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— Où écrivait-elle ?

— Chez elle, j’imagine.

— Sur un ordinateur ?

— Je n’en sais rien. Pourquoi ?

En sortant de chez Timothy Volt, Anna me fit remarquer qu’il n’y avait pas d’ordinateur chez Stephanie.

— À moins que le « visiteur » d’hier soir s’en soit emparé, dis-je.

Nous profitâmes d’être à Sag Harbor pour aller voir les parents de Stephanie. Ces derniers n’avaient jamais entendu parler du petit ami prénommé Sean et Stephanie n’avait pas laissé d’ordinateur chez eux. Par précaution, nous demandâmes à pouvoir jeter un coup d’œil à la chambre de Stephanie. Elle n’avait plus été occupée depuis la fin du lycée et était restée intacte : les affiches sur le mur, les trophées de championnats sportifs, les peluches sur le lit et les livres d’école.

— Ça fait des années que Stephanie n’a plus dormi ici, nous indiqua Trudy Mailer. Après le lycée, elle est partie à l’université, et elle est restée à New York jusqu’à son licenciement en septembre de la Revue des lettres new-yorkaises.

— Y a-t-il une raison précise qui ait poussé Stephanie à s’installer à Orphea ? demandai-je sans dévoiler ce que Timothy Volt m’avait confié.

— Comme je vous l’ai dit hier, elle avait perdu son emploi à New York et elle avait envie de revenir dans les Hamptons.

— Mais pourquoi Orphea ? insistai-je.

— Parce que c’est la plus grande ville de la région, j’imagine.

Je me hasardai à demander :

— Et à New York, madame Mailer, Stephanie avait-elle des ennemis ? Était-elle en conflit avec quelqu’un ?

— Non, rien de tout cela.

— Est-ce qu’elle vivait seule ?

— Elle avait une colocataire, une jeune femme qui travaillait à la Revue des lettres new-yorkaises également. Alice Filmore. Nous l’avons croisée une fois, quand nous sommes allés aider Stephanie à reprendre ses quelques meubles après qu’elle avait décidé de quitter New York. Elle n’avait vraiment que trois bricoles, nous avons tout emporté directement dans son appartement d’Orphea.

Faute d’avoir trouvé quoi que ce soit chez elle, ni chez ses parents, nous décidâmes de retourner à Orphea et consulter l’ordinateur de Stephanie à la rédaction de l’Orphea Chronicle.

Il était 17 heures lorsque nous arrivâmes dans les locaux du journal. C’est Michael Bird qui nous guida à travers les bureaux de ses employés. Il pointa celui de Stephanie, bien rangé, sur lequel étaient posés un écran d’ordinateur, un clavier, une boîte de mouchoirs, une quantité astronomique de stylos identiques rangés dans une tasse à thé, un bloc-notes et quelques papiers en vrac. Je les parcourus rapidement sans rien y trouver de très intéressant, avant de demander :

— Est-ce que quelqu’un a pu accéder à son ordinateur en son absence ces derniers jours ?

Tout en parlant, j’appuyai sur la touche du clavier censée allumer la machine.

— Non, me répondit Michael, les ordinateurs sont protégés par un mot de passe individuel.

Comme l’ordinateur ne s’allumait pas, je pressai à nouveau sur le bouton de démarrage tout en continuant d’interroger Michael :

— Il n’y aurait donc aucune possibilité que quelqu’un ait consulté l’ordinateur de Stephanie à son insu ?

— Aucune, nous assura Michael. Seule Stephanie a le code. Personne d’autre, même pas l’informaticien. D’ailleurs je ne sais même pas comment vous consulterez son ordinateur si vous n’avez pas le mot de passe.

— On a des spécialistes qui s’en chargeront, ne vous inquiétez pas. Mais je voudrais déjà qu’il s’allume.

Je me baissai sous le bureau pour contrôler que la tour de l’ordinateur était bien branchée, mais il n’y avait pas de tour d’ordinateur. Il n’y avait rien.

Je relevai la tête et demandai :

— Où est l’ordinateur de Stephanie ?

— Eh bien, là-dessous, non ? me répondit Michael.

— Non, il n’y a rien !

Michael et Anna se baissèrent aussitôt pour constater qu’il n’y avait que des câbles qui pendaient dans le vide. Et Michael de s’écrier, d’un ton hébété :

— Quelqu’un a volé l’ordinateur de Stephanie !

À 18 heures 30, un flot pêle-mêle de véhicules de la police d’Orphea et de la police d’État étaient garés le long du bâtiment de l’Orphea Chronicle.

À l’intérieur, un officier de la brigade scientifique nous confirmait qu’il y avait bien eu cambriolage avec effraction. Michael, Anna et moi le suivîmes en procession jusque dans un local technique du sous-sol qui servait également de débarras et d’issue de secours. Au fond de la pièce, une porte donnait sur un escalier raide qui remontait vers la rue. La vitre avait été cassée et il avait suffi de passer une main à travers pour tourner la poignée de l’intérieur et ouvrir la porte.

— Vous ne venez jamais dans cette pièce ? demandai-je à Michael.

— Jamais. Personne ne vient au sous-sol. Il n’y a que les archives, qui ne sont jamais consultées.

— Et il n’y a pas d’alarme, ni de caméras ? s’enquit Anna.

— Non, qui voudrait payer pour ça ? Croyez-moi, s’il y avait de l’argent, il irait d’abord dans la plomberie.

— Nous avons essayé de relever des traces sur les poignées, expliqua le policier de la brigade scientifique, mais il y a un cumul d’empreintes et de saletés de toutes sortes, autant dire que c’est inexploitable. Nous n’avons rien trouvé non plus autour du bureau de Stephanie. À mon avis, il est entré par cette porte, il est monté à l’étage et a embarqué l’ordinateur avant de sortir par le même chemin.

Nous retournâmes à la salle de rédaction.

— Michael, demandai-je, est-ce que cela pourrait être un membre de la rédaction qui ait fait ça ?

— Non, enfin ! s’offusqua Michael. Comment pouvez-vous imaginer une chose pareille ? J’ai toute confiance en mes journalistes.

— Alors, comment expliquez-vous que quelqu’un d’étranger à la rédaction ait pu savoir quel était l’ordinateur de Stephanie ?

— Je n’en sais rien, soupira Michael.

— Qui arrive en premier ici le matin ? demanda Anna.

— Shirley. En général, c’est elle qui ouvre les bureaux tous les matins.

Nous fîmes venir Shirley. Je l’interrogeai :

— Est-ce que l’un de ces derniers matins, vous avez constaté quelque chose d’inhabituel en arrivant ?

Shirley, d’abord perplexe, fit un effort de mémoire et son regard s’illumina soudain.

— Moi, je n’ai rien vu. Mais il est vrai que mardi matin Newton, l’un des journalistes, m’a dit que son ordinateur était allumé. Il savait qu’il l’avait éteint la veille car il était parti le dernier. Il m’a fait une scène, affirmant que quelqu’un avait allumé son ordinateur à son insu, mais je pensais qu’il avait simplement oublié de l’éteindre.