J. D.
hormone
Substance véhiculée par le sang vers un organe, dont elle stimule la fonction. Il existe des hormones naturelles, élaborées par les glandes endocrines, et des hormones préparées par synthèse.
Ainsi comprise, la notion d’hormone est relativement moderne ; mais, de toute antiquité, on a instinctivement attribué aux organes animaux, en particulier aux glandes, des vertus physiologiques et thérapeutiques, voire magiques. Les remèdes empiriques fondés sur l’emploi d’animaux ou d’organes animaux sont abondamment décrits dans les anciennes pharmacopées
jusqu’au XVIIIe s. Après une éclipse due à l’apparition de nombreux médicaments chimiques d’origine végétale, les extraits d’organes connaîtront vers la fin du XIXe s. une vogue justifiée, grâce aux travaux de Claude Bernard*, de Ch. E. Brown-Séquard, de A. Vulpian, d’Ugo Schiff (1834-1915), en France, de Giulio Vassale (1862-1912) en Italie : c’est le début de l’endocrinologie*. Les travaux des physiologistes donneront naissance à l’opothérapie, ou organothérapie, utilisant des extraits glandulaires d’une pureté relative, puis à l’hormonologie et à l’hormonothé-
rapie proprement dites. Ainsi, la première hormone connue, l’adrénaline, est décelée dans la sécrétion corticosurrénale en 1856 (Vulpian), isolée en 1901 (T. B. Aldrich, J. Takamine), analysée en 1902 (John Jacob Abel
[1857-1938]), reproduite par synthèse en 1904 (Henry Drysdale Dakin [1880-1952], Friedrich Stolz). La recherche chimique a conduit d’abord à la reproduction par synthèse d’hormones naturelles déjà connues, puis à la création de nouveaux corps, dérivés des pré-
cédents et souvent doués d’une plus grande activité thérapeutique. L’usage est de les appeler hormones de synthèse, bien que le terme d’hormone désigne primitivement la sécrétion interne d’une glande.
L’opothérapie, ou
organothérapie
Dès le début du XXe s., l’évolution des
techniques a conduit à la préparation de nombreux extraits glandulaires ; des méthodes de préparation figurent déjà au codex 1908. Pour la préparation, on utilisait des animaux jeunes : veau, mouton, porc, dont les glandes sont en général très riches en hormones, en évitant le boeuf, qui fournit cependant des glandes actives, mais qui est souvent suspect de tuberculose ganglionnaire difficile à dépister, et le cheval, qu’on abattait trop tard pour cet usage.
Les glandes sont prélevées sur l’animal aussitôt après l’abattage et débarrassées des débris de tissus voisins et des graisses. Le plus simple serait de les administrer à l’état frais, après les avoir finement hachées et pulpées ; on obtiendrait ainsi une préparation très active, mais, outre qu’elle rebuterait la plupart des malades, celle-ci aurait pour inconvénient la diversité de la teneur en principes actifs d’un animal à un autre. Diverses méthodes ont donc été proposées en vue d’obtenir un mé-
dicament d’assez bonne conservation et de composition constante et vérifiable.
Pour cela, l’organe frais est divisé par hachage et pulpage, puis soumis à des traitements extractifs : macérations successives en milieu stérile dans l’eau chloroformée, traitements par solvants, évaporation sous vide à basse tempé-
rature jusqu’à consistance d’extrait ferme (codex 1908) ou de poudre
(codex 1937). Ces poudres, de couleur grisâtre à jaune, à odeur de viande, ont une composition relativement constante pour un organe donné. Au point de vue chimique, leur constitution est très complexe (protides plus ou moins dégradés, enzymes, lipides...).
Des réactions générales (dosages de l’humidité, des cendres, examen microscopique) permettent d’en vérifier l’identité. Lorsque les composants des poudres d’organes sont susceptibles d’être détruits par les sucs digestifs, l’administration de ces médicaments ne peut se faire par la bouche.
