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[237] Ce sont des Florentins: Agnolo Brunelleschi, d'une famille distinguée, mais soupçonné de s'être approprié les deniers publics; Buoso Donati (selon d'autres commentateurs, Buoso degli Abati), dont l'identité n'a pas été bien établie; et Puccio Sciancato, de la famille des Galigaï. Les transformations qui suivent, et dont le poète parle avant d'avoir individualisé ses personnages, sont difficiles à comprendre, si l'on ne tient pas compte des noms des trois.

Agnolo se métamorphosera en serpent, échangeant son être premier avec Cianfa Donati; et ensuite c'est Buoso qui devient serpent, par voie d'échange avec Francesco Cavalcanti.

[238] Cianfa Donati, qui de serpent deviendra homme, était mort avant 1289. Il appartenait à la famille de Gemma nonati, la femme de Dante, et paraît avoir joui d'une belle réputation de larron.

[239] Ces deux Romains, qui appartenaient à l'armée de Caton, moururent par suite des morsures des serpents, dans le désert de Libye; c'est du moins ce que rapporte Lucain, dans sa Pharsale, chant IX. Il est question de Cadmus changé en serpent et d'Aréthuse transformée en fontaine dans les Métamorphoses d'Ovide, aux chants IV, 563-603, et V, 572-661.

[240] À Puccio Sciancato, le seul des trois qui ne souffre aucune métamorphose.

[241] Le serpent qui avait mordu Buoso est maintenant Francesco Cavalcanti. Il avait été tué par les habitants de Gaville, qui eurent beaucoup à souffrir par la suite de la vengeance de ce crime, qui fit parmi eux d'innombrables victimes.

[242] Les deux poètes remontent le talus qu'ils venaient de descendre (chant XXIV, 72-81) pour visiter la septième fosse. Une fois en haut, ils ont sous leurs pieds la huitième fosse, occupée par les conseillers de la fraude, qui circulent sous une enveloppe de flammes.

[243] Le prophète Élisée. Comme des enfants se moquaient de lui, deux ours sortirent soudain, qui mangèrent quarante-deux d'entre eux (Rois IV, 11: 23-24). Il vit en effet le char d'Élie monter au ciel (Rois IV, 11: 11-12).

[244] Étéocle et Polynice, fils incestueux d'Œdipe et de Jocaste et frères ennemis, finirent par s'entre-tuer, et leurs corps furent brûlés sur le même bûcher. Cependant, de leurs cadavres qui brûlaient sortirent deux flammes qui se séparèrent aussitôt, formant deux pointes qui semblaient se combattre encore. La double flamme que regarde Dante se sépare parce que, selon les commentateurs, ceux qui se sont unis pour le mal finissent par devenir ennemis.

[245] Le portrait d'Ulysse n'était déjà pas très flatteur dans le poème de Virgile. Son association avec Diomède dans la même damnation s'explique par des méfaits communs, tels que ceux que mentionne Dante; mais cette association n'était pas indiquée par les sources classiques.

[246] Le sens de cette phrase n'est pas clair; et les interprétations que l'on en offre sont insuffisantes. On pense en général que cela signifie:

«Comme ils sont Grecs, donc orgueilleux, ils pourraient te mépriser.» Cependant, le texte italien, traduit à la lettre, dit seulement: «Car peut-être seront-ils revêches, en t'écoutant, parce que ce sont des Grecs.» Cela semble dire que ce n'est pas pour la personne de Dante que Virgile craint le mépris, mais pour sa façon de parler. Il pensait peut-être que, comme pour les Grecs, tous les étrangers étaient des barbares, Ulysse et Diomède pourraient fort bien traiter Dante comme tel.

[247] La question que Virgile pose à Ulysse peut paraître curieuse. Ce n'est pas Dante qui la lui pose: il semble que dernier, en tant qu'auteur du poème, attache une grande f portance à cet épisode – qui l'a d'ailleurs – puisqu'il l'introduit d'une manière un peu inattendue. Il ne parle pas d’Ulysse en tant qu'Ulysse, mais il se sert de lui comme d'un simple prétexte pour placer cette description d'un périple inventé par lui – puisque l'épisode qu'il raconte ici ne coïncide nullement avec les traditions classiques. Nous avons essayé de prouver ailleurs que le voyage d'Ulysse, tel qu'il est raconté ici, reproduit l'expédition des frères Vivaldi aux îles Canaries, en 1296; cf. Al. Ciora-nescu, Dante y las Canarias, dans Estudios de literatura espanola y comparada, La Laguna 1954, pp. 9-27.

[248] Sur ce passage, cf. F. Ageno, dans Studi danteschi, 1957, pp. 205-209.

[249] Les Colonnes d'Hercule, aujourd'hui Gibraltar, signalaient la fin du monde connu et réputé habitable. Naturellement, les Anciens connaissaient la côte occidentale du continent européen, et ils franchissaient les Colonnes, puisque Cadix, la plus vieille cité d'Europe, se trouve au-delà. On les entendait comme limite du monde connu, dans le sens qu'il n'y avait pas de continent au-delà et que, d'ailleurs, la vie n'y était pas possible. C'est vers ce monde mystérieux, où mourait tous les jours le soleil, qu'Ulysse prétend se diriger.

[250] Les navigateurs avaient donc dépassé la ligne de l'équateur.

[251] Après cinq mois de navigation, Ulysse était arrivé devant une grande montagne qui surgissait de l'eau. C'est la montagne du Purgatoire, antipode de Jérusalem: et l'on comprend que Dieu ait puni l'audace de ce mortel qui, mû par la simple curiosité, vient ainsi explorer l'inconnu et le monde des morts. Du point de vue géographique, cette grande montagne pourrait être l'Atlas des Anciens, le Teid des Canaries d'aujourd'hui, où la mythologie plaçait jadis les Champs-Élysées. Les Canaries étaient mal connues encore, à l'époque de Dante; c'est ce qui pourrait expliquer la position qu'il leur attribue, au sud de l'équateur; c'est probablement l'expédition déjà mentionnée des Vivaldi partie de Gênes, qui avait attiré son attention sur ces parages.

[252] Perillos, Athénien, avait fait cadeau à Phalaris, tyran d'Agrigente, d'un taureau d'airain creux, conçu pour y enfermer des condamnés et le rougir à blanc. Phalaris en fit la première expérience sur l'auteur lui-même.

[253] En italien: «lstra ten va, più non t'adizzo», phrase qui est effectivement du lombard. Dante ne veut peut-être pas nous faire croire qu'il parlait avec Virgile en italien; mais Virgile était Lombard, d'après ce qu'il en dit lui-même (Enfer, I, 68). On a discuté pour savoir si cette expression est un échantillon de langage courtois, ou s'il ne témoigne pas d'une dureté inattendue de la part du poète. Selon A. Vallone, Letteratura italiana, XI, 1959, p. 22, il s'agirait d'une formule de congé, sans aucune intention péjorative. Cependant, il ne faut pas oublier que Virgile parle à un damné, qui ne mérite la courtoisie que juste ce qu'il faut pour capter sa bienveillance pour le faire parler; la façon de se séparer des damnés et le jugement qu'on porte sur eux ne sont jamais bienveillants. Guido de Polenta le Vieux, père de Françoise de fut seigneur de Ravenne de 1275 à 1310; il avait aigle pour armes et il était en même temps seigneur de Cervia, sur la côte de l'Adriatique et au sud je Ravenne.