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L’occupation marīnide

Le sultan de Fès, Abū al-Ḥasan, s’empare en 1337 de Tlemcen, après deux années de siège, et annexe le royaume des ‘Abdalwādides. Ceux-ci reviennent au pouvoir en 1359 grâce à l’intervention des Arabes, les Dowawida, qui se révoltent contre le sultan marīnide Abū

‘Inān et installent dans Tlemcen le neveu d’Abū Tāchufīn, Abū Ḥammū Mūsā II (1359-1389).

Abū Ḥammū Mūsā II

Abū Ḥammū se reconstitue un parti arabe parmi les tribus hilāliennes. Il entreprend d’occuper la ville de Bougie, alors contrôlée par les sultans du Maroc.

Cette tentative se solde par un échec total

et aboutit à une déroute. Poursuivi par une coalition d’Arabes et de Marīnides, Abū Ḥammū abandonne sa capitale pour se réfugier au Zab en 1370. Deux ans plus tard, en 1372, il profite de la mort du sultan de Fès pour regagner Tlemcen.

Grâce à son habileté et à son sens de la diplomatie, il parvient, avec le concours des Arabes Suwayd, à asseoir son autorité. Mais les Suwayd prennent le parti de son fils Abū Tūchufīn II lorsque ce dernier se dresse contre lui avec l’appui des Marīnides.

Déclin et chute

des ‘Abdalwādides

Après Abū Ḥammū, le royaume de

Tlemcen n’est plus indépendant et subit successivement les suzerainetés marīnide, ḥafṣide, espagnole, avant de tomber définitivement sous la domination des Turcs en 1550.

Le règne des ‘Abdalwādides est

marqué par un phénomène extrême-

ment important : l’arabisation des Berbères Zenāta assimilés par les tribus hilāliennes, qui les absorbent complè-

tement.

La civilisation

‘abdalwādide

Les ‘Abdalwādides laissent également le souvenir d’une dynastie pleine d’égards pour les sciences et les arts. Tlemcen, leur capitale, eut la réputation d’une cité intellectuelle dont la société était « polie, dévote et cultivée ». Les rares vestiges artistiques qui nous sont parvenus té-

moignent de l’essor de l’art tlemcénien sous les premiers princes ‘abdalwādides et de sa décadence rapide à partir d’Abū

Hammū II.

M. A.

▶ Algérie / Berbères / Ḥafṣides / Hilāliens /

Marīnides.

✐ Ibn Khaldun, Histoire des Berbères (Éd. de G. de Slane, Alger, 1852-1856). / G. Marçais, la Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen Âge (Aubier, 1946). / Ch.-A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord (Payot, 1931 ; nouv. éd. par Ch. Courtois et R. Le Tourneau, 1952-1953, 2 vol.).

Abd el-Kader

En ar. ‘ABD AL-QĀDIR, émir arabe (région de Mascara 1808 - Damas 1883).

L’émir Abd el-Kader, créateur d’un véritable État algérien, indépendant des Turcs, est aujourd’hui considéré par l’Algérie indépendante comme l’un de ses grands hommes. Mais la noblesse de son attitude après sa capture, la protection très efficace qu’il apporta aux chrétiens de Damas à la fin de sa vie lui valurent aussi un très grand prestige chez ses anciens adversaires.

Sa famille, originaire du Rif, s’était établie dans la région de Mascara, où son père, Mohieddine, était devenu, au début du XIXe s., le chef spirituel d’une communauté qui manifestait son hostilité à la domination turque.

Abd el-Kader vient au monde dans un domaine de la plaine d’Erhis, sur l’oued al-Ḥammām, au sud-ouest de Mascara.

Son éducation très pieuse ne néglige pas l’exercice des armes et, surtout, l’équitation, pour laquelle le jeune homme acquiert une grande réputation. À vingt ans, il effectue avec son père le traditionnel pèlerinage à La Mecque. Puis les pèlerins vont jusqu’à Bagdad vénérer le tombeau d’un saint, leur lointain an-cêtre. Là, Mohieddine a une vision : son aïeul lui prédit qu’Abd el-Kader régnera sur le Maghreb. Le père et le fils regagnent leur pays en 1829. L’année suivante, les Français s’emparent d’Alger.

