D’abord il retourna dans son ventre, l’ouvrant lentement et profondément. Carol haletait, frémissait. Il se retira au bout d’un certain temps et glissa jusqu’à l’orifice voisin. Carol ne chercha pas à se dérober. Elle eut seulement un violent sursaut quand il s’enfonça dans ses reins. Malko crut l’avoir blessée et demanda :
— Tu veux que j’arrête ?
— Non, fit-elle d’une voix rauque. Continue. Fais-moi mal. Baise-moi.
Il obéit au moins au dernier de ses commandements… C’était la première fois qu’il prenait une femme de cette façon. Repliée dans sa posture acrobatique, Carol soutenait son assaut. Comme il s’emballait, elle se mit à crier chaque fois qu’il l’ouvrait un peu plus. Jusqu’à ce qu’il explose, et que les membres de Carol reprennent une position normale avec lenteur, comme une fleur qui s’ouvre.
Malko demeura abuté en elle, pensant à la croupe somptueuse d’Alexandra. Quand celle-ci jouissait vraiment, les nerfs à vif, elle poussait des cris qui, d’après Ilse, la vieille cuisinière, faisaient tourner les sauces et la mayonnaise… Carol écarta les cheveux roux collés à son visage par la transpiration.
— Je suis contente que tu n’aies pas gaspillé tout ça avec une Botswanaise, dit-elle. Il y a longtemps que je n’ai pas joui aussi fort. Ici, je n’ai que le yoga et un magnétoscope Akaï pour me distraire…
Discrètement, Malko regarda sa Seiko-quartz. Une heure et demie.
— Merci, dit-il. À propos, tu sais quelque chose sur ce Marcello ?
Elle lui jeta un regard bizarre :
— Oui. C’est un salaud. Un mac. Il se fait ristourner du fric par toutes les petites putes qui draguent dans le casino. Sinon, il les vire. Moi, il m’avait proposé quelques week-ends agréables dans les Game Park si j’acceptais de me faire sauter par un de ses copains botswaniens…
— Et politiquement ?
— Il s’en fout, je crois.
Elle s’étira, se leva et lui sourit.
— Je crois que je vais aller dormir. Merveilleusement.
Ramassant sa robe, elle la remit avec ce qui restait de paillettes, roulant son slip en boule dans son sac.
— Quand tu veux, tu me trouves à la réception, dit-elle. Tu seras toujours le bienvenu.
Malko entra dans la salle de jeux vers deux heures moins cinq. Il avait mis, par-dessus un pantalon d’alpaga, une saharienne qui lui permettait de dissimuler son Browning glissé dans la ceinture. Il y avait encore beaucoup de monde. Il repéra le directeur des jeux, debout près de la caisse. Un brun, mince, au visage émacié avec une fine moustache, style maltais, pète-sec. Personne n’avait remplacé lapit-girl.
En passant près de Marcello, Malko lui fit un signe de tête et l’autre se fendit aussitôt d’un sourire commercial.
— Lucky, to-night ?
— Ça va, dit Malko. Pas trop mal.
Ils engagèrent la conversation sur des banalités, puis Marcello regarda sa montre, un énorme chrono en or :
— Bon, on va fermer.
— Vous avez le temps de boire un verre ? proposa Malko.
— Bien sûr, pourquoi pas ?
— Je vous retrouve au bar.
Le directeur des jeux fit la grimace :
— Je n’aime pas beaucoup ici. Par contre, je connais un endroit plus sympa, dans Notwane Road. Après, je vous ramène. Je vous retrouve dans cinq minutes, dans le lobby.
Malko eut beaucoup de mal à repousser les vagues d’assaut des pûtes énamourées en attendant l’Italien. Ce dernier surgit enfin et d’une brève interjection, chassa les importunes.
— Heureusement que je me suis mis au tswana, remarqua-t-il. Elles parlent à peine anglais.
Il précéda Malko jusqu’à sa voiture, une grosse Jaguar 4,2 litres, noire, insolite sous ce climat brûlant. Au moment où il allait démarrer, Malko se tourna vers lui :
— Attendez, je voudrais vous parler tranquillement.
