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correspondant souvent à des abrupts de faille. Les nombreuses venues de dolérites riches en fer ont contribué à « nourrir » les cuirasses de laté-

rite qui coiffent souvent les surfaces sommitales.

Le climat tropical, avec alternance d’une saison sèche et d’une saison humide (de 1 500 à 2 000 mm de pluies), est atténué par l’altitude (saison sèche réduite à quatre mois ; températures moyennes plus basses ; minimums

moyens de janvier tombant à 12 °C à Labé). Bien arrosé, formant un môle de grandes dimensions, le Fouta-Djalon apparaît comme le « château d’eau »

de l’Afrique occidentale (sources de la Gambie, du Sénégal, du Konkouré ; à sa limite, sources du Niger). La forêt claire sèche originelle ne subsiste plus qu’autour des sources et au pied des escarpements, où elle est entretenue par l’humidité. L’abus des cultures extensives et du pâturage, les feux de brousse l’ont remplacée presque partout par une savane dégradée, sou-

vent avec des sols usés, en voie de cuirassement.

Avec 1 300 000 habitants, c’est une zone surpeuplée : l’ethnie dominante, les Peuls*, y a asservi et assimilé des populations d’agriculteurs antérieures ou transplantées, contribuant à l’usure des sols par la présence simultanée de l’agriculture extensive (riz pluvial, fonio sur les sols les plus usés) et de l’élevage extensif des bovins (race ndama). La densité de population arrive à dépasser 50 habitants au kilomètre carré dans la région de Labé, et le Fouta-Djalon alimente depuis l’époque coloniale une importante émigration (vers la basse Guinée, le Sénégal).

La haute Guinée ou

plateau mandingue

C’est une surface d’érosion, ensemble de plateaux relativement bas entaillés dans le substratum ancien (granités, schistes et micaschistes birrimiens), faiblement inclinés vers le nord-est.

Le Niger et ses affluents (Tinkisso, Niandan, Milo) y entaillent de larges vallées bordées de terrasses. Le climat soudanien se caractérise par un total pluviométrique moindre (moins de 1 500 mm de pluies), une saison sèche prolongée et bien marquée (à Siguiri, 10 mm d’eau seulement de décembre à mars), où le souffle de l’harmattan contribue à abaisser le degré hygromé-

trique de l’air, un écart thermique plus marqué (maximums dépassant 40 °C

en mars-avril). La forêt, ravagée par les feux de brousse, a été presque partout remplacée par la savane arborée. La population (840 000 hab.), représentée presque exclusivement par l’ethnie des Malinkés, est relativement peu nombreuse (vastes zones de densité inférieure à 2 habitants au kilomètre carré) et inégalement répartie (concentrée dans la vallée du Niger, avec de gros villages pratiquant la riziculture inondée).

La Guinée forestière

C’est, à l’extrême sud-est, une région montagneuse, correspondant à la « dorsale guinéenne », qui n’est pas une chaîne, mais une succession de chaî-

nons isolés grossièrement parallèles, orientés N.-S. ou N.-E.-S.-O., séparés de seuils qui font communiquer versant nigérien et versant atlantique. Des gneiss, des granités, des schistes méta-morphiques se détachent des arêtes de quartzites, qui constituent les points culminants (mont Nimba : 1 854 m).

Le climat, dont les températures sont adoucies par l’altitude, est de type subéquatorial : pluies abondantes (2 700 mm à Macenta), réparties sur huit ou neuf mois, seul le mois de janvier étant vraiment sec (9 mm à Macenta). Ainsi s’expliquent la pré-

sence d’un couvert forestier (forêt dense humide), aujourd’hui très dé-

gradé par l’agriculture extensive (riz downloadModeText.vue.download 20 sur 581

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 10

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pluvial sur brûlis), et la présence du palmier à huile. L’économie moderne y a introduit le caféier. La population (930 000 hab.) se répartit entre Kissis, Tomas (ou Lomas), Guerzés (ou Kpel-lés) et Manons.

L’économie

L’agriculture

Malgré l’importance et la variété de ses aptitudes agricoles et l’existence d’un important troupeau de bovins (4,5 millions de têtes : Fouta-Djalon et plateau mandingue), la Guinée restait pour l’essentiel, à l’époque coloniale, au stade de l’économie de subsistance.

