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Les provinces wallonnes de l’Est, dominées par l’aristocratie foncière et stratégiquement indéfendables, se laissent, les premières, reconquérir.

Les provinces wallonnes méridionales, très exposées et socialement les plus menacées par la position précaire de

la noblesse, monnaient leur soumission à l’obédience royale : confédération d’Arras (6 janv. 1579), confirmée par la paix d’Arras (17 mai), où une douzaine de provinces et seigneuries méridionales se réconcilient avec Philippe II. La menace militaire, loin d’affermir la solidarité des confédérés, renforce encore les tendances particu-laristes. La reconquête du Brabant et de la Flandre substitue finalement une coupure militaire nord-sud au clivage est-ouest.

Les Provinces-Unies

L’offensive diplomatico-militaire espagnole donne au soulèvement un caractère de guerre d’indépendance non pas nationale, mais confédérale.

Les ouvertures vers la France et les avances faites à Henri duc d’Anjou valent au Taciturne, en 1580, la proscription qui lui coûtera la vie. L’année suivante, les états généraux proclament la déchéance de Philippe II au profit d’Anjou. Inefficace, le duc perd rapidement toute popularité ; un coup de main malheureux contre Anvers le contraint à se retirer en France. Destiné par les états de Hollande à prendre la succession d’Anjou comme comte de Hollande, le Taciturne meurt prématurément en 1584, victime d’un attentat.

Pater patriae

Éloquent mais secret, indécis quoique tenace, le Taciturne reste controversé.

S’est-il dressé contre le pouvoir royal avec désintéressement ou par ambition démesurée ? Son idéal politique n’était-il pas réactionnaire plutôt que révolutionnaire ? Était-il gagné à la liberté religieuse par esprit de tolérance ou par indifférence ? En dépit des incertitudes, la signification historique du Taciturne demeure : par son ralliement, il a légitimé le soulèvement.

Si, finalement, la destinée du prince se confond avec le destin politique des Provinces-Unies, c’est qu’aux moments décisifs il s’est toujours identifié à la révolte, sans pour autant renoncer à ses idéaux politiques. Quoique fonciè-

rement tolérant, le Taciturne se sentait politiquement et même religieusement plus proche des calvinistes que de

l’absolutisme et de la Contre-Réforme.

Cette double fidélité à soi et à la révolte a été consacrée par l’histoire, qui a fait du Taciturne d’abord le père de la patrie confédérale et protestante des Provinces-Unies, puis celui du royaume des Pays-Bas, débutant par l’éphémère réunion du Nord et du Sud sous une dynastie dont il est le fondateur.

P. J.

F Hollande / Orange-Nassau / Pays-Bas / Provinces-Unies.

Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, éditée par L. P. Gachard (Bruxelles, 1847-1858 ; 6 vol.). / C. V. Wed-gwood, William the Silent (Londres, 1944 ; trad. fr. Guillaume le Taciturne, Payot, 1947).

/ J. W. Berkelbach van den Sprenkel, Oranje, en de vestiging van de Nederlandse staat (Amsterdam, 1946 ; nouv. éd., 1960). / Y. Cazaux, Guillaume le Taciturne (A. Michel, 1970).

Guillaume II

d’Orange-Nassau

(La Haye 1626 - id. 1650), stathouder de Hollande (1647-1650).

Le stathoudérat de Guillaume II

marque un point culminant dans le conflit séculaire opposant le parti orangiste au parti républicain. Durant toute l’existence des Provinces-Unies s’est posé le problème politique qui était à l’origine du soulèvement contre l’Espagne : celui de l’équilibre entre le pouvoir central et le pouvoir régional.

La délimitation équivoque des attribu-tions respectives des états généraux et des états provinciaux, de même que la position ambiguë du stathouder ont entretenu un antagonisme symbolisé par l’opposition entre le pensionnaire de Hollande, chef du parti républicain, et le stathouder, porte-parole de tous les opposants à l’hégémonie de la bourgeoisie hollandaise.

Frédéric-Henri d’Orange-Nassau

(1584-1647) avait déjà oeuvré non sans succès au renforcement du stathoudérat (1625-1647) et usé de son influence au profit de son fils : à partir de 1631, Guillaume fut reconnu successivement comme héritier dans toutes les provinces, y compris la Frise,

fait sans précédent. Poursuivant une politique étrangère en accord avec ses préoccupations dynastiques, Frédéric-Henri s’était attiré les faveurs de la monarchie française en favorisant l’alliance franco-hollandaise de 1635. Les marques de considération dont il béné-

ficiait facilitèrent la conclusion d’un mariage princier à la cour d’Angleterre entre Guillaume et la fille de Charles Ier Stuart, Marie (1641).

Réagissant contre la politique étrangère du stathouder, le parti républicain profita d’abord de la vieillesse de Fré-

déric-Henri, puis du manque d’expé-

rience de Guillaume II pour opérer au détriment de la France un rapprochement spectaculaire avec l’Espagne.

Frédéric-Henri se résigna aux négociations de paix hollando-espagnoles, menées à bon terme à la veille de sa mort (1647). Guillaume II ne put pas davantage empêcher la conclusion officielle de la paix en 1648. Nostalgique du traité de partage des Pays-Bas espagnols conclu en 1635 entre Richelieu et les Provinces-Unies, il assistait avec dépit à l’aboutissement de la guerre de l’indépendance, commencée quatre-vingts ans plus tôt.

Après 1648, aucune des provinces ne remit en cause l’Union scellée à Utrecht en 1579 pour la durée de la guerre contre l’Espagne. Si la confé-

dération fut un moment ébranlée, c’est à la suite de contradictions opposant la politique dynamique et belliqueuse de Guillaume II à celle, mercantile et pacifique, des états de Hollande. À peine la paix signée, Guillaume II chercha à renouer avec la France l’alliance visant le démembrement des Pays-Bas espagnols, dont l’affaiblissement rassurait la Hollande, tandis que le voisinage éventuel de la France l’inquiétait. Par downloadModeText.vue.download 10 sur 581

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 10

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ailleurs, il entendait intervenir aux côtés des Stuarts dans la guerre civile anglaise, alors que la Hollande jugeait essentiel à ses intérêts commerciaux le maintien de bons rapports avec l’Angleterre républicaine de Cromwell.

L’épreuve de force entre le parti orangiste et le parti républicain s’engagea en 1650 au sujet de la fixation du taux de démobilisation. Décidé à asseoir son autorité par l’intimidation, Guillaume II fit arrêter plusieurs repré-

sentants des états de Hollande au même moment où un coup d’État frappait Amsterdam, bastion de l’opposition.

L’effet de surprise ayant été déjoué, la ville fut assiégée. Mais les deux partis, l’un et l’autre enclins à négocier un compromis, dénouèrent la crise au bout de quelques jours. L’issue de cette confrontation restait incertaine.

Quelques représentants ayant été symboliquement écartés, la magistrature urbaine hollandaise sauvegardait son autonomie vis-à-vis du stathouder.

La mort impromptue de Guillaume II provoqua un retournement de la situation. Nul ne sait si les Provinces-Unies auraient connu à leur tour une guerre civile à l’exemple de l’Angleterre ou de la France, ni si une victoire du parti orangiste aurait signifié la reprise des hostilités aux côtés de la France contre l’Espagne et l’intervention des Provinces-Unies dans les affaires anglaises. Par contre, la disparition de Guillaume II au moment où son successeur n’était pas encore né assurait pour un temps le règne sans partage du parti républicain et du grand pensionnaire Jean de Witt.