— Là, j’ai rencontré un maquereau noir qui m’a dit que je pouvais gagner de l’argent à Jo’Burg. Qu’il y avait plein d’étrangers qui aimaient bien baiser des Noires ou des métisses. Je me suis retrouvée près de Soweto, dans une petite maison. Il y avait une autre fille avec moi qui fumait de la dagga toute la journée, à moitié idiote.
— Des types arrivaient en voiture, nous baisaient et repartaient. On m’avait dit de m’appeler Wanda. Toutes les semaines, on me donnait cinquante rands que je planquais. Un jour, la police est venue, j’ai été arrêtée et j’ai couché avec les flics pour ressortir. J’ai attrapé des maladies aussi. Et puis, un type avec qui j’ai baisé m’a parlé de Gaborone. J’ai pris le train et j’ai débarqué ici. Je pensais être pute, puis j’ai pu décrocher ce job depit-girl. Ça fait deux ans de ça. Un jour, quand j’aurai assez d’argent, je retournerai au Basutoland et j’achèterai un commerce.
— Voilà, ça vous suffit ?
Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier. Malko était perturbé. Son récit sonnait vrai… D’ailleurs, sa voix douce au début, avait changé, se chargeant de haine… Elle se méprit sur son expression et lança :
— Je vous dégoûte, hein ? Une pute de couleur…
— Vous connaissez une fille qui se fait appeler Greta ? Greta Manstein ?
Elle fronça les sourcils.
— Greta… oui, attendez. Je l’ai rencontrée ici. Elle aussi avait des problèmes. Plaquée par son jules. Elle avait envie de faire la pute. Je lui ai expliqué qu’elle n’avait aucune chance. Les Blancs qui viennent ici, ils veulent des Noires. C’est plus excitant pour eux et c’est moins cher. Alors, je lui ai donné le téléphone d’une fille avec qui j’avais travaillé à Jo’Burg, en lui disant d’y aller de la part de Wanda. C’est comme ça qu’elle me connaît. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. Pourquoi me demandez-vous cela ?
Malko ne savait plus que penser. C’était parfaitement plausible.
— Cette femme est une dangereuse terroriste.
— Ah bon ! Elle n’en avait pas l’air. Qu’est-ce qu’elle a fait ?
— Elle a fait sauter une voiture piégée en plein Pretoria, tuant des dizaines de personnes.
— Des Blancs ?
— Des Blancs et des Noirs…
Elle hocha la tête.
— C’est bête, elle n’aurait dû tuer que des Blancs…
Malko la regarda : elle semblait parfaitement sincère.
— Vous haïssez tous les Blancs, n’est-ce pas ?
— Pastous les Blancs, seulement ceux d’ici, qui sont si bêtes et si méchants. J’en ai rencontré de très bien. Ils voulaient même m’épouser. Moi la putain basuto. Vous, je ne vous hais pas. Vous avez l’air gentil.
— Merci, dit Malko.
Son pistolet pendait au bout de son bras et il se sentit soudain très fatigué. Son instinct lui soufflait que Wanda venait de lui dire la vérité. Mais peut-être pas toute la vérité. Car son intuition lui disait aussi que Ferdi n’avait pu suivre qu’elle. Ils s’observèrent quelques instants, puis lapit-girl demanda :
— Vous ne me croyez toujours pas ?
— Vous n’avez aucune idée de ce qui est arrivé à mon ami ? demanda Malko, ignorant la question.
Elle secoua la tête.
— Non. Je lui ai parlé au bar, il avait beaucoup bu, puis je suis rentrée me coucher. Comme ce soir. C’est un travail dur et je n’aime pas traîner dans l’hôtel où tous les hommes me draguent.
— Pourtant, vous avez accepté de boire un verre avec nous…
— Ce n’était pas la même chose. Vous me… plaisiez. Vous sembliez différents de ces braillards ivrognes qui traînent auGaborone Sun. Voyez-vous, j’ai beaucoup de chance. Malgré tout ce que j’ai passé, je ne suis pas dégoûtée detous les hommes.
Elle bâilla soudain :
— Excusez-moi, je suis fatiguée. Vous voulez encore m’interroger ?
— Je veux savoir qui a tué Ferdi, insista Malko.
— Ce n’est pas moi, répéta Wanda.
Ils se défièrent du regard un long moment dans un silence absolu. Un chien aboya au loin.
Wanda se releva tout à coup. Tranquillement, elle se mit à défaire les boutons de son chemisier, faisant peu à peu apparaître un soutien-gorge balconnet noir.
— Qu’est-ce que vous faites ? dit Malko.
Elle lui adressa un sourire à peine ironique.
— Vous voyez, je me déshabille. J’ai eu une longue journée.
Sa jupe tomba à terre, dévoilant un slip et un porte-jarretelles rouges.
— Je suis une sauvage, dit-elle d’un ton enjoué, j’aime les couleurs vives.
Au lieu de continuer, elle se rassit sur le lit, puis, d’un geste provocant, elle étendit la jambe gauche devant elle, tirant sur son bas. Elle la reposa par terre et dit d’une voix plus douce :
— Si vous voulez absolument rester ici, venez. Vous me plaisez toujours, malgré toutes vos questions.
Malko ne répondit pas, mal à l’aise. Wanda se leva alors et s’approcha. Lorsqu’il sentit ses seins et son ventre peser contre lui, il ne put s’empêcher d’éprouver un trouble violent. Wanda noua ses mains sur sa taille et commença à onduler très lentement jusqu’à ce qu’il ne puisse plus dissimuler son désir.
La métisse prit alors son pistolet par le canon et le posa sur la commode derrière Malko. Puis ses doigts se faufilèrent sous sa chemise et agacèrent sa poitrine avec habileté. Les grands yeux marron étaient rivés dans les siens.
— Vous aimez cela, dit-elle à voix basse. Je suis la putain la plus habile de Gaborone, quand je le veux.
Maintenant ses deux mains jouaient avec ses mamelons, lui envoyant de brefs courants électriques dans sa colonne vertébrale. En même temps, son bassin continuait à se frotter doucement contre son érection. Elle lui jeta un regard trouble :
— Vous aimez les putains. Laissez-moi être la vôtre.
Elle glissa le long de son corps jusqu’à être à genoux. Elle fit coulisser le zip et sortit son membre qu’elle se mit à caresser d’abord avec la main, puis avec la bouche. Sa langue l’enveloppait, le quittait, le reprenait. Elle s’interrompit pour dire ironiquement :
— J’aime sucer un homme à genoux. Probablement l’atavisme de mon pasteur de père.
Elle était supérieurement intelligente et le manipulait. Ou elle était innocente et pouvait devenir une alliée… Il sentait la bouche se faire de plus en plus rapide, ses doigts se faufilèrent, l’envahissant au plus secret. C’était vraiment une merveilleuse putain. Il explosa tout à coup et elle le garda dans sa bouche tant qu’il ne se fut pas vidé. Ensuite, elle se redressa et lui sourit :
— Voilà ! Vous ne serez pas venu pour rien. Moi, je vais dormir. Si vous voulez rester…
En un clin d’œil, Wanda acheva de se déshabiller. Elle avait un corps de rêve, avec une poitrine épanouie, une taille de guêpe et ses fesses cambrées et pleines qui semblaient l’appeler.
— Vous voulez m’aider ? demanda-t-il.
— À quoi ?
— À retrouver ceux qui ont tué Ferdi ?
Elle secoua la tête.