Elle y est demeurée. La principale culture vivrière est le riz (surtout riz pluvial, riz inondé dans les polders de basse Guinée et dans la vallée du Niger) ; le fonio, céréale pauvre, subsiste au Fouta-Djalon sur les sols les plus usés ; le manioc, le maïs sont fournis surtout par les « jardins de case »

féminins.

Les cultures commerciales sont

étroitement circonscrites : bananes et ananas dans le triangle Boffa-Foréca-riah-Mamou, autour de la voie ferrée ; café en région forestière. Le palmier à huile (basse Guinée et Guinée fores-

tière), objet de cueillette plus que de culture, permet quelques exportations de palmistes ; les oranges du Fouta-Djalon et la kola de Guinée forestière, comme les bovins du Fouta-Djalon, font l’objet d’exportations mal contrô-

lées vers les pays frontaliers (oranges vers le Sénégal, kola vers le Mali, bovins vers la Sierra Leone). Les exportations agricoles sont en régression : la cercosporiose a ravagé les plantations de bananiers à partir de 1956, et la trachéomycose les plantations de caféiers à partir de 1958. Le départ des planteurs européens a contribué à la chute de la production bananière, tombée de près de 100 000 t en 1955 à 64 900 t en 1958 et à 42 200 t en 1967 ; l’ananas, en revanche, progresse (2 900 t exportées en 1958 ; 8 000 t en 1966). Le café est tombé de 15 000 t (record en 1959) à 12 000 t en 1966, du fait surtout de la contrebande vers le Liberia, qui repré-

sente à peu près autant que les exportations contrôlées. Les exportations de palmistes se maintiennent autour de 20 000 t par an.

Les usines et l’industrie

Les richesses minières sont considé-

rables, mais, sauf pour le diamant (nationalisé), elles restent exploitées par des consortiums de « consommateurs » des pays industriels et apportent peu à la Guinée. La bauxite de Kassa (îles de Los) et le fer du Kaloum, seuls exploités avant 1958, sont épuisés ou abandonnés depuis 1966.

En revanche, la bauxite de Fria, transformée sur place en alumine, éva-cuée par une voie ferrée de 145 km sur Conakry, fournit en valeur les deux tiers des exportations guinéennes. La compagnie Fria est un consortium international de consommateurs d’alumine dominé par Pechiney-Ugine

(France) et Olin Mathieson (États-Unis). Aux 530 000 t d’alumine (re-présentant 1,5 Mt de bauxite) fournies par Fria, il faut ajouter 1 Mt de bauxite extraites par la firme américaine Har-vey à Tamara (îles de Los), gisement devant être relayé en 1972 par celui de Boké (production initiale prévue : de 5 à 6 Mt de bauxite, exploitées par une société dont le capital est partagé entre l’État guinéen et les principaux

groupes aluminiers internationaux).

L’exploitation des bauxites de Kindia, de Tougué, de Dabola et du fer du mont Nimba a fait l’objet d’accords avec divers pays étrangers, mais ne pourra être entreprise qu’après l’aménagement de voies ferrées d’évacuation.

C’est sur les ressources de Boké (65 p. 100 des bénéfices garantis à l’État guinéen) que compte la Guinée pour poursuivre son effort d’industrialisation entrepris dans le cadre des plans triennal (1960-1963) et septennal (1964-1970). L’usine hydro-électrique des Grandes Chutes a, depuis 1958, augmenté sa puissance de 10 000 à 35 000 kW, et une autre centrale hydro-électrique, celle de Kinkon, a été construite au Fouta-Djalon par la République populaire de Chine. La production annuelle d’énergie est passée de 20 GWh par an en 1958 à 200 GWh en 1967. En revanche, le grand projet du Konkouré (centrale hydro-électrique de 3 TWh pour alimenter une industrie d’aluminium) reste en suspens. Une série d’usines ont été édifiées avec le concours des pays socialistes (conserverie de Mamou et combinat du bois de N’Zérékoré avec l’U.R. S.S. ; tabacs et allumettes à Conakry et usine de thé de Macenta avec la Chine populaire ; etc.) ou occidentaux (usine textile de Conakry avec la Grande-Bretagne ; ustensiles d’aluminium avec les États-Unis ; etc.).