L’Italien tourna vers lui un regard surpris :
— De quoi ?
— De votre amie, Louisa. Ou Wanda, si vous préférez…
Brutalement, les yeux de l’Italien devinrent aussi expressifs que des canons de fusil.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il sèchement. Je ne parle pas de ma vie privée.
— Je suis l’ami des deux Sud-Africains qui ont été assassinés ces derniers jours, dit Malko. Et votre employée Louisa a tenté de me tuer hier soir. Depuis, elle a disparu. Vous n’êtes au courant de rien ?
Le visage déjà mince de l’Italien sembla encore rétrécir.
— Non, je… pas vraiment… La police est venue chez moi, ils m’ont dit que Louisa avait été mêlée à une attaque à main armée. Je n’ai rien pu leur dire. D’ailleurs, fit-il d’un ton plus ferme, je ne sais rien.
— Louisa est votre maîtresse, dit Malko. Vous devez savoir des choses sur elle.
Marcello se tourna nerveusement vers Malko.
— Écoutez, fit-il, je ne veux pas qu’on m’embête avec tout ça. Il…
Il s’arrêta brusquement. Paisiblement, Malko venait de sortir son Browning et en appuyait le canon sous l’oreille du directeur des jeux. Son pouce releva le chien extérieur et cela fit un petit « clic » très net dans le silence de la voiture.
— Monsieur Dente, fit-il. Si vous refusez de m’aider, je vais considérer que vous êtes le complice de Louisa et vous traiter en conséquence…
— Qu’est-ce que vous voulez dire ? balbutia l’Italien, livide.
— Je pourrais aller à la police parler de votre métier de maquereau, dit Malko mais je m’en moque. Seulement, si vous ne répondez pas à mes questions tout de suite et clairement, je vais appuyer sur la détente de cette arme et je vais vous faire sauter la tête. Vous êtes à quelques millimètres de l’éternité, monsieur Dente…
L’Italien demeura muet comme une carpe, sa pomme d’Adam jouant au yo-yo le long de son larynx. Le bruit d’une altercation entre deux putes, à l’entrée duGaborone Sun, leur parvint faiblement. Malko appuya un peu plus le canon du Browning.
— Je parle sérieusement, monsieur Dente.
Marcello Dente tourna vers lui des yeux chavirés par la peur et demanda d’une voix mal assurée :
— Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
— Vous saviez que Louisa était une activiste politique ?
— Oui, fit-il dans un souffle.
— Vous avez travaillé avec elle ?
— Non. Mais un jour, au début où nous étions ensemble, elle a commencé à disparaître plusieurs soirs de suite. J’ai cru qu’elle me trompait. Alors, je l’ai suivie. Jusque dans le quartier de Bontleng. Elle s’en est aperçue et nous nous sommes disputés. Elle m’a avoué alors qu’elle allait retrouver des activistes noirs qui préparaient la révolution en Afrique du Sud. C’était leur quartier général. Depuis, je ne lui ai plus posé aucune question…
— Elle est retournée là-bas ?
— Oui, je crois.
— Vous en avez parlé à la police ?
— Non.
— Vous pensez qu’elle s’y trouve ?
— Je ne sais pas…
— Bien, allons-y.
L’Italien sursauta :
— Maintenant ?
— Maintenant, dit Malko. Et vous avez intérêt à retrouver cet endroit…
L’Italien résista encore quelques secondes, puis lança son moteur. Malko maintenait le pistolet braqué sur lui. Dissimulant son excitation. Il était peut-être enfin sur la bonne piste ! Ils suivirent Nyerere Drive et l’Italien tourna dans Kaunda Road.
— Vous connaissez une fille qui se fait appeler Greta Manstein ? demanda Malko. Une Allemande qui serait passée ici il y a quelque temps…
— Greta Manstein ? Ce n’est pas une femme brune, mince, jolie ? Je l’ai vue à l’hôtel avec Louisa. Je pensais que c’était une cliente.