Abd el-Kader seconde de plus en

plus efficacement son père, qui, tout en reconnaissant la suzeraineté du sultan marocain, regroupe les tribus des régions de Mascara et de Tlemcen, et prépare la résistance aux chrétiens : le 27 avril 1832, le vieux chef proclame le « djihād », la guerre sainte, et, en mai, il tente de s’emparer d’Oran. C’est un échec, mais le jeune Abd el-Kader se fait remarquer par sa vaillance En novembre, les tribus décidées à la lutte se réunissent aux portes de Mascara. Une nouvelle apparition de son ancêtre entraîne Mohieddine à demander le pouvoir pour son fils. L’assemblée choisit avec enthousiasme Abd el-Kader comme sultan : le jeune chef se contente, en fait, du titre plus simple d’« émir », car il reconnaît comme son père la suprématie du sultan du Maroc.

Dès 1833, Abd el-Kader reprend la lutte contre les Français, commandés par un nouvel arrivé, le général Desmichels, qui veut « se donner de l’air » aux dépens de tribus situées dans la mouvance du jeune émir. Mais Desmichels, devant les critiques de plus en plus vives formulées en métropole contre les projets de conquête, en vient vite à rechercher l’entente avec son adversaire : le traité du 26 février 1834 reconnaît à Abd el-Kader le titre de « commandeur des croyants » et lui laisse encore son autorité sur tout l’ancien beylicat d’Oran, jusqu’à Miliana à l’est. L’année suivante, en avril 1835, l’émir étend même son pouvoir jusqu’à Médéa,

aux dépens de tribus qui se sont soulevées contre les Français : ces derniers, en position difficile, ne peuvent guère s’opposer à cette expansion.

Mais le général Trézel a remplacé, à Oran, le général Desmichels, considéré comme trop faible. Les conflits reprennent bientôt avec les Arabes, les Français voulant prendre sous leur protection des tribus qu’Abd el-Kader considère de sa dépendance. Le 28 juin, l’émir inflige à Trézel un rude échec à la Macta. Sous l’impulsion du maréchal Clauzel, nommé

gouverneur général de l’Algérie, la contre-offensive française aboutit à l’occupation de Mascara (6 déc.), puis de Tlemcen (13 janv. 1836). En fait, les forces de l’émir se reconstituent très vite et reprennent les territoires que les Français, trop peu nombreux, ne peuvent occuper. Pour rétablir la situation, Louis-Philippe envoie en Algérie un chef réputé, Bugeaud, qui remporte un premier succès au ravin de la Sikkak (6 juill. 1836). En novembre, Bugeaud échoue cependant

dans une tentative contre Constantine : Abd el-Kader en profite pour bloquer Oran, et le nouveau commandant en chef français doit traiter avec l’émir, en mai 1837, près de la Tafna.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1

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Abd el-Kader voit son domaine

étendu jusqu’aux confins du beylicat

de Constantine. Celui-ci s’effondre après la prise de sa capitale par les Français en octobre 1837, ce qui ne résout pas les problèmes de souveraineté sur ce territoire. Dans le nouveau vide politique ainsi créé, les Français et Abd el-Kader vont s’affronter : des interprétations divergentes du traité conduiront à la renaissance de la guerre, au dernier épisode de la lutte d’Abd el-Kader. Bugeaud veut faire signer à l’émir un traité additionnel pour fixer, de façon plus restrictive, la limite du domaine arabe. Les Français n’obtiennent que l’accord personnel de l’ambassadeur d’Abd el-Kader, et ce dernier estimera comme un acte de guerre l’expédition que dirigera le duc d’Orléans pour relier Constantine à Alger, à travers des territoires dont il déniait aux Français le droit de les traverser. Les combats reprennent dans la Mitidja en novembre 1839. Les Français connaissent une période difficile. En décembre 1840, Bugeaud est nommé gouverneur

général de l’Algérie pour rétablir la situation. Ses « colonnes mobiles »

occupent les principales villes de l’intérieur qui étaient tenues par Abd el-Kader : dès 1841, Tagdempt (près de Tiaret), Mascara, Boghar et, en 1842, Tlemcen. En même temps, les Français s’attaquent à ce qui fait l’essentiel des richesses des tribus alliées de l’émir : les troupeaux sont confisqués, les récoltes détruites. La guerre prend un caractère inexpiable, et les ressources d’Abd el-Kader diminuent avec la ruine sans cesse aggravée des régions qu’il parcourt. Enfin, le 16 mai 1843, un officier du duc d’Aumale découvre par hasard l’immense campement formé par la capitale mobile de l’émir, la smala. Une charge de cavalerie la disperse. Le coup est très rude pour Abd el-Kader, qui doit se réfugier sur les confins marocains.