Puis, au cours des âges, les villages remplis de biens, les champs lourds de blé furent pillés, ravagés par des envahisseurs barbares. Le pays changea plusieurs fois de maîtres. Les conquérants élevèrent des châteaux sur les collines; les cultures se multiplièrent; des moulins, des forges, des tanneries, des tissages s’établirent; des routes s’ouvrirent à travers les bois et les marais; le fleuve se couvrit de bateaux. Les villages devinrent de gros bourgs et, réunis les uns aux autres, formèrent une ville qui se protégea par des fossés profonds et de hautes murailles. Plus tard, capitale d’un grand État, elle se trouva à l’étroit dans ses remparts désormais inutiles et dont elle fit de vertes promenades.
Elle s’enrichit et s’accrut démesurément. On ne trouvait jamais les maisons assez hautes; on les surélevait sans cesse et l’on en construisait de trente à quarante étages, où se superposaient bureaux, magasins, comptoirs de banques, sièges de sociétés, et l’on creusait dans le sol toujours plus profondément des caves et des tunnels. Quinze millions d’hommes travaillaient dans la ville géante.