[29] San Léo, près de San Marino, appartenait au duché d’Urbin; on n’y montait anciennement que par un sentier taillé dans le roc. Noli, sur la Riviera italienne, se trouve isolé au fond d’un cirque d’étroites falaises difficilement accessibles. Bismantova, au sud de Reggio Emilia, possédait un château fort, maintenant disparu, et d’un accès également difficile. Le texte italien, tel que le donnent les documents les plus connus, est: Montasi su in Bismantova e in Cacume. Les commentateurs qui admettent cette leçon identifient Cacume avec une montagne de ce nom, dans les Marais Pontins. Nous préférons lire, avec Torraca et d’autres commentateurs, cacume «sommet»; d’autant plus que la montagne de Cacume n’est pas réputée pour la difficulté de son accès.
[30] La montée des deux poètes les conduit au palier ou replat de l’Antipurgatoire; les négligents y attendent d’être admis dans le Purgatoire, un temps égal à celui de leur vie sur terre.
[31] Le quadrant ou quart de cercle a 90 degrés; l’angle de la pente suivie par les deux poètes avait donc de 45 à 90 degrés, c’est-à-dire qu’il s’approchait de la verticale.
[32] Regardant le lever du soleil, Dante s’étonne de le voir aller à gauche: c’est une idée qui lui vient de Lucain, Pharsale, IX, 538-539. Pour mieux la comprendre, il faut partir de l’observation de l’orbite céleste, faite à Jérusalem: là, Dante sait que l’on voit le soleil courir du Gange à l’Océan, soit de gauche à droite, puisqu’il suit sur le ciel la ligne équatoriale, qui est au sud de Jérusalem. Pour qui le regarde du Purgatoire, qui a l’équateur au nord, le soleil court de l’Océan vers le Gange, c’est-à-dire de gauche à droite. C’est ce que Virgile lui explique plus loin.
[33] En d’autres termes: Si le soleil n’était pas maintenant dans la constellation du Bélier, mais dans celle des Gémeaux, qui se trouve plus au nord, tu verrais sa route passer bien plus près des Ourses, c’est-à-dire du Pôle Nord, qu’elle ne le fait.
[34] Plus on arrive haut sur la montagne du Purgatoire plus on se délivre de la charge des péchés, et plus l’ascension devient aisée. Le voyage est donc pénible au commencement – et de là les efforts visibles du poète pour gravir le bas de la montagne.
[35] Florentin, fabricant de manches de rebecs et de luths. Nous n’en savons que ce qu’en raconte le commentateur du XIVe siècle connu sous le nom d’Anonyme Florentin: «C’était l’homme du monde le plus paresseux qui ait jamais existé. On raconte de lui qu’il arrivait le matin à sa boutique, il s’y asseyait et ne se levait plus avant d’aller manger et se coucher. Notre auteur était fort son familier et lui reprochait souvent cette négligence. Un jour qu’il le lui reprochait encore, Belacqua lui répondit avec les paroles d’Aristote: «C’est dans le repos et dans la tranquillité que l’âme acquiert la sagesse.» Alors l’auteur lui répondit: «Certes, si c’est en restant assis que l’on devient sage, il n’y a pas de plus sage que toi.»
[36] Un des sept psaumes de la pénitence.
[37] En portant aux vivants leurs nouvelles, ou en priant pour eux, comme il promet de le faire parfois.
[38] Les âmes de ceux qui furent négligents et n’eurent pas assez de temps pour le repentir, à cause de leur mort violente, occupent la seconde terrasse de l’Antipurgatoire.
[39] Iacopo del Cassero, originaire de Fano, podestat de Bologne (1296-1297), se trouvait à Fano lorsqu’il fut appelé à Milan pour être podestat. Pour éviter les terres d’Azzo VIII d’Esté, marquis de Ferrare, qui était son pire ennemi, il voulut se rendre à Milan par Venise et Padoue. C’est dans le territoire de Padoue, «pays d’Anténor», à Oriago, qu’il fut surpris et assassiné par les sbires du marquis; on voit toujours sa sépulture dans l’église de Saint-Dominique de Fano.
[40] La Marche d’Ancône, qui va de la Romagne au nord, jusqu’au royaume de Naples, où régnait alors Charles II d’Anjou.
[41] Anténor (cf. la note 309 de l’Enfer) passait pour avoir été le fondateur de la ville de Padoue.
[42] S’il avait choisi, alors que ses persécuteurs l’avaient découvert à Oriago, de se diriger vers Mira, qui est sur la route de Padoue, Iacopo pense qu’il eût pu se sauver. Il suivit cependant une inspiration malencontreuse, en se dirigeant vers des marais, qui l’arrêtèrent dans sa marche, et où il se fit attraper par ses assassins.
[43] Buonconte de Montefeltre était le fils de ce Guido de Montefeltre, conseiller de la fraude, sur lequel cf. l’Enfer, note 259. Il conduisait les Gibelins d’Arezzo à la bataille de Campaldin, dans laquelle il trouva la mort, le 11 juin 1289. Dante avait combattu dans les range Florentins, dans cette même bataille.
[44] Campaldino se trouve dans le Casentin, qui est vallée supérieure de l’Arno. Archiano est un affluent de ce fleuve; et l’ermitage dont il est parlé est celui des camaldules de saint Romuald, près du joug de Falterona: ces deux noms sont mentionnés par le poète, saint Romuald et Paradis, XXII, 49, et Falterona au Purgatoire, XIV, 17.
[45] Là où disparaît le nom d’Archiano, parce que la rivière de ce nom se verse dans l’Arno.
[46] Pratomagno et la Giogana sont les deux massifs qui bornent la campagne de Campaldin.
[47] Pia dei Tolomei, de Sienne, femme de Nello dei Pannocchieschi, seigneur du château della Pietra, dans la Maremme. Son mari, désireux d’épouser Marguerite Aldo-brandeschi, trois fois veuve, avait fait tuer sa femme; il semble qu’il la fit jeter du haut d’une fenêtre de son château, en simulant ensuite un accident. Cet assassinat dut être perpétré entre 1297 et 1300.
[48] Benincasa de Laterina, juge à Arezzo, fut assassiné par Ghino di Tacco, de Sienne, personnage mentionné dans le Décaméron de Boccace, pour venger un parent que ce juge avait condamné, d’ailleurs justement.
[49] Guccio dei Tarlati, de Pietramala dans la région d’Arezzo, se noya dans l’Arno en poursuivant les Bostoli, ses ennemis.
[50] Frédéric, fils de Guido Novello, des comtes Guidi, tué un Bostoli de la famille mentionnée dans la note précédente, vers 1290. Selon les anciens commentateurs, celui de Pise est Farinata, fils de Marzucco degli Scorgiani, de Pise. Son père, vaillant chevalier, avait fini par entrer dans l’Ordre de Saint-François. Farinata ayant été tué par un certain Beccio da Caprona, son père prêcha dans son oraison funèbre la paix et le pardon, et vint baiser la main du tueur de son fils.
[51] Orso degli Alberti, fils de Napoléon Alberti, comte de Mangona (cf. Enfer, note 303), avait été tué par Alberto Alberti, son cousin.