Certaines affections peuvent être la cause d’abcès d’un type spécial : telle est l’amibiase*, qui peut donner des abcès du foie, du poumon, et dont la caractéristique, outre la localisation, est
l’aspect du pus, couleur chocolat.
Abcès froid
On désigne sous ce nom les abcès dus au bacille de Koch, que l’on observe au cours de la tuberculose* osseuse et ostéo-articulaire, et certains abcès dus à des champignons microscopiques responsables des mycoses*.
Abcès de fixation
Ce procédé thérapeutique, imaginé en 1900 par Fochier (de Lyon), consistait à provoquer artificiellement un abcès dans le but de fixer les éléments nocifs d’une maladie et de renforcer les défenses de l’organisme. L’abcès était provoqué par l’injection sous-cutanée d’essence de té-
rébenthine. Ce procédé n’est plus guère employé en thérapeutique.
J. P.
✐ P. Convers, les Indications en dermatologie de l’abcès de fixation complété par la cortico-thérapie (Bosc fr., Lyon, 1957). / Ch. Boursier, Abcès froid pleural de l’enfant et son traitement (thèse, Paris, 1965).
‘Abd al-‘Azīz III
ibn Sa‘ūd
(Riyāḍ 1880 - id. 1953), roi d’Arabie Saoudite (1932-1953).
Quand il naît à Riyāḍ, capitale du Nadjd, ses deux oncles Muḥammad et
‘Abd Allāh se disputent un pouvoir qui perpétue timidement la dynastie saou-dite. Son père, ‘Abd al-Raḥman, imām des wahhābites, poursuit la tradition du grand réformateur Muḥammad ibn ‘Abd al-Wahhāb (1703-1792). Écarté du pouvoir politique, suspecté par ses deux frères, ‘Abd al-Raḥman se consacre à sa mission religieuse et à l’éducation de ses enfants, qu’il élève dans le rigorisme de la secte wahhābite.
L’exil
En 1890, les Saoudites perdent le contrôle du Nadjd au profit du roi de Ḥā’il, Muḥammad ibn Rachīd († 1897), qui, exploitant la rivalité des oncles de ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd, s’empare de Riyāḍ avec l’appui des Turcs.
Muḥammad et ‘Abd Allāh sont assassinés, mais ‘Abd al-Raḥman, considéré comme inoffensif, est épargné. Devenu, après la mort de ses deux frères, le chef de la dynastie des Saoudites, ce dernier entreprend de venger l’honneur de la famille. En 1891, il réussit à libérer Riyāḍ. Mais, mieux armé, ibn Rachīd reprend très vite la ville, et ‘Abd al-Raḥman quitte le Nadjd avec les siens pour échapper au massacre ; ils se réfugient dans le Rub‘ al-Khālī, grand dé-
sert de pierre où la vie est une véritable gageure. Quelque temps après, en 1895, ils sont délivrés de cet enfer par l’émir du Koweït, Muḥammad, qui leur offre l’hospitalité.
‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd est alors âgé de quinze ans. En 1898, il se lie d’amitié avec le frère de l’émir, le cheikh Mubārak ibn Ṣabbāḥ, qui parfait son instruction avant de le prendre comme secrétaire. L’année suivante, Mubārak s’empare du pouvoir avec la compli-cité des Anglais, qui veulent s’assurer le contrôle du port de Koweït pour l’intérêt stratégique et économique qu’il représente au Moyen-Orient. ‘Abd al-
‘Azīz ibn Sa‘ūd s’initie alors, aux côtés du nouvel émir, au jeu complexe de la politique internationale. Mais sa principale préoccupation reste l’unité de l’Arabie sous la bannière wahhābite.
Il s’agit plus précisément de ressusciter le royaume de son ancêtre Sa‘ūd le Grand, qui comprend le Nadjd, le Hedjaz, le ‘Asīr, l’Hadramaout, le Ḥasā, le Yémen, Bahreïn et même Bassora.
En 1901, la situation est propice pour passer à l’action. ‘Abd al-‘Azīz ibn Rachīd († 1906), le principal ennemi des Saoudites, marche, à l’instigation des Turcs, sur le Koweït pour chasser Mubārak, considéré comme usurpateur, et rétablir la suzeraineté ottomane sur cet émirat. ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd et son père se mettent à la tête des troupes pour sauver le Koweït et libérer par la même occasion le Nadjd de l’emprise des Rachīdites. Mais cette guerre se downloadModeText.vue.download 18 sur 543
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1
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solde par un désastre, et Mubārak ne doit son salut qu’à l’intervention de la
Grande-Bretagne.
