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— Je ne vois pas, Sire, la nécessité de nous battre ici, glissa lord Mathis Rowan. La place possède une solide garnison, quantité de vivres, ser Cortnay Penrose n’a plus à prouver ses mérites de gouverneur, et l’on n’est pas près de construire le mangonneau qui ouvrirait la brèche dans les murailles d’Accalmie. Laissez lord Stannis s’en offrir le siège. Il n’y récoltera que mécomptes et, pendant que, le ventre vide, il se gèlera pour rien, nous prendrons Port-Réal.

— Et laisserons dire que j’ai eu peur d’affronter Stannis ?

— Seuls des imbéciles l’allégueront, argua lord Mathis. »

Renly se tourna vers les autres. « Qu’en dites-vous ?

— Je dis, moi, que Stannis est un danger pour vous, déclara lord Randyll Tarly. Laissez-le intact, et il ne fera que se renforcer, tandis que la guerre amenuisera vos propres forces. On n’abattra pas les Lannister en un jour. Quand vous en aurez terminé avec eux, lord Stannis sera peut-être aussi puissant que vous…, voire davantage. »

L’auditoire fit chorus dans le même sens. Le roi s’en montra charmé. « Alors, nous nous battrons. »

J’ai donc failli à Robb comme j’ai failli à Ned, se désola Catelyn. « Messire, intervint-elle. Si vous devez en venir à vous battre, ma tâche ici est terminée. Veuillez me permettre de regagner Vivesaigues.

— Je vous l’interdis. » Il s’installa dans un fauteuil de camp.

Elle se rebiffa. « J’avais espéré vous aider à faire une paix, messire. Je ne vous aiderai pas à faire une guerre. »

Il haussa les épaules. « J’ose affirmer que nous la gagnerons sans vos vingt-deux hommes, madame. J’entends non pas que vous participiez à la bataille mais que vous y assistiez.

— Je me trouvais au Bois-aux-Murmures, messire. J’ai eu mon compte de boucherie. Je suis venue en émissaire…

— Et c’est en émissaire que vous partirez, mais en émissaire plus raisonnable qu’à votre arrivée. Quand vous aurez vu de vos propres yeux le sort réservé aux rebelles, le rapport que vous en ferez à votre fils de vos propres lèvres n’en sera que plus édifiant. Nous veillerons sur votre sécurité, ne craignez rien. » Il se détourna pour donner ses ordres. « Lord Mathis, vous conduirez le centre du corps principal. A vous la gauche, Bryce. Je prends la droite. Lord Estremont, vous commanderez la réserve.

— Vous pouvez compter sur moi, Sire », s’inclina ce dernier.

Rowan reprit la parole. « Qui aura la charge de l’avant-garde ?

— J’en réclame l’honneur, Sire, dit ser Jon Fossovoie.

— Réclamez à votre aise, gronda ser Guyard le Vert, le privilège de frapper le premier coup revient de droit à l’un des sept.

— Il ne suffit pas d’un joli manteau, siffla Randyll Tarly, pour charger un mur de boucliers. Je conduisais déjà l’avant-garde de Mace Tyrell, Guyard, que vous tétiez encore votre mère. »

D’autres candidats firent bruyamment valoir leurs propres titres, et il s’ensuivit un tapage infernal dans le pavillon. Chevaliers d’été , songea Catelyn. La main de Renly se leva. « Suffit, messires. Si je possédais une douzaine d’avant-gardes, chacun de vous obtiendrait la sienne, mais il est légitime d’attribuer la gloire la plus insigne au plus émérite des chevaliers. Ser Loras frappera le premier.

— De grand cœur, Sire. » Le chevalier des Fleurs s’agenouilla devant lui. « Daignez m’accorder votre bénédiction et un chevalier qui brandisse à mes côtés votre étendard. Que le cerf et la rose marchent au combat d’un même pas. »

Renly jeta un regard à l’entour. « Brienne.

