[28] L'Enfer fut créé par Dieu pour punir les anges rebelles: sa création répond donc à une volonté de justice.
[29] Le Pouvoir (le Père), la Sagesse (le Saint-Esprit) et l'Amour (le Fils) sont les trois principaux attributs de la Trinité. C'est pour souligner l'unité de la Trinité que Dante emploie pour ces trois sujets un verbe singulier, cf. Gelli, I, 239.
[30] Avant l'Enfer, Dieu n'avait créé que le ciel, la terre et les anges, qui sont éternels. Ailleurs (Paradis, XXIX, 48), il est dit qu'entre la création des anges et la révolte de Lucifer, le laps de temps qui s'écoula ne fut pas plus grand que celui dont on a besoin pour compter jusqu'à vingt; l'Enfer est donc d'une vingtaine de secondes plus jeune que les autres créations éternelles.
[31] En italien, eterna, interprété généralement comme eternamente. Cependant, cette abréviation est. anormale. Compte tenu du fait que c'est la porte de l'Enfer, et non pas l'Enfer lui-même, qui est censée parler ainsi, il est peut-être préférable de conserver l'adjectif. Bien entendu, si la partie est éternelle, le tout le sera a fortiori.
[32] «La vérité est le bien de l'intellect» (Dante, Convivio, II, 23).
[33] Ce sont les lâches, les mous et les indifférents qui ont fui les responsabilités et qui n'ont pas voulu prendre parti.
[34] On considère généralement qu'il s'agit du pape Célestin V, élu le 5 juillet 1294, qui abandonna la tiare le 13 décembre suivant et mourut avant 1300. Cette identification est suggérée par les anciens commentateurs; mais Boccace en parle comme d'une hypothèse douteuse, et elle le reste toujours. D'autres ont pensé à Esaii, qui vendit son héritage pour un plat de lentilles (Landino), à Ponce Pilate, ou à Dioclétien, qui abandonna l'Empire (Pietro di Dante). On a proposé modernement le riche qui refusa de suivre le Christ et de devenir apôtre (Matthieu, XIX: 21); Cf G. Albarelli, La soluzione d'un enigma dantesco, dans Giornale dantesco, 1930, pp. 295-297.
[35] En italien, truono. Les commentateurs (Scartazzini-Vandelli) lisent tuono et interprètent «bruit de l'Enfer», mais cette interprétation est évidemment forcée. Le bruit de l'Enfer est constant, et par conséquent n'aurait su réveiller le poète en sursaut. Il s'agit donc d'un bruit soudain. Le point de vue des commentateurs s'explique surtout par la répétition du mot truono au v. 9, où il signifie effectivement «bruit, rumeur».
[36] L'Enfer se présente au regard du poète comme un profond entonnoir, qu'il examine d'en haut. Les parois de l'entonnoir forment une pente entrecoupée de neuf paliers principaux, qui sont les neuf cercles de l'Enfer. Chaque palier ou terrasse fait le tour complet de l'entonnoir et finit au-dessus du palier suivant, dont il est séparé par une sorte de mur ou éboulis de rochers. Ce mur de séparation présente naturellement deux pentes, dont l'extérieure, qui borde le palier supérieur, est plus courte que l'intérieure, qui descend jusqu'au bord de la terrasse suivante. Parfois les deux poètes passent d'un palier à l'autre en montant sur les rochers, d'autres fois ils empruntent des sentiers ou des escaliers; mais ils descendent en faisant le tour de la fosse de gauche à droite, dans le sens de la vis. Dante indique la topographie du fond de l'Enfer, au fur et à mesure qu'il avance; mais on trouvera au chant XI une vue d'ensemble sur les derniers cercles, qui comportent de nombreuses sous-divisions.
[37] Le premier cercle de l'Enfer est le limbe, où résident les âmes de ceux qui, sans s'être rendus coupables de fautes réelles, n'ont pas eu accès au salut, pour avoir ignoré la foi de vérité. Leur unique tourment est d'avoir perdu à tout jamais tout espoir de rédemption.
[38] Le Christ, qui descendit aux Enfers pour en tirer les âmes des justes de la loi ancienne.
[39] Le puissant seigneur est Homère. Mais il ne faut pas entendre que c'est lui qui plane comme un aigle au-dessus des autres: Dante ne connaissait Homère que de nom. C'est son chant qui est supérieur aux autres, car il s'agit d'un poème épique, ou tragique d'après la nomenclature employée par Dante; et la tragédie, telle qu'il l'entendait, se place bien au-dessus de la satire, représentée par Horace, ou de la comédie, qu'incarne Ovide.
[40] Le symbolisme de ce château n'a pas été expliqué de façon satisfaisante. Il représente peut-être les sept arts libéraux, illustrés par les occupants de ce secteur du limbe. D'après d'autres commentateurs, il représente les sept vertus, ce qui serait étrange dans l'Enfer, ou les sept parties de la philosophie.
[41] Ces personnages, comme Euriale, Nyssus et Turnus, cités ailleurs (Enfer, I, 107), rappellent la grande geste, si chère au poète, de la fondation de Rome, car ils appartiennent à la légende d'Énée. Seule Penthésilée, amazone vaincue par Achille, est étrangère à cette légende; mais son nom vient aussi de L'Énéide.
[42] De ces Romaines illustres, Lucrèce est la plus connue. Marcia est la femme de Caton d'Utique. Julie, fille de César, fut femme de Pompée; et Cornélie fut mère des deux Gracques.
[43] Aristote.
[44] Démocrite d'Abdère enseignait que le monde est le produit fortuit de la rencontre d'atomes divers.
[45] Le commentaire par excellence, celui d'Averroès aux oeuvres d'Aristote.
[46] Le deuxième cercle est celui des luxurieux, coupables des péchés de la chair et punis par une tempête constante qui les emporte et les tourmente sans cesse. La peine est analogue au péché, qui fut de se laisser emporter par la passion et par les impulsions de la chair.
[47] Minos, roi de Crète, mari de Pasiphaé, était déjà regardé par les païens comme l'un des trois juges de l'Enfer; mais c'est Dante qui l'a transformé en bête à queue, diable ou Minotaure.
[48] Ces vers sont la répétition textuelle de deux vers antérieurs, chant III, vers 94-95.
[49] Didon.
[50] Achille était tombé amoureux de Polyxène, fille de Priam: cette passion nouvelle fut le dernier aiguillon qui le poussait à la guerre, et l'occasion de sa mort.
[51] Paolo Malatesta et Francesca de Rimini. Francesca, fille de Guido, seigneur de Polenta, épousa après 1275 Gianciotto Malatesta, sire de Rimini, seigneur puissant, mais d'une remarquable laideur. Elle le trompa avec son beau-frère, qui était marié lui-même; et Gianciotto les tua tous les deux, vers 1285. Dante a connu peut-être les détails de leur aventure à Ravenne, où il passa les dernières années de sa vie, auprès de Guido Novello de Polenta, neveu de Françoise; cependant Boccace est d'un autre avis: «Je pense qu'il s'agit plutôt d'une fiction formée sur ce qui apparaissait comme possible, car je ne pense pas que l'auteur ait pu savoir comment cela s'était passé.» Cf. M. Barbi, Francesca da Rimini, dans Con Dante e coi suoi interpreti, Florence 1941, pp. 117-151.