roi Artus, le tenait enchanté, mais qu’il reviendrait sans faute reprendre un jour le trône de la Grande-Bretagne. Sur son sépulcre, au dire de don Diégo de Véra (Epitome de los imperios), on avait gravé ce vers pour épitaphe:

HIC JACET ARTURUS, REX QUONDAM, REXQUE FUTURUS,