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— Rebouche-moi ça, qu'on puisse rentrer, ordonna Zalachenko.

Il fallut un moment à Ronald Niedermann, encore à moitié aveuglé, pour remettre la terre. Il rejeta sur le terrain alentour celle qui était en trop à grands coups de pelletées vigoureuses.

Zalachenko fuma une cigarette tout en contemplant le travail de Niedermann. Il tremblait toujours, mais l'adrénaline commençait à refluer. Il ressentait un soudain soulagement qu'elle soit éliminée. Il se rappelait encore ses yeux à l'instant où elle avait lancé sa bombe incendiaire tant d'années auparavant.

Il était 21 heures quand Zalachenko regarda autour de lui et hocha la tête. Ils réussirent à retrouver le Sig Sauer de Niedermann parmi les buissons. Puis ils retournèrent à la maison. Zalachenko se sentait merveilleusement satisfait. Il consacra un moment à soigner la main de Niedermann. Le coup de pelle avait ouvert une plaie profonde et il fut obligé de sortir une aiguille et du fil pour la recoudre — chose qu'il avait apprise dès l'école militaire à Novossibirsk quand il avait quinze ans. Il n'avait en tout cas pas besoin de faire une anesthésie. En revanche, il était possible que la plaie soit grave au point d'obliger Niedermann à aller à l'hôpital. Il fit un pansement avec attelle.

Quand il eut fini, il s'ouvrit une bière pendant que Niedermann se rinçait les yeux dans la salle de bains.

32

JEUDI 7 AVRIL

MIKAEL BLOMKVIST ARRIVA à la gare centrale de Göteborg peu après 21 heures. Le X2000 avait rattrapé une partie de son retard, mais pas complètement. Mikael avait passé la dernière heure du trajet à appeler des agences de location de voitures. Il avait d'abord essayé de trouver une voiture à Alingsås dans l'intention d'y descendre du train, mais cela se révéla impossible si tard le soir. Il finit par abandonner et réussit à trouver une Volkswagen via une réservation d'hôtel à Göteborg. La voiture serait disponible à Jârntorget. Il laissa tomber les transports en commun complexes de Göteborg avec leur système de billets si incompréhensible qu'il fallait être au moins ingénieur de l'espace pour comprendre. Il prit un taxi.

Quand finalement il prit livraison de la voiture, il découvrit qu'il n'y avait pas d'atlas routier dans le vide-poches. Il se rendit à une station-service ouverte le soir et fit quelques emplettes. En plus de l'atlas, il acheta une lampe de poche, une bouteille d'eau minérale et un café à emporter qu'il posa dans l'anneau sur le tableau de bord prévu pour cet usage. Il était 22 h 30 avant qu'il dépasse Partille en quittant Göteborg vers le nord. Il prit la route pour Alingsås.

A 21 H 30, UN RENARD MÂLE passa devant la tombe de Lisbeth Salander. Le renard s'arrêta et regarda autour de lui, inquiet. Il savait d'instinct que quelque chose était enterré là, mais il jugea la proie trop difficile à atteindre pour que ça vaille la peine de creuser. Il pouvait trouver des proies plus faciles.

Quelque part tout près un animal nocturne inconscient du danger bruissait et le renard dressa tout de suite les oreilles. Il fit un pas prudent. Mais avant de poursuivre la chasse, il leva la patte arrière et marqua son territoire en pissant.

BUBLANSKI NE PASSAIT EN GÉNÉRAL pas d'appels téléphoniques en rapport avec le travail le soir, mais cette fois-ci il ne sut résister. Il souleva le combiné et composa le numéro de Sonja Modig.

— Excuse-moi de t'appeler si tard. Tu es réveillée ?

— T'inquiète pas.

— Je viens de terminer de lire le rapport de 1991.

— Je comprends que tu aies eu autant de mal que moi à le lâcher.

— Sonja... comment est-ce que tu interprètes ce qui se passe ?

— Il me semble que Gunnar Björck, nom bien en vue sur la liste des michetons, a fait placer Lisbeth Salander en asile de fous après qu'elle avait essayé de les protéger, sa mère et elle, d'un assassin au cerveau dérangé qui travaillait pour la Säpo. En cela, il a été assisté par Peter Teleborian qui a procédé à une évaluation de l'état psychique de Lisbeth Salander sur laquelle, à notre tour, nous avons basé une grande partie de notre jugement.

— Ceci change totalement l'image d'elle.

— Ça explique certaines choses.

— Sonja, est-ce que tu peux venir me chercher demain à 8 heures ?

— Bien sûr.

— On ira à Smådalarö pour une petite conversation avec Gunnar Björck. J'ai fait faire une vérif sur lui. Il est en arrêt maladie.

— Je me réjouis d'avance.

— Je crois qu'il va nous falloir revoir totalement notre jugement sur Lisbeth Salander.

LARS BECKMAN JETA UN REGARD en coin vers sa femme. Erika Berger se tenait devant la fenêtre du séjour et contemplait la baie. Elle avait son téléphone portable à la main et il savait qu'elle attendait un appel de Mikael Blomkvist. Elle avait l'air tellement malheureuse qu'il s'approcha et l'entoura de son bras.

— Blomkvist est un grand garçon, dit-il. Mais si tu t'inquiètes vraiment à ce point, tu devrais appeler ce flic.

Erika Berger soupira.

— J'aurais dû le faire il y a des heures. Mais ce n'est pas pour ça que je suis malheureuse.

— C'est quelque chose que je devrais savoir ? demanda Lars.

Elle hocha la tête.

— Raconte.

— Il y a quelque chose que je t'ai caché. Et à Mikael. Et à tout le monde à la rédaction.

— Caché ?

Elle se tourna vers son mari et raconta qu'elle avait accepté le poste de rédactrice en chef à Svenska Morgon-Posten. Lars Beckman haussa les sourcils.

— Je ne comprends pas pourquoi tu n'as rien raconté, dit-il. C'est un truc énorme pour toi. Toutes mes félicitations.

— C'est simplement que j'ai l'impression de commettre une trahison, j'imagine.

— Mikael comprendra. Tout le monde doit tracer sa route quand l'heure est venue. Et elle est venue pour toi maintenant.

— Je sais.

— Tu t'es réellement décidée ?

— Oui. Je me suis décidée. Mais je n'ai pas eu le courage de l'annoncer à qui que ce soit. Et j'ai l'impression d'abandonner le navire en plein chaos.

Il serra sa femme dans ses bras.

DRAGAN ARMANSKIJ SE FROTTA les yeux et regarda l'obscurité de l'autre côté des fenêtres du centre de rééducation d'Ersta.

— On devrait appeler Bublanski, dit-il.

— Non, dit Holger Palmgren. Ni Bublanski ni personne de chez les autorités n'a jamais levé un doigt pour la défendre. Laisse-la faire ce qu'elle doit faire, maintenant.

Armanskij regarda l'ancien tuteur de Lisbeth Salander. Il était toujours stupéfié par l'amélioration manifeste de l'état de santé de Palmgren depuis sa dernière visite à Noël. Il y avait toujours le bafouillage, mais Palmgren avait une toute nouvelle vitalité dans le regard. Il y avait aussi une rage chez Palmgren qu'il n'avait jamais connue avant. Au cours de la soirée, Palmgren avait raconté l'histoire que Mikael Blomkvist avait assemblée. Armanskij était sous le choc.