[175] Voici le défi de don Diégo Ordoñez, tel que le rapporte un ancien romance tiré de la chronique du Cid (Cancionero general): «Diégo Ordoñez, au sortir du camp, chevauche, armé de doubles pièces, sur un cheval bai brun; il va défier les gens de Zamora pour la mort de son cousin (Sancho le Fort), qu’a tué Vellido Dolfos, fils de Dolfos Vellido: «Je vous défie, gens de Zamora, comme traîtres et félons; je défie tous les morts, et avec eux tous les vivants; je défie les hommes et les femmes, ceux à naître et ceux qui sont nés; je défie les grands et les petits, la viande et le poisson, les eaux des rivières, etc., etc.»
[176] Les habitants de Valladolid, par allusion à Agustin de Cazalla, qui y périt sur l’échafaud.
[177] Les habitants de Tolède.
[178] Les habitants de Madrid.
[179] Les habitants de Gétafe, à ce qu’on croit.
[180] On appelait ainsi une balafre en croix sur le visage.
[181] Cette aventure d’une barque enchantée est très-commune dans les livres de chevalerie. On la trouve dans Amadis de Gaule (liv. IV, chap. XII), dans Amadis de Grèce (part. I, chap. VIII), dans Olivante de Laura (liv. II, chap. I), etc., etc.
[182] Il y a dans l’original longincuos, mot pédantesque dont l’équivalent manque en français.
[183] L’original dit: «puto et gafo, avec le sobriquet de meon.» Puto signifie giton; gafo, lépreux, et meon, pisseur.
[184] On appelait ainsi la chasse avec le faucon faite à des oiseaux de haut vol, comme le héron, la grue, le canard sauvage, etc. C’était un plaisir réservé aux princes et aux grands seigneurs.
[185] Ces expressions prouvent que Cervantes n’a voulu désigner aucun grand d’Espagne de son temps, et que son duc et sa duchesse sont des personnages de pure invention. On a seulement conjecturé, d’après la situation des lieux, que le château où don Quichotte reçoit un si bon accueil est une maison de plaisance appelée Buenavia, située près du bourg de Pédrola en Aragon, et appartenant aux ducs de Villahermosa.
[186] Le don ou doña, comme le sir des Anglais, ne se place jamais que devant un nom de baptême. L’usage avait introduit une exception pour les duègnes, auxquelles on donnait le titre de doña devant leur nom de famille.
[187] Allusion aux vers du romance de Lancelot cités dans la première partie.
[188] Au temps de Cervantes, c’était un usage presque général parmi les grands seigneurs d’avoir des confesseurs publics et attitrés, qui remplissaient comme une charge domestique auprès d’eux. Ces favoris en soutane ou en capuchon se bornaient rarement à diriger la conscience de leurs pénitents; ils se mêlaient aussi de diriger leurs affaires, et se faisaient surtout les intermédiaires de leurs libéralités, au grand préjudice des malheureux et de la réputation des maîtres qu’ils servaient. Tout en censurant ce vice général, Cervantes exerce une petite vengeance particulière. On a pu voir, dans sa Vie, qu’un religieux s’était violemment opposé à ce que le duc de Béjar acceptât la dédicace de la première partie du Don Quichotte. C’est ce religieux qu’il peint ici.
[189] Cet Alonzo de Marañon se noya effectivement à l’Île de la Herradura, sur la côte de Grenade, avec une foule d’autres militaires, lorsqu’une escadre envoyée par Philippe II pour secourir Oran, qu’assiégeait Hassan-Aga, fils de Barberousse, fut jetée par la tempête sur cette île, en 1562.
[190] On avait appelé malandrins, au temps des croisades, les brigands arabes qui infestaient la Syrie et l’Égypte. Ce mot est resté dans les langues du Midi pour signifier un voleur de grand chemin ou un écumeur de mer, et il est très-fréquemment employé dans les romans de chevalerie.
[191] On peut voir, dans la Miscelanea de don Luis Zapata, le récit d’une plaisanterie à peu près semblable faite à un gentilhomme portugais chez le comte de Benavente. Peut-être Cervantes a-t-il pris là l’idée de la plaisanterie faite à don Quichotte.
[192] En plusieurs endroits de la seconde partie de son livre, Cervantes s’efforce de la rattacher à la première, et pour cela il suppose entre elles, non point un laps de dix années, mais seulement un intervalle de quelques jours.
[193] Oriane, maîtresse d’Amadis de Gaule, Alastrajarée, fille d’Amadis de Grèce et de Zahara, reine du Caucase, et Madasime, fille de Famongomadan, géant du Lac-Bouillant, sont des dames de création chevaleresque.
[194] Nom que donnèrent les chroniques arabes à Florinde, fille du comte don Julien.
[195] On appelait ainsi une eau de senteur très à la mode au temps de Cervantes. Il entrait dans la composition de l’eau des anges (Agua de angeles) des roses rouges, des roses blanches, du trèfle, de la lavande, du chèvrefeuille, de la fleur d’oranger, du thym, des œillets et des oranges.
[196] Ce fauteuil du Cid (escaño, banc à dossier) est celui qu’il conquit à Valence, au dire de sa chronique, sur le petit-fils d’Aly-Mamoun, roi more du pays.
[197] Wamba régna sur l’Espagne gothique de 672 à 680.
[198] Rodéric, dernier roi goth, vaincu par Thârik à la bataille du Guadaleté, en 711 ou 712.
[199] Ya me comen, y a me comen
Por do mas pecado había.
Ces vers ne se trouvent pas précisément ainsi dans le romance de la pénitence du roi Rodrigue. (Voir le Cancionero general de 1555, tome XVI, f° 128.) Ils étaient sans doute altérés par la tradition.
[200] Miguel Vérino, probablement né à Mayorque ou à Minorque, mais élevé à Florence, où il mourut à l’âge de dix-sept ans, était l’auteur d’un petit livre élémentaire intitulé: De puerorum moribus disticha, qu’on apprenait anciennement aux écoliers. Cervantès, qui dut expliquer les distiques de Vérino dans la classe de son maître Juan Lopez de Hoyos, se sera souvenu également de son épitaphe, composée par Politien, et qui commence ainsi: