[120] Renier de Corneto fut un brigand des grands chemins dans la maremme romaine. L'autre Renier, de la famille des Pazzi de Valdarno, se fit connaître en 1267 par l'assassinat d'un évêque, ce qui lui valut l'excommunication et le bannissement de Florence pour lui et pour tous ses complices.
[121] Au-delà du Phlégéton, les deux poètes ont pénétré dans le deuxième giron du septième cercle. On y trouve les violents contre eux-mêmes et contre leurs biens, c'est-à-dire les suicidés et les dissipateurs. Les âmes des suicidés tombent dans ce giron et y germent comme des sorbiers; et celles des dissipateurs courent dans la forêt, poursuivies et déchirées par des chiennes.
[122] Cécine est un petit fleuve au sud de Livourne; Comète est une petite ville près de Civitavecchia. Grosso modo, ces points extrêmes indiquent la portion de la côte occidentale de l'Italie, qui fait face à l'île de Corse; elle semble avoir été connue anciennement par son terrain marécageux, insalubre et couvert de fourrés.
[123] Les Troyens d'Énée, abordant aux Strophades, deux îles de la mer Ionienne, eurent maille à partir avec les Harpies, d'après ce qu'en raconte Virgile, Énéide, III. L'une de ces Harpies prédit aux Troyens les malheurs qui les guettaient encore.
[124] Ces sables forment le troisième giron de ce cercle.
[125] Au troisième livre de L'Énéide, Virgile racontait qu'Énée, arrivé en Thrace, avait arraché quelques rejetons d'une plante; celle-ci fit rejaillir du sang par ses blessures, tandis qu'une voix en sortait, celle de Polydore, enterré à cet endroit. Dante avait donc connaissance de cette métamorphose; mais Virgile la considère si difficile à croire, qu'il préfère le laisser s'en convaincre par lui-même.
[126] Pier delle Vigne, originaire de Capoue, ministre de l'empereur Frédéric II et auteur de lettres latines qui furent longtemps considérées comme un modèle d'élégance. Accusé de trahison, il fut mis en prison, et l'empereur lui fit crever les yeux, en 1248; et son désespoir fut tel, qu'il se donna la mort, l'année suivante. Dante n'est pas le seul à croire que l'accusation de trahison était injuste et dictée par l'envie.
[127] Le premier est l'esprit de Lano, de Sienne, qui mourut en 1287, dans la bataille de Toppo, où les Siennois furent battus par les Arétins. Boccace prétend que Lano y avait cherché la mort, pour échapper à la misère; mais le texte de Dante ne donne pas à entendre qu'il s'y était conduit en héros. Le second, Giacomo da Sant'Andréa, de Padoue, mis à mort par Ezzelin da Romano en 1239, fut célèbre par sa folle prodigalité. Selon Gelli, II, 42, «il fit beaucoup de choses qui semblent plutôt d'un fou que d'un prodigue; ainsi, allant une fois de Padoue à Venise, il jeta à la mer un grand nombre de pièces de monnaie de dix écus, poules voir danser sur l'eau».
[128] La ville est Florence, dont l'ancien patron était Mars remplacé depuis par saint Jean-Baptiste. Les guerres qui firent tant souffrir Florence, dit Dante, ne sont qu'une vengeance de son ancien patron.
[129] Lors de la transformation du sanctuaire de Mars en église de Saint-Jean-Baptiste, la statue du dieu païen avait été dressée au bord de l'Arno, sur un haut pilier. Lorsque Florence fut détruite par Attila, la statue tomba dans le fleuve. Au temps de Charlemagne, la ville fut reconstruite; on voulut remettre en place le monument détruit, mais on n'en put retrouver qu'un fragment presque informe, qui fut néanmoins remis sur un piédestal. C'est à ce débris que fait allusion Dante; il disparut lors d'une inondation de l'Arno, en 1333. L'opinion des Florentins, à l'époque de Dante, est qu'il s'agissait d'un fragment authentique de la statue du dieu; selon certains historiens modernes, il faudrait penser plutôt à quelque statue de l'époque barbare.
[130] Ce suicide a été identifié à Lotto degli Agli, un juge qui s'était pendu pour avoir rendu un mauvais jugement (Benvenuto d'Imola), ou à Rocco de' Mozzi, qui s'était suicidé parce qu'il venait d'être ruiné. Selon Boccace, Dante avait tu le nom du suicidé, pour ménager sa famille, ou parce que les suicides étaient très nombreux à l'époque de notre poète.
[131] C'est le troisième et dernier giron du septième cercle, qui contient les violents contre Dieu. Les blasphémateurs sont punis par la pluie de feu qui s'abat sur eux, pendant qu'ils restent assis ou couchés sur le sable ardent. Ceux qui ont violé la loi de nature, les sodomites, circulent sous cette même pluie de feu.
[132] L'histoire légendaire d'Alexandre le Grand, telle que la connut le Moyen Age, parle en effet de cette pluie de feu. Il semble cependant que le détail de l'ordre donné par Alexandre à ses soldats a été pris par Dante dans Albert le Grand, De Meteoris, I, 4.
[133] Le combat des dieux contre les géants, qui prétendaient entasser Pélion sur Ossa, pour escalader le ciel.
[134] L'un des sept rois de Grèce confédérés contre Thèbes. Après avoir escaladé la muraille de la ville, il défia Jupiter, qui le punit en le frappant de sa foudre. Cet épisode est raconté par Stace dans sa Thébaïde, chant X, où la bataille de Phlégra est aussi mentionnée.
[135] Le Bulicame est une source d'eau minérale chaude qui forme un petit lac de couleur rougeâtre, à proximité de Viterbe. Les courtisanes de la région tenaient maison ouverte sous le prétexte de bains publics; et c'est pour leurs bains qu'elles mettaient à profit l'eau chaude de cette source. Le fleuve que l'on compare au Bulicame est le Phlégéton, dont il a déjà été question.
[136] Le premier roi de Crète fut Saturne, qui régna pendant l'âge d'or de l'humanité.
[137] Rhéa, femme de Saturne, avait caché là son fils Jupiter, dont elle faisait couvrir les vagissements par le bruit et les cris des Curetés: Saturne, en effet, prévenu que son fils allait lui prendre son trône, mangeait tous ses enfants.
[138] Note absente dans l’édition.
[139] La légende du Vieillard de Crète est la vision de Nabuchodonosor, racontée par Daniel, II, 31. Le sens qu'entend lui donner Dante n'est pas tout à fait clair. H semble qu'il veut dire que l'humanité, corrompue par le péché, garde intacte sa tête d'or, c'est-à-dire la raison; les fissures de son corps, qui suintent des larmes, source des fleuves de l'Enfer, semblent être les péchés qui alimentent les cercles infernaux (Busnelli; Vandelli). On a voulu voir dans le pied de terre cuite la corruption de l'Église (Ottimo Commente), ou bien l'Empire d'Occident mal assuré (S. Santangelo, II Veglio di Creta, dans Studi letterari, Miscellanea in onore di Emilio Santini, Palerme 1956, pp. 113-123). Son dos tourné vers Damiette, c'est-à-dire vers l'Orient, semble indiquer que c'est de là que vient l'humanité, ou peut-être l'Empire; et s'il regarde vers Rome, c'est parce que c'est là qu'ont placé leur espoir tous les hommes.