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— Kirk, dit le maire-adjoint Brown au chef, en se précipitant vers lui, que se passe-t-il, au nom du ciel ? Est-ce que la rumeur dit vrai ? Joseph et sa famille ont été assassinés ?

— Tous les trois, Alan, répondit le chef Harvey d’un ton grave.

Il désigna de la tête la maison dans laquelle des policiers allaient et venaient.

— On les a retrouvés tous les trois dans la maison. Un massacre total.

Le chef Harvey nous présenta au maire adjoint.

— Avez-vous une piste ? Des indices ? nous interrogea Brown.

— Pour l’instant, rien, lui répondis-je. Ce qui me trotte dans la tête, c’est que cela se soit passé le soir de l’inauguration du festival de théâtre.

— Vous pensez qu’il y a un lien ?

— C’est trop tôt pour le dire. Je ne comprends même pas ce que le maire faisait chez lui. Ne devait-il pas déjà être au Grand Théâtre ?

— Si, nous avions rendez-vous à 19 heures. Ne le voyant pas venir, j’ai essayé d’appeler chez lui, mais personne n’a répondu. La pièce devant bien commencer, j’ai improvisé à sa place le discours d’ouverture et son siège est resté vide. C’est à l’entracte qu’on m’a informé de ce qui se passait.

— Alan, dit le chef Harvey, on a retrouvé des bagages dans la voiture du maire Gordon. Lui et sa famille avaient l’air d’être sur le départ.

— Sur le départ  ? Comment ça, sur le départ  ? Quel départ ?

— Toutes les hypothèses sont encore ouvertes, lui expliquai-je. Mais est-ce que le maire vous a semblé préoccupé ces derniers temps ? Vous aurait-il fait part de menaces ? Était-il inquiet pour sa sécurité ?

— Des menaces ? Non, il ne m’a jamais rien dit de tel. Est-ce que… Est-ce que je peux aller voir à l’intérieur la maison ?

— Il vaut mieux éviter de contaminer la scène de crime, le dissuada le chef Harvey. Et puis c’est vraiment pas beau à voir, Alan. Une vraie boucherie. Le petit s’est fait tuer dans le salon, la femme de Gordon, Leslie, dans le couloir, et Joseph dans la cuisine.

Le maire-adjoint Brown se sentit vaciller. Il eut soudain l’impression que ses jambes le lâchaient et il s’assit sur le trottoir. Son regard se posa à nouveau sur le drap blanc à quelques dizaines de mètres de lui.

— Mais s’ils sont tous morts dans la maison, alors qui est là ? demanda-t-il en désignant le corps.

— Une petite jeune femme, Meghan Padalin, lui répondis-je. Elle faisait son jogging. Elle a dû tomber sur le meurtrier au moment où il sortait de la maison et elle a été abattue aussi.

— C’est pas possible ! dit le maire-adjoint en plongeant son visage entre ses mains. C’est un cauchemar !

Le chef-adjoint Ron Gulliver nous rejoignit à cet instant. Il s’adressa directement à Brown :

— La presse pose beaucoup de questions. Il faudrait que quelqu’un fasse une déclaration.

— Je… je ne sais pas si je peux affronter ça, bredouilla Alan, le visage livide.

— Alan, répondit le chef Harvey, il le faut. Tu es le maire de cette ville désormais.

JESSE ROSENBERG

Samedi 28 juin 2014

28 jours avant la première

Il était 8 heures du matin. Tandis qu’Orphea se réveillait doucement, sur Bendham Road envahie de camions de pompiers, l’agitation était à son comble. L’immeuble où vivait Stephanie n’était plus qu’une ruine fumante. Son appartement avait été totalement détruit par les flammes.

Anna et moi, sur le trottoir, observions le va-et-vient des pompiers qui s’affairaient à enrouler des tuyaux et à ranger du matériel. Nous fûmes bientôt rejoints par le chef des pompiers.

— C’est un incendie volontaire, nous dit-il d’un ton catégorique. Heureusement, il n’y a pas de blessés. Seul le locataire du premier étage était dans l’immeuble et il a eu le temps de sortir. C’est lui qui nous a prévenus. Pourriez-vous venir avec moi ? Je voudrais vous montrer quelque chose.

Nous le suivîmes à l’intérieur du bâtiment puis dans les escaliers. L’air était enfumé et âcre. Arrivés au deuxième étage, nous découvrîmes que la porte de l’appartement de Stephanie était grande ouverte. Elle semblait parfaitement intacte. La serrure également.

— Comment êtes-vous entrés sans casser la porte ni briser la serrure ? demanda Anna.

— C’est justement ce que je voulais vous montrer, répondit le chef des pompiers. Quand nous sommes arrivés, la porte était grande ouverte, telle que vous la voyez ici.

— L’incendiaire avait les clés, dis-je.

Anna me regarda d’un air grave :

— Jesse, je crois que celui que tu as surpris ici jeudi soir est venu finir le travail.

Je m’approchai jusque sur le palier pour observer l’intérieur de l’appartement : il n’en restait plus rien. Les meubles, les murs, les livres : tout était carbonisé. La personne qui avait mis le feu à l’appartement n’avait qu’un but : tout faire brûler.

Dans la rue, Brad Melshaw, le locataire du premier étage, assis sur les marches d’un immeuble voisin, enveloppé dans une couverture et buvant un café, contemplait la façade du bâtiment noircie par les flammes. Il nous expliqua avoir terminé son service au Café Athéna vers 23 heures 30.

— Je suis rentré directement chez moi, nous dit-il. Je n’ai rien remarqué de particulier. Je me suis douché, j’ai regardé un peu la télé et je me suis endormi sur mon canapé, comme cela m’arrive souvent. Vers 3 heures du matin, je me suis réveillé en sursaut. L’appartement était envahi de fumée. J’ai rapidement compris que ça venait de la cage d’escalier et en ouvrant la porte d’entrée j’ai vu que l’étage au-dessus brûlait. Je suis descendu aussitôt dans la rue et j’ai prévenu les secours avec mon portable. Apparemment, Stephanie n’était pas chez elle. Elle a des problèmes, c’est ça ?

— Qui vous en a parlé ?

— Tout le monde en parle. C’est une petite ville ici, vous savez.

— Connaissez-vous bien Stephanie ?

— Non. Comme des voisins qui se croisent, et encore. Nos horaires sont très différents. Elle a emménagé ici en septembre de l’année dernière. Elle est sympathique.

— Vous a-t-elle parlé d’un projet de voyage ? Vous a-t-elle parlé de s’absenter ?