— Sire ? » Elle portait toujours son armure d’acier bleu mais, eu égard à l’atmosphère suffocante, avait retiré son heaume. La sueur empoissait de filasse jaune sa large face disgraciée. Ma place est auprès de vous. Je suis votre bouclier lige…

— L’un des sept, lui rappela le roi. N’aie crainte, quatre de tes compagnons m’escorteront au combat. »

Elle tomba à ses genoux. « Si je dois me séparer de Votre Majesté, qu’Elle m’accorde au moins l’honneur de l’armer avant la bataille. »

Quelqu’un ricana sous cape derrière Catelyn. Elle l’aime, la pauvre, songea-t-elle avec un serrement de cœur. Elle n’aspire à jouer l’écuyer que dans l’espoir de le toucher, dût-on la trouver grotesque.

« Accordé, dit Renly. Maintenant, laissez-moi, vous tous. Les rois eux-mêmes ont besoin de se reposer, la veille des batailles.

— Messire, dit Catelyn, il y avait un petit septuaire dans le dernier village que nous avons traversé. Puisque vous vous opposez à mon départ pour Vivesaigues, permettez-moi d’aller m’y recueillir.

— A votre guise. Ser Robar, faites escorter lady Stark à ce septuaire…, et veillez qu’elle nous rejoigne à l’aube.

— Il ne serait pas malvenu de prier vous-même, ajouta-t-elle.

— Pour obtenir la victoire ?

— Pour obtenir un grain de bon sens. »

Il se mit à rire. « Loras, reste m’aider dans mes oraisons. Depuis le temps, j’ai presque oublié comment l’on s’y prend. Quant à vous autres, que chacun soit à son poste, équipé, armé et en selle dès le point du jour. Je veux nous voir gratifier Stannis d’une aube qu’il n’oublie pas de sitôt. »

Le soir tombait lorsque Catelyn quitta le pavillon. Ser Robar Royce lui emboîta le pas. Elle le connaissait vaguement – l’un des fils de Yohn le Bronzé ; affable, en dépit de dehors rugueux ; jouteur de quelque renom. En faisant de lui l’un de ses sept, Renly lui avait offert un manteau arc-en-ciel et une armure complète rouge sang. « Vous voici bien loin du Val, ser, dit-elle.

— Et vous à cent lieues de Winterfell, madame.

— Je sais ce qui m’a amenée ici, mais vous, pourquoi y être venu ? Cette bataille n’est pas plus la vôtre que la mienne…

— Je l’ai faite mienne en faisant de Renly mon roi.

— Les Royce sont bannerets de la maison Arryn.

— Le seigneur mon père doit fidélité à lady Lysa, de même que son héritier. Force est à un cadet de chercher la gloire où il peut. » Il haussa les épaules. « On finit par se lasser des tournois, quand on est un homme. »

Il ne devait pas avoir plus de vingt et un ans, songea-t-elle, à peu près l’âge de son roi…, mais son roi à elle , son Robb, avait à quinze plus de jugeote que n’en avait acquis l’autre godelureau. Du moins priait-elle qu’il en fût ainsi.

Dans le minuscule coin du camp réservé à ses gens, Shadd taillait des carottes en rondelles au-dessus d’une marmite, Hal Mollen jouait aux dés avec trois hommes de Winterfell, et Lucas Nerbosc aiguisait posément son poignard. « Lady Stark, dit ce dernier en l’apercevant, Mollen prétend qu’on va se battre à l’aube.

— Il dit vrai », convint-elle. Mais quel bavard impénitent… !

« Et nous allons combattre ou filer, nous ?

— Prier, Lucas, répondit-elle. Prier. »

SANSA

— « Plus vous le faites attendre, et plus il vous en cuira », la prévint Sandor Clegane.

Elle essaya de se hâter, mais ses doigts s’empêtraient dans les boutons et les lacets. Le parler rude du Limier ne la surprenait plus, mais quelque chose dans sa manière de la regarder l’emplissait de crainte. Joffrey avait-il découvert les rendez-vous avec ser Dontos ? Les dieux veuillent que non , songea-t-elle tout en se coiffant. Elle n’avait d’espoir qu’en ser Dontos. Il me faut être jolie, Joffrey se plaît à me voir jolie, il s’est toujours plu à me voir porter cette robe, cette couleur. Elle en lissa les pans. Le tissu bridait sur sa poitrine.