L’occupation de Riyāḍ
Le jeune ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd ne se décourage pas. Malgré les objec-tions de son père, il quitte le Koweït à l’automne 1901 et se lance, avec des moyens rudimentaires, à la conquête de l’Arabie. Après avoir essayé vainement de soulever les tribus du Nadjd contre le joug d’ibn Rachīd, il est acculé à regagner le Rub‘ al-Khālī avec les cinquante personnes qui lui sont restées fidèles. Il se fait oublier quelque temps dans cet immense désert avant d’entreprendre l’acte le plus audacieux de sa vie : sa petite troupe parvient, en janvier 1902, à s’emparer de Riyāḍ, la capitale du Nadjd.
La conquête du Nadjd
Pour éviter d’être bloqué dans la ville,
‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd la prépare à un long siège et part harceler les troupes de l’ennemi. Pendant trois ans, il soutient une lutte acharnée contre les Rachīdites.
En 1904, il réussit, grâce à la compli-cité de la population, à s’emparer du Qasīm, le territoire le plus riche du Nadjd. Mais, quelques mois plus tard, ibn Rachīd prend sa revanche avec l’appui de troupes ottomanes. ‘Abd al-
‘Azīz ibn Sa‘ūd se pose alors en champion de l’indépendance arabe contre les Turcs et leurs alliés les Rachīdites. Sur ce thème, il soulève les tribus arabes et réussit à constituer une nouvelle armée. Il se lance ensuite à l’improviste contre les forces ennemies et remporte une grande victoire à Shinanah, petit village au nord de Riyāḍ. Les Turcs, humiliés, veulent rétablir un prestige largement compromis dans la péninsule arabique. Pour éviter de mener une guerre de front contre l’Empire ottoman, ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd conclut un accord avec les Turcs : le Sultan reconnaît la suzeraineté d’ibn Sa‘ūd sur l’ensemble du Nadjd ; en échange, celui-ci accepte le maintien d’une force militaire turque dans le Qasīm.
Toutefois, ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd ne tarde pas à susciter contre les troupes ottomanes une guérilla qui les oblige à évacuer complètement le Nadjd. Il se retourne ensuite contre ibn Rachīd, le tue et neutralise définitivement les tri-
bus de Ḥā’il, qui tombent, après la mort de leur chef, dans une anarchie totale.
En 1906, ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd est maître de la situation : il est proclamé, à l’âge de vingt-six ans, roi du Nadjd.
Il s’emploie alors à consolider son pouvoir dans cette région avant de se lancer dans la conquête de l’Arabie.
L’occupation du Ḥasā
En 1913, il profite des difficultés européennes de l’Empire ottoman pour occuper le Ḥasā, avec l’accord de l’Angleterre, et placer sous son contrôle une bonne part du littoral arabe du golfe Persique. Roi du Nadjd et du Ḥasā, il entreprend de fixer les nomades et de substituer en Arabie la notion de patrie à celle de tribu. Il réussit, non sans difficultés, à installer sur les points d’eau des colonies agricoles à caractère religieux et militaire : les ikhwān, ou
« frères ». Celles-ci ne tardent pas à constituer une armée d’autant plus efficace qu’elle se propose pour mission la diffusion de la doctrine wahhābite dans toute la péninsule arabique. ‘Abd al-‘Azīz ibn Sa‘ūd compte sur cette armée de puristes pour occuper le Hedjaz et enlever au chérif de La Mecque, Ḥusayn ibn ‘Alī, la garde des villes saintes. Mais l’éclatement de la Première Guerre mondiale en 1914 vient gêner ce projet. Pour contrôler la mer Rouge et assurer la sécurité de la route des Indes, les Anglais gagnent à leur cause le chérif de La Mecque, qui proclame à la fin de 1916 son indépendance à l’égard de la Turquie et se range aux côtés des Alliés. Forts de la protection de la Grande-Bretagne, les Hāchémites sont à l’abri des attaques de ‘Abd al-