3. Les « États » (1000-1500 apr. J.-
C.). Les principales civilisations que trouvèrent les Espagnols à leur arrivée en 1535, et les seules qu’ils décrivirent dans leurs chroniques, sont celles des Taironas, dans les plaines du Nord, et des Muiscas (groupe chibeha), dans les Andes. C’étaient de petites fédé-
rations de villages, localement assez puissantes, mais qui n’atteignirent cependant pas le niveau de civilisation de l’État inca des Andes centrales. La densité de population était élevée, les sociétés organisées et hiérarchisées, les arts et les techniques florissants. La poterie tairona et l’orfèvrerie muisca en témoignent. L’origine de la culture muisca est peut-être à rechercher dans la région amazonienne.
• Le Venezuela.
L’agriculture et la poterie appa-
raissent simultanément vers 1000 av.
J.-C. le long de l’Orénoque (phase Sa-ladero). Ce n’est que plusieurs siècles après, en 200 av. J.-C., que ces deux éléments apparaissent dans la région andine et sur la côte (phase Tocuyano).
La culture du manioc et des tubercules force les hommes à se sédentariser.
Ces innovations techniques sont-elles nées sur place ou furent-elles importées d’ailleurs ? Nous l’ignorons. Mais les poteries vénézuéliennes présentent des affiliations certaines avec celles de Colombie, du bassin de l’Amazone et même de Panama pour les styles les plus récents (phases Carache et Guada-lupe). Au cours des siècles, la densité de la population augmente, et les sites
croissent en nombre et en superficie.
Cependant, on n’assiste pas au Venezuela à la formation d’États puissamment organisés ; la civilisation reste le l’ail de petits groupes indépendants et, lorsque les Espagnols arrivent, ils se heurtent à des tribus disséminées.
Les marges du Sud
Par de nombreux aspects, l’archéologie de ces régions rappelle celle des Andes centrales. Comme au Pérou, les plaines côtières, les vallées andines et les piémonts de l’Est sont, au moment de la conquête européenne, le domaine d’agriculteurs sédentaires parvenus à un degré de culture assez élevé : Diaguites-Calchaquis dans le nord-ouest de l’Argentine ; Diaguites, puis Araucans dans le Chili central. Comme les Andes centrales, ces régions furent, dans les dernières décennies précédant la conquête espagnole, incorporées à l’Empire inca, qui imposa son pouvoir politique sans toutefois détruire entièrement l’originalité des cultures locales.
À la fin fin XVe s., les Diaguites-Calchaquis sont installés dans le nord-ouest de l’Argentine depuis cinq ou six cents ans. Ils habitent des villages construits en pierre et souvent fortifiés, élèvent des lamas, cultivent le maïs et la pomme de terre et savent, comme les Péruviens, pratiquer l’irrigation et downloadModeText.vue.download 539 sur 543
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1
534
la culture en terrasses. Leur poterie est très belle, décorée de motifs géomé-
triques ; les pièces les plus notables sont des grandes urnes funéraires où l’on enterre les enfants morts en bas âge.
La culture diaguite du Chili pré-
sente de nombreuses analogies avec la culture calchaqui, plus ou moins contemporaine. Le type d’architecture est semblable, et la céramique déco-rée de motifs analogues. Environ deux cents ans avant l’arrivée des Incas, c’est-à-dire vers le début du XIVe s., un groupe de populations venues peut-être
du versant oriental des Andes fait irruption au Chili central et s’installe aux dépens des autochtones, (les arrivants, les Araucans, sont également des agriculteurs. Mais, plus belliqueux que leurs prédécesseurs (ils opposeront aux Espagnols une résistance acharnée), ils négligent les arts ; leur céramique est assez grossière et rarement décorée.
Les « horticulteurs »
tropicaux
Le mode de vie de ces horticulteurs (il ne s’agit pas à proprement parler d’agriculteurs sédentaires) est caracté-
risé par le semi-nomadisme, la pratique de la culture sur brûlis qui obligent les villages à se déplacer tous les quatre ans environ, limitant ainsi l’extension et l’organisation des sociétés. La vie reste largement tributaire de la chasse, de la pêche et de la cueillette.
• L’Amazonie.
Région immense, elle englobe les
marges orientales de l’Équateur, de la Colombie, du Pérou et de la Bolivie ainsi que la majeure partie du Brésil.
L’exubérante végétation amazonienne constitue un obstacle majeur à la sé-
dentarisation des groupes humains, qui restent organisés en petites bandes et se déplacent facilement, grâce à l’extraordinaire complexité du réseau fluvial. Les premiers documents que l’on possède concernent de petits groupes de semi-sédentaires établis le long de l’Amazone et dans l’île de Marajó (culture Ananatuba) ; leur poterie rappelle par certains traits celles de la période formative au Pérou et en Équateur. En 500 apr. J.-C., toujours dans l’île de Marajó, il existe des villages fixes où les hommes pratiquent la culture intensive du manioc et du maïs, et fabriquent une poterie incisée ou peinte. Quelques siècles avant l’arrivée des Européens, le mode de vie économique n’a pas changé, mais un nouveau style de poterie apparaît dans le moyen et le bas Amazone, surtout dans la région de Santarém. C’est la poterie modelée et décorée d’incisions que trouveront les Européens lorsqu’ils pénétreront dans la forêt amazonienne.
Dans le sud du Brésil, les premières
cultures d’agriculteurs sont représentées par les niveaux à céramique tupi-guarani, que l’on trouve au sommet de certains amas de coquilles côtiers. On estime qu’ils remontent à 800 apr. J.-C.
environ. Les Tupi-Guaranis vivaient dans de petits villages et pratiquaient la pêche et la culture du maïs. Leur poterie polychrome continua d’être fabriquée jusqu’à l’époque historique.
Les chasseurs-pêcheurs
du Sud
À l’extrémité du Chili, les Andes s’émiettent en un immense archipel recouvert de forêt, au climat humide et froid. Lorsque les Européens y parvinrent, cette région était habitée par de petits groupes de pêcheurs nomades
— Alakalufs et Yahgans — vivant la majeure partie de l’année dans leurs canots de bois ou d’écorce, ou dans de petits campements provisoires.
Il n’y a aucune raison de penser que ces groupes n’étaient pas les héritiers attardés des premiers occupants de l’Amérique australe, arrivés quelque dix mille ans auparavant.
Vers l’est, les grandes pampas battues par le vent, peu favorables au développement de cultures agricoles, étaient au XVIe s, le domaine des chasseurs de guanacos et d’autruches, Onas de Terre de Feu, Tehuelches et Puelches d’Argentine, Charrúas d’Uruguay vivaient en petits groupes familiaux nomades. Leur équipement se limitait à des armes et à des instruments d’os et de pierre taillée ; les huttes et les vêtements étaient faits de peaux.
Une organisation sociale complexe, un rituel cérémoniel élaboré contrastaient avec cette économie très simple.
D. L.
✐ W. C. Bennett et J. B. Bird, Andean Culture History (New York, 1949). / G. H. S. Bushnell, Peru (Londres, 1957 ; trad. fr. le Pérou, Arthaud, 1958). / J. M. Cruxent et I. Rouse, An Archaeological Chronology of Venezuela (Washington, 1959 ; 2 vol.). / A. Métraux, les Incas (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1962). / B. J. Meg-gers et C. Evans (sous la dir. de), Aboriginal Cultural Development in Latin America (New
York, 1963).
ameublement
▶ MOBILIER.
amiante-ciment
Matériau composite, constitué d’une matrice de ciment contenant une