Interea volucres Pyrœis, Eous et Aethon,
Solis equi, quartusque Phlegon, hinnitibus auras
Flammiferis implent, pedibusque repagula pulsant.
[223] Clavileño el aligero. Nom formé des mots clavija, cheville, et leño, pièce de bois.
[224] On appelait cohechos (concussion, subornation) les cadeaux que le nouveau titulaire d’un emploi était obligé de faire à ceux qui le lui avaient procuré. C’est ainsi qu’on obtenait, au temps de Cervantès, non-seulement les gouvernements civils et les offices de justice, mais les prélatures et les plus hautes dignités ecclésiastiques. Ce trafic infâme, auquel Cervantès fait allusion, était si connu, si général, si patent, que Philippe III, par une pragmatique datée du 19 mars 1614, imposa des peines fort graves aux solliciteurs et aux protecteurs qui s’en rendraient désormais coupables.
[225] On aurait dit, en France, à Montfaucon. Péralvillo est un petit village sur le chemin de Ciudad-Réal à Tolède, près duquel la Sainte-Harmandad faisait tuer, à coups de flèches, et laissait exposés les malfaiteurs condamnés par elle.
[226] Le docteur Eugénio Torralva fut condamné à mort, comme sorcier, par l’inquisition, et exécuté le 6 mai 1531. Son procès avait commencé le 10 janvier 1528. On a trouvé, dans les manuscrits de la bibliothèque royale de Madrid, la plupart de ses déclarations, recueillies pendant le procès. Voici, en abrégé, celle à laquelle Cervantès fait allusion: «Demande lui ayant été faite si ledit esprit Zaquiel l’avait transporté corporellement en quelque endroit, et de quelle manière il l’emportait, il répondit: Étant à Valladolid au mois de mai précédent (de l’année 1527), ledit Zaquiel m’ayant vu et m’ayant dit comment à cette heure Rome était prise d’assaut et saccagée, je l’ai dit à quelques personnes, et l’empereur (Charles Quint) le sut lui-même, mais ne voulut pas le croire. Et, la nuit suivante, voyant qu’on n’en croyait rien, l’esprit me persuada de m’en aller avec lui, disant qu’il me mènerait à Rome, et me ramènerait la nuit même. Ainsi fut fait: nous partîmes tous deux à quatre heures du soir, après être allés, en nous promenant, hors de Valladolid. Étant dehors, ledit esprit me dit: No haber paura; fidate de me, que yo te prometo que no tendras ningun desplacer; per tanto piglia aquesto in mano (ce jargon, moitié italien, moitié espagnol, signifie: N’aie pas peur, aie confiance en moi; je te promets que tu n’auras aucun déplaisir. Ainsi donc, prends cela à la main); et il me sembla que, quand je le pris à la main, c’était un bâton noueux. Et l’esprit me dit: Cierra ochi (ferme les yeux); et, quand je les ouvris, il me parut que j’étais si près de la mer que je pouvais la prendre avec la main. Ensuite il me parut, quand j’ouvris les yeux, voir une grande obscurité, comme une nuée, et ensuite un éclair qui me fit grande peur. Et l’esprit me dit: Noli timere, bestia fiera (n’aie pas peur, bête féroce), ce que je fis; et quand je revins à moi, au bout d’une demi-heure, je me trouvai à Rome, par terre. Et l’esprit me demanda: Dove pensate que state adesso? (où pensez-vous être à présent?) Et je lui dis que j’étais dans la rue de la Tour de Nona, et j’y entendis sonner cinq heures du soir à l’horloge du château Saint-Ange. Et nous allâmes tous deux, nous promenant et causant, jusqu’à la tour Saint-Ginian, où demeurait l’évêque allemand Copis, et je vis saccager plusieurs maisons, et je vis tout ce qui se passait à Rome. De là, je revins de la même manière, et dans l’espace d’une heure et demie, jusqu’à Valladolid, où il me ramena à mon logis, qui est près du monastère de San Benito, etc.»
[227] Nom que donnent les paysans espagnols à la constellation des Pléiades.
[228] Cervantès veut parler ici, soit de Caton le censeur, soit plutôt de Dionysius Caton, auteur des Disticha de moribus ad filium, et dont l’ouvrage était alors classique dans les universités d’Espagne. On ne sait rien de ce Dionysius Caton, sinon qu’il vivait après Lucain, car il le cite dans ses Distiques.
[229] Allusion au paon, qui, dit-on, défait sa roue dès qu’il regarde ses pieds. Fray Luis de Grenada avait déjà dit, usant de la même métaphore: «Regarde la plus laide chose qui soit en toi, et tu déferas aussitôt la roue de ta vanité.»
[230] Allusion au proverbe: Non, non, je n’en veux pas, mais jette-le-moi dans mon capuchon. Les juges portaient alors un manteau à capuchon (capas con capilla).
[231] La ley del encaje. On appelait ainsi l’interprétation arbitraire que le juge donnait à la loi.
[232] Suétone dit en effet (chap. XLV) que César s’habillait avec négligence, et ne serrait point la ceinture de sa toge. C’était de sa part une affectation, afin qu’on le prît pour un homme efféminé, et qu’on ne pût découvrir tout d’abord son courage et son esprit. Ainsi quelqu’un demandant à Cicéron pourquoi il avait suivi le parti de Pompée plutôt que celui de César: «César, répondit-il, m’a trompé par la manière de ceindre sa toge.»
[233] Sancho s’applique le vieux dicton: Al buen callar llaman Sancho.
[234] Cervantès veut dire qu’il aurait mieux fait d’enlever ces deux nouvelles du Don Quichotte, et de les réunir à son recueil de Nouvelles exemplaires: ce qu’ont fait depuis quelques éditeurs de ses œuvres.
[235] Ces expressions anciennes signifient, d’après Covarrubias (Tesoro de la lengua castellana), à l’improviste, sur-le-champ. Elles peuvent vouloir dire aussi en homme de bien, en bon chrétien.
[236] Ce poëte est Juan de Ména, mort en 1456. Il dit, dans la deux cent vingt-septième strophe du Labyrinthe, ou poëme des Trescientas copias:
¡ O vida segura la manza pobreza!
¡ O dadiva sancta, desagradecida!
Hésiode, dans son poëme des Heures et des Jours, avait aussi appelé la pauvreté présent des dieux immortels, et César s’écrie dans la Pharsale de Lucain (lib. V):
O vitae tuta facultas
Pauperis, angustique lares!
O munera nondum
Intellecta Deum!
[237] Saint Paul (Ép. aux Corinthiens).
[238] Cervantès dit également, dans sa comédie La gran sultana doña Catalina de Oviedo (Jornada 3a):
«… Hidalgo, mais non riche; c’est une malédiction de notre siècle, où il semble que la pauvreté soit une annexe de la noblesse.»