On a alors recours à des solutés injectables par voie hypodermique ou intramusculaire, obtenus par épuisement des extraits glandulaires par un liquide aqueux convenablement tam-ponné. La pratique, aujourd’hui courante, de la lyophilisation*, appliquée à l’opothérapie, conduit à l’obtention de médicaments dont l’activité est
très comparable à celle de la glande fraîche ; en particulier, les solutés injectables sont très facilement obtenus, extemporanément, par dissolution dans un solvant convenable. Les principales glandes utilisées en fonction des hormones qu’elles renferment sont l’hypophyse (lobes antérieur et postérieur), le pancréas (sécrétion interne), l’ovaire et le corps jaune, les médullo- et corticosurrénales, le testicule, les glandes thyroïdes et parathyroïdes.
Les préparations opothérapiques
ont été largement prescrites durant la première moitié du XXe s., pures ou en associations, par voie orale ou parentérale, pour leur apport en vitamines (foie), en enzymes (en particulier enzymes digestives de leurs sécré-
tions externes) et en hormones. On leur préfère aujourd’hui ces produits eux-mêmes, vitamines, enzymes, hormones, à l’état de pureté. Toutefois, les extraits thyroïdiens, en raison de leur grande activité, sont encore assez largement utilisés.
Hormones
hypophysaires
L’hypophyse* est située à la base du crâne, dans la selle turcique. Elle est constituée par la juxtaposition de l’antéhypophyse, ou lobe antérieur, séparée par un lobe intermédiaire de la posthypophyse, ou lobe postérieur ; ces lobes constituent des entités distinctes, et leurs sécrétions hormonales sont indépendantes les unes des autres.
Antéhypophyse
Les expériences réalisées sur les animaux à qui on a enlevé l’hypophyse montrent que l’antéhypophyse tient sous sa dépendance la croissance, le développement et le fonctionnement des glandes génitales (v. testicule et ovaire), de la corticosurrénale*, de la glande thyroïde* ainsi que la sécrétion lactée. Les hormones qui président à ces diverses actions sont des polypeptides (v. protide), de poids moléculaires variant de 3 500 à 20 000 environ. La plupart d’entre elles sont de constitution encore inconnue, mais on peut les obtenir par des méthodes extractives.
y L’hormone somatotrope. Sa carence expérimentale entraîne le nanisme, la cachexie, alors que son surdosage provoque l’accélération de la croissance chez les jeunes et chez les adultes, l’hypertrophie des os, des organes splanchniques, du cortex surrénal, de la thyroïde, manifestations rappelant l’acromégalie.
y Les hormones gonadotropes, ou
gonadostimulines (au nombre de 2), dites aussi prolans A et B. La gonadostimuline A ou hormone folliculostimulante (F. S. H. des Anglo-Saxons), obtenue à partir des extraits acides, stimule la maturation ovulaire et folliculaire (puberté précoce, oestrus) chez la femelle et la spermatogenèse chez le mâle. L’oestrone (la sécrétion du follicule ovarien) inhibe l’action de la gonadostimuline A et celle de l’hormone somatotrope. La gonadostimuline B, ou hormone lutéinisante (L. H.
des Anglo-Saxons), obtenue à partir des extraits alcalins, agit sur la formation du corps jaune chez la femelle et sur la glande interstitielle chez le mâle, développant le testicule et les vésicules séminales ; elle est activée par la colchicine. Chez les femelles gravides, à côté des gonadostimulines hypophysaires, on trouve dans le sang une gonadostimuline sérique et dans l’urine une gonadotrophine chorionique d’origine placentaire. Un des constituants de cette dernière, le prolan B, ou gonadostimuline placentaire humaine, possède, en tant que protéine, des propriétés antigéniques qui permettent de la caractériser et de la doser facilement au cours de la grossesse.
y L’hormone thyréotrope. Elle stimule la glande thyroïde, et son action est exaltée par la colchicine.
y L’hormone corticotrope, ou corticostimuline. C’est l’A. C. T. H. des Anglo-Saxons (adreno-cortico-tro-phic-hormone), polypeptide de poids moléculaire voisin de 3 500, relativement stable, surtout en milieu acide ; son action stimulante sur la sécrétion de la cortisone (v. stérol) se traduit par l’augmentation du potassium, de l’azote, de l’acide urique des 11 oxy-et des 17 cétostéroïdes urinaires, par