nie prolongée. Beaucoup plus rarement apparaissent des tumeurs amibiennes de la paroi intestinale (amoebomes).
Le traitement de l’amibiase aiguë repose dans un premier temps sur
l’administration d’amoebicides à diffusion tissulaire. L’émétine, alcaloïde de l’ipéca, est classiquement employée sous forme de chlorhydrate, avec pré-
caution, car sa toxicité pour le coeur et le système nerveux est certaine. Aussi lui préfère-t-on maintenant un dérivé synthétique, la déhydro-émétine, moins toxique. Il existe d’autres amoebicides tissulaires : conessine, chloroquine et surtout métronidazole, qui donne d’excellents résultats. Une anti-biothérapie adjuvante est indispensable.
Dans un second temps sont prescrits des amoebicides de contact, agissant au niveau de la lumière intestinale. Les dérivés arsenicaux pentavalents et les dérivés iodés de l’oxyquinoléine sont le plus souvent utilisés en cures alternées. L’abcès collecté du foie doit être ponctionné et drainé. Le traitement de l’amibiase chronique est symptoma-tique : charbon, belladone, bismuth et traditionnelles cures thermales.
La prophylaxie comporte certes
l’isolement des malades, la déclaration et la désinfection (obligatoires en France), le dépistage et le traitement des porteurs sains. Mais elle exige surtout le respect des règles d’hygiène : l’amibiase reste une « maladie des mains sales », dont la fréquence et la gravité, accrues en période de guerre ou de famine, ne seront réduites que par le développement de l’éducation sanitaire dans les pays d’endémie.
M. R.
✐ F. Blanc et F. Siguier, l’Amibiase (Expansion scientifique française, 1950). / R. Crosnier, Précis de thérapeutique de l’amibiase (Vigot, 1958). / E. C. Faust et P. F. Russell, Clinical Para-sitology (Philadelphie, 1964). / R. Deschiens, l’Amibiase et l’amibe dysentérique (Masson, 1965). / Thérapeutique usuelle de la bilharziose et de l’amibiase (Bâle, 1966).
Amibiens
Protozoaires au corps très déformable, émettant des expansions cyto-plasmiques de forme, de nature et de fonctions variées : les pseudopodes.
Les Amibiens font partie du vaste groupe des Rhizopodes, chez lesquels la « forme amibe » ne doit pas nous abuser : il s’agit d’un habitus qui ne saurait impliquer à lui seul un lien de parenté entre ses membres. Ainsi, de nombreux Amibiens présentent au cours de leur cycle un stade flagellé et sont parfois classés dans divers groupes de Zoofla-gellés. Largement cosmopolites, mais non point ubiquistes, les Amibiens ont colonisé tous les milieux de la bios-phère, l’eau douce ou marine, les sols de toute nature et les biotopes suba-
ériens, comme les mousses ou les li-tières de feuillage. Dans des conditions extrêmes, il s’agit d’espèces étroitement adaptées à la vie dans un mince film d’eau. Enfin, de nombreux Amibiens sont parasites, tant d’Invertébrés que de Vertébrés, causant parfois des maladies (amibiases*) fort graves.
