[141] On trouve dans le vieux code du treizième siècle, appelé Fuero Juzgo, des peines contre ceux qui font tomber la grêle sur les vignes et les moissons, ou ceux qui parlent avec les diables, et qui font tourner les volontés aux hommes et aux femmes. (Lib. VI, tit. II, ley 4.) Les Partidas punissent également ceux qui font des images ou autres sortilèges, et donnent des herbes pour l’amourachement des hommes et des femmes. (Part. VII, tit. XXIII, ley 2 y 3.)
[142] Ce célèbre petit livre, qui parut en 1539, et qu’on croit l’ouvrage de don Diego Hurtado de Mendoza, ministre et ambassadeur de Charles-Quint, mais qui a peut-être pour auteur le moine Fray Juan de Ortega, est le premier de tous les romans qui composent ce que l’on nomme en Espagne la littérature picaresque. J’en ai publié l’histoire et la traduction dans l’édition illustrée de Gil Blas, comme introduction naturelle au roman de Lesage.
[143] L’auteur de Guzman d’Alfarache, Mateo Aleman, dit de son héros: «… Il écrit lui-même son histoire aux galères, où il est forçat à la rame, pour les crimes qu’il a commis…»
[144] Amadis de Gaule, ayant vaincu le géant Madraque, lui accorde la vie, à condition qu’il se fera chrétien, lui et tous ses vassaux, qu’il fondera des églises et des monastères, et qu’enfin il mettra en liberté tous les prisonniers qu’il gardait dans ses cachots, lesquels étaient plus de cent, dont trente chevaliers et quarante duègnes ou damoiselles.
Amadis leur dit, quand ils vinrent lui baiser les mains en signe de reconnaissance: «Allez trouver la reine Brisena, dites-lui comment vous envoie devant elle son chevalier de l’Île-Ferme, et baisez-lui la main pour moi.» (Amadis de Gaule, livre III, chap. LXV.)
[145] On appelle en Espagne sierra (scie) une cordillère, une chaîne de montagnes. La Sierra-Morena (montagnes brunes), qui s’étend presque depuis l’embouchure de l’Èbre jusqu’au cap Saint-Vincent, en Portugal, sépare la Manche de l’Andalousie. Les Romains l’appelaient Mons Marianus.
[146] La Sainte-Hermandad faisait tuer à coups de flèches les criminels qu’elle condamnait, et laissait leurs cadavres exposés sur le gibet.
[147] Il paraît que Cervantès ajouta après coup, dans ce chapitre, et lorsqu’il avait écrit déjà les deux suivants, le vol de l’âne de Sancho par Ginès de Passamont. Dans la première édition du Don Quichotte, il continuait, après le récit du vol, à parler de l’âne comme s’il n’avait pas cessé d’être en la possession de Sancho, et il disait ici: «Sancho s’en allait derrière son maître, assis sur son âne à la manière des femmes…» Dans la seconde édition, il corrigea cette inadvertance, mais incomplètement, et la laissa subsister en plusieurs endroits. Les Espagnols ont religieusement conservé son texte, et jusqu’aux disparates que forme cette correction partielle. J’ai cru devoir les faire disparaître, en gardant toutefois une seule mention de l’âne, au chapitre XXV. L’on verra, dans la seconde partie du Don Quichotte, que Cervantès se moque lui-même fort gaiement de son étourderie, et des contradictions qu’elle amène dans le récit.
[148] Témoin celle d’Amadis de Gaule:
Leonoreta sin roseta
Blanca sobre toda flor,
Sin roseta no me meta
En tal culpa vuestro amor, etc.
(Livre II, chap. LIV.)
[149] Carta signifie également lettre et charte; de là la question de Sancho.
[150] Coleto de ambar. Ce pourpoint parfumé se nommait en France, au seizième siècle, collet de senteur, ou collet de fleurs. (Voy. Montaigne, livre I, chap. XXII, et les notes.)
[151] Personnages de la Chronique de don Florisel de Niquea, par Féliciano de Silva.
[152] Chirurgien d’Amadis de Gaule.
[153] Voyez la note 146 du chap. XXIII.
[154] Amadis de Gaule, chap. XXI, XL et suivants.
[155] On peut voir, dans l’Amadis de Gaule (chap. LXXIII), la description d’un andriaque né des amours incestueux du géant Bandaguido et de sa fille.
[156] Orlando furioso, chants XXIII et suivants.
[157] Imitation burlesque de l’invocation d’Albanio dans la seconde églogue de Garcilaso de la Vega.
[158] Orlando furioso, chant IV, etc.
[159] In inferno nulla est redemptio.
[160] Les poëtes, cependant, n’ont pas toujours célébré d’imaginaires beautés, et, sans recourir à la Béatrix du Dante ou à la Laure de Pétrarque, on peut citer, en Espagne, la Diane de Montemayor et la Galathée de Cervantès lui-même.
[161] Il est sans doute inutile de faire observer que, pour augmenter le burlesque de cette lettre de change, don Quichotte y emploie la forme commerciale.
[162] Expression espagnole pour dire: Elle me porterait respect.
[163] C’est Thésée que voulait dire don Quichotte.
[164] C’était Ferragus, qui portait sept lames de fer sur le nombril. (Orlando furioso, canto XII.)
[165] Orlando furioso, canto XXIII.
[166] Phaéton.
… Currus auriga paterni,
Quem si non tenuit, magnis tamen excidit ausis.
(Ovid., Met., lib. II.)
[167] Ces strophes sont remarquables, dans l’original, par une coupe étrange et par la bizarrerie des expressions qu’il fallait employer pour trouver des rimes au nom de don Quichotte: singularités entièrement perdues dans la traduction.
[168] À la manière de l’archevêque Turpin, dans le Morgante maggiore de Luigi Pulci.
[169] Roi goth, détrôné en 680, et dont le nom est resté populaire en Espagne.
[170] Comme le plus grand charme des trois strophes qui suivent est dans la coupe des vers et dans l’ingénieux arrangement des mots, je vais, pour les faire comprendre, transcrire une de ces strophes en originaclass="underline"