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Donc, j’avais couché par écrit un petit résumé de ma position présente. En classant tout par ordre. Ce qui donnait :

1. Lombar Hisst avait besoin de drogue sur Voltar afin de miner puis de renverser le gouvernement existant pour prendre le pouvoir.

1. a) Blito-P3 est l’unique source connue pour de telles drogues.

1. b) La base a été installée sur Terre afin de faciliter l’exportation des drogues sur Voltar.

2. Delbert John Rockecenter, à titre personnel, par actions et d’autres moyens, contrôlait l’ensemble des sociétés pharmaceutiques de la planète.

2. a) Delbert John Rockecenter, par l’intermédiaire de ses banques et autres contrôlait en plus, et parmi bien d’autres choses, le gouvernement turc.

2. b) La fortune de Delbert John Rockecenter reposait sur le pétrole et le contrôle de toutes les ressources énergétiques de la Terre.

2. c) Delbert John Rockecenter pouvait être ruiné par quiconque s’attaquerait à son monopole de l’énergie.

2. d) Conclusion du 2 : Si le monopole pharmaceutique passait en d’autres mains, moins criminelles, tous nos plans s’effondreraient !

3. D’un point de vue terrestre, la présence de Jettero Heller serait extrêmement bénéfique.

3. a) La terre disposerait de carburant en abondance et à moindre prix.

3. b) Les périodes de dépression économique étant engendrées par les limitations en énergie, le soutien d’Heller aurait alors pour corollaire positif de mettre brusquement un terme à l’inflation galopante pour ouvrir une ère de prospérité.

3. c) Si Heller modifiait la nature du carburant principal, l’atmosphère de la planète serait ainsi nettoyée.

3. d) Si Heller ne réussissait pas dans sa mission, on considérerait que la planète était seule responsable de son autodestruction par la pollution.

3. e) Si le Grand Conseil venait à apprendre qu’Heller avait échoué, il déclencherait instantanément une invasion sanglante. Cela serait coûteux pour Voltar, fatal pour la Terre. Et cela, uniquement pour empêcher les habitants de la planète de rendre cette base inutilisable par leur mauvaise gestion.

3. f) Si Heller réussissait, l’invasion prévue serait décalée d’une centaine d’années, conformément au Calendrier d’Invasion.

3. g) En une centaine d’années, durant lesquelles la planète disposerait de ressources en énergie abondantes et propres, la Terre parviendrait sans doute à un niveau technologique plus élevé. Elle aurait alors droit à un type d’invasion appelé « C.P. » (pour Coopération Pacifique). Voltar, dans ce cas, n’exigerait que quelques bases et n’interférerait que très peu avec les affaires intérieures de la Terre. Il n’y aurait pas de destruction, le sang ne serait pas répandu et tout le monde serait satisfait.

3. h) La présence de Jettero Heller sur Terre était un don des Dieux, pour Voltar autant que pour la Terre.

4. Soltan Gris avait la preuve que Lombar Hisst avait placé un assassin dans l’entourage de Soltan Gris.

4. a) Si ledit Soltan Gris n’obéissait pas aux ordres de Lombar le susdit assassin mettrait un terme à l’existence de Soltan Gris avec préméditation, ignominie et cruauté !

CONCLUSION :

Exécuter au doigt et à l’œil les ordres de Lombar Hisst, consciencieusement et avec zèle ! Et sans poser de questions !

Si je puis me permettre cette réflexion, ce résumé était des plus brillants. Non seulement il couvrait l’essentiel, mais il éclairait tous les points particuliers les plus importants. Oui, c’était un petit chef-d’œuvre !

Nous descendions donc, à l’insu des systèmes de surveillance primitifs dont disposaient les forces militaires de la planète. Leur radar était du type que nous appelons « l’arc et la flèche ». Facile à neutraliser.

Nous sommes arrivés droit sur la cible, l’illusion électronique de montagne. Je dois dire ici que, pirate ou pas, la capitaine Stabb maniait remarquablement son vaisseau. Il n’y eut qu’une seule secousse, assez forte, à l’instant où nous nous posâmes sur la remorqueuse.

Puis le vaisseau se mit à vibrer : la remorqueuse nous transporta sur le côté, dans un des hangars creusés sous le roc, libérant la zone de débarquement pour d’autres transits.

J’allai tapoter amicalement le dos du capitaine Stabb. Désormais, nous étions amis.

— Excellente arrivée, lui dis-je. Je n’aurais pas fait mieux moi-même.

Il m’adressa un regard rayonnant.

— Maintenant, il y a une chose que je vais vous demander en tant qu’ami, ajoutai-je. C’est d’avertir tous les gens de l’Appareil que vous rencontrerez que le rigolo que nous avons amené avec nous est en réalité un agent de la Couronne nanti d’ordres secrets pour exécuter tous ceux qui ont un crime à se reprocher. Dites-leur que si jamais ils lui adressent la parole, ils risquent leur peau.

Le capitaine ne se le fit pas dire deux fois. Une seconde après que le sas eut été ouvert, il se rua sur l’échelle de coupée comme un ouragan pour aller répandre la nouvelle, sous prétexte d’aller entamer les procédures d’arrivée. Oui, ce capitaine, c’était du gâteau.,.

Une porte s’ouvrit au bout de la coursive et Heller s’engagea sur les échelons tout en me demandant :

— Vous n’avez rien contre, si je me balade un peu ?

— Bien au contraire, lançai-je d’un ton enjoué. Vous pouvez même vous plonger un peu dans la couleur locale. Tenez, voilà un bon pour la Section Habillement. C’est juste au bout. Pourquoi ne feriez-vous pas un petit tour en ville ? Il est encore tôt. Tenez : un bon d’autorisation pour emprunter un véhicule. Il y a pas mal de gens qui parlent l’anglais en Turquie, donc pas de problème. Bien sûr, vous n’avez pas encore de papiers, mais personne ne vous fera d’ennuis. Dites simplement que vous êtes un technicien nouvellement débarqué, affecté à la station de satellites. Prenez du bon temps, éclatez-vous, oubliez tout ! ajoutai-je dans mon plus parfait anglais commercial avec un rire joyeux.

Tandis qu’il descendait calmement l’échelle, je l’observai. Il disparut dans le tunnel qui conduisait à la Section Habillement. Oui, c’était vraiment un gosse stupide dans toute cette partie qui se jouait, et moi j’étais un vieux professionnel.

Mes bagages étaient prêts. Je hélai un type du hangar et, quelques minutes après, tout était chargé sur une plate-forme et j’étais en route.

Il y avait un défaut majeur dans les hangars de Blito-P3. En Turquie, les séismes sont fréquents et particulièrement redoutables et un tel volume creusé dans la roche nécessite un soutènement considérable. Lorsque les vaisseaux arrivent, on déconnecte les cônes pour les remettre en place ensuite. Il y avait près d’un an que je n’étais pas venu et j’avais oublié ce détail. J’étais donc en plein dans le champ à la seconde où ils se remirent en place et je faillis être étendu raide. Ce qui me rendit un peu plus sévère et intraitable que je ne l’aurais été d’ordinaire car, à dire vrai, j’étais transporté de joie à la seule pensée que je quittais enfin ce (bip) de remorqueur !