Выбрать главу

[197] On portait alors, surtout en voyage, des masques (antifaces) faits d’étoffe légère, et le plus souvent de taffetas noir.

[198] Lella, ou plutôt Étella, veut dire en arabe, d’après l’Académie espagnole, l’adorable, la divine, la bienheureuse par excellence. Ce nom ne se donne qu’à Marie, mère de Jésus. Zoraïda est un diminutif de zorath, fleur.

[199] Macange est un mot turc corrompu (angé mac), qui veut dire nullement, en aucune façon.

[200] Ainsi, au dire de don Quichotte, Cicéron, avec son adage cedant arma togœ, ne savait ce qu’il disait.

[201] Le mot letras, transporté de l’espagnol au français, produit une équivoque inévitable. Dans la pensée de Cervantès, les lettres divines sont la théologie, et les lettres humaines, la jurisprudence, ce que l’on apprend dans les universités. Le mot letrado, qu’il met toujours en opposition du mot guerrero, signifie, non point un homme de lettres, dans le sens actuel de cette expression, mais un homme de robe. En un mot, c’est la magistrature et ses dépendances qu’il oppose à l’armée.

[202] Don Quichotte, qui emprunte des textes à saint Luc, à saint Jean, à saint Matthieu, oublie ces paroles de l’Ecclésiaste (chap. IX) Et dicebam ego meliorem esse sapientiam fortitudine… Melior est sapientia quam arma bellica.

[203] Estudiante. C’est le nom qu’on donne indistinctement aux élèves des universités qui se destinent à l’Église, à la magistrature, au barreau, et à toutes les professions lettrées.

[204] Aller à la soupe (andar a la sopa), se dit des mendiants qui allaient recevoir à heure fixe, aux portes des couvents dotés, du bouillon et des bribes de pain. La condition des étudiants a peu changé en Espagne depuis Cervantès. On en voit un grand nombre, encore aujourd’hui, faire mieux que d’aller à la soupe: à la faveur du chapeau à cornes et du long manteau noir, ils mendient dans les maisons, dans les cafés et dans les rues.

[205] Don Quichotte n’est pas le premier qui ait traité cette matière. L’Italien Francesco Bocchi avait publié à Florence, en 1580, un discours Sopra la lire delle armi e delle lettere; et, précédemment, en 1549, l’Espagnol Juan Angel Gonzalez avait publié à Valence un livre latin sous ce titre: Pro equite contra litteras declamatio. Alia vice versa pro litteris contra equitem.

[206] On sait ce que veut dire avoir la manche large.

[207] Cervantès répète ici les imprécations de l’Arioste, dans le onzième chant de l’Orlando furioso:

Come trovasti, o scelerata e brutta

Invenzion, mai loco in uman core!

Per te la militar gloria è distrutta;

Per te il mestier dell’ armi è senza honore;

Per te è il valore e la virtù ridutta,

Che spesso par dei buono il rio migliore…

Che ben fu il più crudele, e il più di quanti

Mai furo al mondo ingegni empi e maligni

Chi immagino si abbominosi ordigni.

E crederò che Dio, perche vendetta

Ne sia in eterno, nel profondo chiuda

Del cieco abisso quella maladetta

Anima appresso al maladetto Giuda…

[208] Lope de Vega cite ainsi ce vieil adage, dans une de ses comédies (Dorotea, jorn. I, escena CLI): Trois choses font prospérer l’homme: science, mer et maison du roi.

[209] Ce Diégo de Urbina était capitaine de la compagnie où Cervantès combattit à la bataille de Lépante.

[210] Cervantès parle de cette bataille en témoin oculaire, et l’on conçoit qu’il prenne plaisir à rapporter quelques détails de ses campagnes.

[211] Il s’appelait Aluch-Ali, dont les chrétiens ont fait par corruption Uchali. «Aluch, dit le P. Haedo, signifie, en turc, nouveau musulman, nouveau converti ou renégat; ainsi ce n’est pas un nom, mais un surnom. Le nom est Ali, et les deux ensemble veulent dire le renégat Ali.» (Epitome de los reyes de Argel.)

[212] Uchali, dit Arroyo, attaqua cette capitane avec sept galères, et les nôtres ne purent la secourir, parce qu’elle s’était trop avancée au delà de la ligne de combat. Des trois chevaliers blessés, l’un était F. Piétro Giustiniano, prieur de Messine et général de Malte; un autre, Espagnol, et un autre, Sicilien. On les trouva encore vivants, enterrés parmi la foule des morts. " (Relación de la santa Liga, fol. 67, etc.)

[213] Capitan-Pacha.

[214] Cervantès fit également cette campagne et celle de l’année 1573.

[215] On appelait ainsi les marins de l’Archipel grec.

[216] «Don Juan d’Autriche, dit Arroyo, marcha toute la nuit du 16 septembre 1572, pour tomber au point du jour sur le port de Navarin, où se trouvait toute la flotte turque, ainsi que l’en avaient informé les capitaines Luis de Acosta et Pero Pardo de Villamarin. Mais le chef de la chiourme, ajoute Aguilera, et les pilotes se trompèrent dans le calcul de l’horloge de sable, et donnèrent au matin contre une île appelée Prodano, à trois lieues environ de Navarin. De sorte qu’Uchali eut le temps de faire sortir sa flotte du port, et de la mettre sous le canon de la forteresse de Modon.»

[217] Au retour de leur captivité, Cervantès et son frère Rodrigo servirent sous les ordres du marquis de Santa-Cruz, à la prise de l’île de Terceira sur les Portugais.

[218] Marco-Antonio Arroyo dit que ce capitan, appelé Hamet-Bey, petit-fils et non fils de Barberousse, «fut tué par un de ses esclaves chrétiens, et que les autres le mirent en pièces à coups de dents.» Geronimo Torrès de Aguilera, qui se trouva, comme Cervantès et comme Arroyo, à la bataille de Lépante, dit que «la galère d’Hamet-Bey fut conduite à Naples, et qu’en mémoire de cet événement, on la nomma la Prise.» (Cronica de varios sucesos.) Le P. Haedo ajoute que ce More impitoyable fouettait les chrétiens de sa chiourme avec un bras qu’il avait coupé à l’un d’eux. (Historia de Argel, fol. 123.)

[219] Muley-Hamida et Muley-Hamet étaient fils de Muley-Hassan, roi de Tunis. Hamida dépouilla son père du trône, et le fit aveugler en lui brûlant les yeux avec un bassin de cuivre ardent. Hamet, fuyant la cruauté de son frère, se réfugia à Palerme, en Sicile. Uchali et les Turcs chassèrent de Tunis Hamida, qui se fortifia dans la Goulette. Don Juan d’Autriche, à son tour, chassa les Turcs de Tunis, rappela Hamet de Palerme, le fit gouverneur de ce royaume, et remit le cruel Hamida entre les mains de don Carlos de Aragon, duc de Sesa, vice-roi de Sicile. Hamida fut conduit à Naples, où l’un de ses fils se convertit au christianisme. Il eut pour parrain don Juan d’Autriche lui-même, et pour marraine doña Violante de Moscoso, qui lui donnèrent le nom de don Carlos d’Autriche. Hamida en mourut de chagrin. (Torrès de Aguilera, p. 105 y sig. Bibliot. real, cod. 45, f. 531 y 558.)