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— Monsieur, que faites-vous ? demanda le réceptionniste, vous ne pouvez pas…

— Jesse ! Anna ! cria Derek, venez voir !

Nous accourûmes à ses côtés et nous découvrîmes une photo de Meta Ostrovski, vingt ans plus jeune, en costume de soirée, qui posait, tout sourire, aux côtés de Meghan Padalin.

— Où a été prise cette photo ? demandai-je à l’employé.

— Lors de la soirée du Nouvel an 1994, répondit-il. Cet homme est le critique Ostrovski et…

— Ostrovski était l’amant de Meghan Padalin ! s’écria Anna.

Nous nous rendîmes immédiatement au Palace du Lac. En pénétrant dans le lobby de l’hôtel, nous tombâmes sur le directeur.

— Déjà ? s’étonna-t-il en nous voyant. Mais je viens à peine d’appeler.

— Appeler qui ? demanda Derek.

— Eh bien, la police, répondit le directeur. C’est à propos de Meta Ostrovski : il vient de quitter l’hôtel, apparemment une urgence à New York. Ce sont les femmes de chambre qui m’ont prévenu.

— Mais de quoi, bon sang ? s’impatienta Derek.

— Venez, suivez-moi.

Le directeur nous conduisit jusqu’à la suite 310 qu’avait occupée Ostrovski et ouvrit la porte au moyen de son passe. Nous pénétrâmes dans la chambre et nous découvrîmes alors, collés au mur, une multitude d’articles concernant le quadruple meurtre, la disparition de Stephanie, notre enquête, et partout des photos de Meghan Padalin.

4.

La Disparition de Stephanie Mailer.

Samedi 2 août — Lundi 4 août 2014

JESSE ROSENBERG

Samedi 2 août 2014

7 jours après la première

Ostrovski était-il le fameux troisième homme ?

Nous avions perdu sa trace depuis la veille. Nous savions seulement qu’il était retourné à New York : les caméras de surveillance de la NYPD l’avaient filmé à bord de sa voiture, passant le Manhattan Bridge. Mais il n’était pas rentré chez lui. Son appartement était désert. Son portable était coupé, rendant impossible toute localisation, et il avait pour toute famille une vieille sœur, elle aussi introuvable et injoignable. Derek et moi étions donc en planque devant son immeuble depuis presque vingt-quatre heures. C’était tout ce que nous pouvions faire pour le moment.

Toutes les pistes menaient à lui : il avait été l’amant de Meghan Padalin de janvier à juin 1994. L’hôtel de la Rose du Nord avait pu nous confirmer qu’il avait séjourné très régulièrement dans la région pendant tout le semestre. Cette année-là, il n’était pas venu dans les Hamptons uniquement à l’occasion du festival de théâtre d’Orphea. Il était là depuis des mois. Certainement pour Meghan. Aussi n’avait-il pas supporté qu’elle le quitte. Il l’avait tuée le soir de la première, ainsi que la famille Gordon, témoins malheureux du meurtre. Il avait eu le temps de faire l’aller-retour à pied et d’être dans la salle de spectacle pour le début de la pièce. Il avait pu ensuite donner son avis après la représentation dans les journaux pour que tout le monde sache qu’il était au Grand Théâtre ce soir-là. L’alibi était parfait.

Un peu plus tôt dans la journée, Anna était allée montrer une photo d’Ostrovski à Miranda Bird dans l’espoir qu’elle l’identifierait, mais cette dernière n'avait aucune certitude :

— Ça pourrait bien être lui, avait-elle dit, mais c’est difficile de l’affirmer vingt ans plus tard.

— Êtes-vous certaine qu’il avait un tatouage ? avait demandé Anna. Parce que Ostrovski n’en a jamais eu.

— Je ne sais plus, avait avoué Miranda. Est-ce que je confondrais ?

Pendant que nous traquions Ostrovski à New York, à Orphea, Anna, dans la salle des archives de l’Orphea Chronicle, avait repris tous les éléments du dossier avec Kirk Harvey et Michael Bird. Ils voulaient s’assurer qu’ils ne passaient à côté de rien. Ils étaient fatigués, affamés. Ils n’avaient quasiment rien mangé de la journée à part des bonbons et des chocolats que Michael allait, à intervalles réguliers, chercher à l’étage dans le tiroir de son bureau qui en était rempli.

Kirk ne quittait pas des yeux le mur couvert d’annotations, d’images et de coupures de presse. Il finit par dire à Anna :

— Pourquoi est-ce que le nom de la femme qui pourrait identifier le meurtrier n’apparaît pas ? Il est juste inscrit parmi les témoins : « la femme du motel de la route 16 ». Les autres sont nommés.

— C’est vrai ça, releva à son tour Michael. Comment s’appelle-t-elle ? Ça peut être important.

— C’est Jesse qui s’en est occupé, répondit Anna. Il faudra lui demander. De toute façon elle ne se souvient de rien. Ne perdons pas de temps avec cela.

Mais Kirk ne lâcha pas le morceau.

— J’ai regardé dans le dossier de la police d’État de 1994 : ce témoin n’y apparaît pas. C’est donc un élément nouveau ?

— Il faudra demander à Jesse, répéta Anna.

Comme Kirk insistait encore, Anna réclama gentiment quelques chocolats à Michael, qui s’éclipsa. Elle en profita pour résumer rapidement la situation à Kirk, espérant qu’il comprendrait l’importance de ne plus mentionner ce témoin devant Michael.

— Oh, mon Dieu, chuchota Kirk, je ne peux pas y croire : la femme de Michael jouait les prostituées pour Jeremiah Fold ?

— La ferme, Kirk ! lui ordonna Anna. Bouclez-la ! Si vous l’ouvrez, je vous jure que je vous tire dessus.

Anna regrettait déjà de lui en avoir parlé. Elle pressentait qu’il allait gaffer. Michael revint dans la salle avec un sac de bonbons.

— Alors ce témoin ? demanda-t-il.

— On est déjà au point suivant, lui sourit Anna. Nous parlions d’Ostrovski.

— Je ne vois pas tellement Ostrovski massacrer une famille entière, dit alors Michael.

— Oh, tu sais, il ne faut pas se fier aux apparences, lui fit remarquer Kirk. Parfois on croit connaître les gens et on découvre des secrets étonnants sur eux.

— Peu importe, intervint Anna en fusillant Kirk du regard, on verra bien ce qu’il en est une fois que Jesse et Derek auront mis la main sur Ostrovski.

— Des nouvelles d’eux ? demanda Michael.

— Aucune.

*

Il était 20 heures 30 à New York, devant l’immeuble d’Ostrovski.

Derek et moi étions sur le point de renoncer à notre planque, lorsque nous vîmes Ostrovski arriver sur le trottoir, marchant d’un pas tranquille. Nous bondîmes de notre voiture, revolver en main, et nous ruâmes sur lui pour l’intercepter.

— Mais vous êtes complètement fou, Jesse, gémit Ostrovski, tandis que je le plaquais contre un mur pour lui passer les menottes.

— On sait tout, Ostrovski ! m’écriai-je. C’est terminé !

— Que savez-vous ?

— Vous avez tué Meghan Padalin et les Gordon. Ainsi que Stephanie Mailer et Cody Illinois.

— Quoi ? hurla Ostrovski. Mais vous êtes malades !

Un attroupement de badauds était en train de se former autour de nous. Certains filmaient la scène avec leur téléphone portable.