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Quelle ne fut pas sa stupéfaction quand il apprit, chez lui, que Glafira était depuis longtemps revenue du théâtre. Elle avait beaucoup souffert des dents, avait mandé un médecin, s’était fait mettre des sangsues. Glafira, au lit, attendait Ivan Andreievitch.

Ivan Andreievitch se frappa le front. Enfin il se rendit dans la chambre à coucher de sa femme.

– Où diable passez-vous votre temps? Regardez-vous donc et voyez dans quel état vous êtes! En voilà une figure! Où vous êtes-vous fourré? Réfléchissez, Monsieur, votre femme se meurt, et on court toute la ville pour vous trouver. Où étiez-vous? Vous vouliez encore me prendre en flagrant délit, vous cherchiez à m’empêcher de me trouver au rendez-vous fixé? Je ne sais à qui du reste! Honteux, Monsieur! On vous montrera bientôt du doigt.

– Mon trésor, répondit Ivan Andreievitch.

Mais il se sentit si fortement gêné qu’il dut prendre son mouchoir dans sa poche. Il interrompit la phrase commencée, ne trouvant ni pensée, ni parole… Alors, avec stupeur, avec effroi, avec horreur, lorsqu’il tira son mouchoir, il vit le défunt Amichka tomber sur le tapis. Il n’avait pas remarqué que, tout en rampant hors du lit, dans sa crise de désespoir, il avait fourré dans sa poche Amichka. Ivan Andreievitch espérait ainsi effacer toute trace de son acte, détruire toute preuve de son crime et éviter la punition méritée.

– Qu’est-ce que c’est? cria l’épouse. Un petit chien mort? Seigneur! D’où vient-il? Mais qu’avez-vous donc fait? Où étiez-vous? Répondez vite, où étiez-vous?

– Mon cher trésor… Ivan Andreievitch se sentit plus mort qu’Amichka. Ma chérie…

Mais nous allons quitter ici notre héros, jusqu’à la prochaine fois. Un jour ou l’autre, ô mes lecteurs, nous terminerons l’histoire de tous ses malheurs, de toutes les épreuves que le destin fit subir à Ivan Andreievitch. Avouez cependant que la jalousie est une passion inexcusable, plus même: une calamité.

(1860)