Schématiquement, le corps d’un
Amibien comprend autour d’un noyau central une masse principale de cytoplasme dense, ou endoplasme, entouré l’une mince couche de cytoplasme
clair, ou ectoplasme, limité par la membrane cellulaire. L’ensemble est souvent enveloppé d’une très fine pellicule de mucopolysaccharides, le plasmalemme. Chacune de ces régions a sa fonction propre. Le plasmalemme serait responsable de l’adhésivité sélective des bactéries dont se nourrissent les Acanthamoeba. Les microbes ainsi piégés sont accumulés dans la région postérieure à mesure de la progression. La membrane se déprime en une cupule qui s’enfonce et s’isole dans le cytoplasme avec son contenu bacté-
rien : c’est une vacuole alimentaire, ou gastriole, issue du processus de phagocytose. L’ectoplasme différencie de fins pseudopodes hyalins (tactisme ?), des entonnoirs de phagocytose enrobant des proies volumineuses et des nappes antérieures pendant la locomotion, ou amiboïsme. L’endoplasme est le moteur de ce mouvement : fluide au centre (plasmasol), gélifié en périphé-
rie et en arrière (plasmagel), il s’écoule
« en fontaine » vers la seule issue, la cape ectoplasmique, qui se reforme plus en avant, et le phénomène se pour-downloadModeText.vue.download 541 sur 543
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 1
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suit. D’autres modalités sont connues, comme le roulement de « chenillettes »
ou la contraction de pseudopodes collés au substrat, mais nous sommes très ignorants quant à la nature des forces et des mécanismes moléculaires en jeu. L’endoplasme renferme au moins un noyau : les Amibiens sont des
Eucaryotes. Des fragments d’Amibe, résultant d’un fractionnement naturel (plasmoptyse) ou artificiel (mérotomie), peuvent survivre quelques heures sans noyau : ce sont les Monères des anciens auteurs (Protamoeba, Gloï-
dium). Les noyaux, de type varié, montrent toujours une dualité entre substances nucléolaire (A. R. N.) et chromatinienne (A. D. N.). Celle-ci est à l’origine des chromosomes, qui n’apparaissent que lors de la division ; les modes mitotiques sont très variés et servent de base à la classification. En outre, l’endoplasme renferme les organites cellulaires classiques (sauf rares exceptions) et les enclaves habituelles des Protozoaires. Parfois il apparaît des flagelles : ce sont alors des Rhizofla-gellés comme Mastigamoeba et Mas-
tigella (eaux douces) ou Vahlkampfia et Tetramitus (libres ou coprophiles), mais les plus « flagellés » du groupe montrent le retour à la forme amibe en deux heures par concentration ou oxygénation du milieu. Les Thécamoebiens sont logés dans une coque soit chiti-noïde (Arcella [mares] ou Hyalosphe-nia [tourbières]), soit siliceuse (Difflu-gia [mares] ou Euglypha [mousses]), rarement calcaire (Paraquadrula).
Enfin reste le groupe hétérogène des Amibiens au sens strict, libres ou parasites. Parmi les Amibes libres, citons : Amoeba proteus, l’Amibe protée, ma-tériel de prédilection en biologie cellulaire ; Pelomyxa et Cyclomyxa, à bacté-
ries symbiotiques (vases d’eau douce, anaérobies), parfois géantes (jusqu’à 5 mm) ; Thecamoeba (mousses), à pellicule imperméable ; Acanthamoeba
(sols). Les Amibes sont parasites soit inoffensives (Entamoeba gingivalis, du tartre dentaire ; Entamoeba coli, du côlon humain), soit très dangereuses, comme Entamoeba histolytica, agent de l’amibiase humaine.
J.-B. C.
✐ E. Penard, Faune rhizopodique du bassin du Léman (Kündig, Genève, 1902). / J.-B. Cru-meyrolles, Contribution à l’étude des Gymna-moebiens (D. E. S., 1967).
amides
Série de composés dérivant de l’ammoniac par au moins une acylation et, éventuellement, des alcoylations ; d’où les types variés :
Les amides incomplètement alcoylés ou acylés à l’azote se présentent à l’état dissous sous deux formes tautomères ; par exemple :
La première forme est la plus stable dans le cas des monoamides, la seconde dans celui des diamides ; les formes alcoylées à l’oxygène :
sont appelées imino-éthers.
Les diamides cycliques sont généralement appelés imides :
Les amides simples existent rare-
ment dans le règne vivant, mais les protides sont essentiellement constitués de « superpolyamides » :
les radicaux R, R′, R″... étant au nombre de 21, identiques ou différents, si l’on considère l’ensemble des protides.
Préparations
Les amides se forment dans la déshydratation thermique des sels carboxyliques d’aminés non tertiaires :
C’est une réaction équilibrée, mais, vers 180 °C, l’équilibre est très favorable à l’amide ; l’élimination de l’eau, par distillation, la rend totale.
Le résultat est plus rapide si l’on substitue à l’acide le chlorure ou l’anhydride d’acide :
L’ester conduit à une réaction
équilibrée :
L’hydratation d’un nitrile peut s’ar-rêter à l’amide primaire :
Les amides N-alcoylés se font aussi par transposition des cétoximes :