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P. J.

F Hollande / Orange-Nassau / Provinces-Unies.

A. Waddington, la République des Provinces-Unies, la France et les Pays-Bas espagnols de 1630 à 1650 (Alcan, 1895-1897 ; 2 vol.). / G. W. Kernkamp, Prins Willem II (Amsterdam, 1942).

Guillaume III

(La Haye 1650 - Kensington 1702), stathouder des Provinces-Unies (1672-1702), roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande (1689-1702).

Dans l’ombre de

Jean de Witt

Guillaume naît huit jours après la mort inopinée de son père, le stathouder

Guillaume II, emporté le 6 novembre 1650 par la petite vérole. Cette disparition jette le désarroi dans le parti orangiste, qui vient de triompher des états de Hollande. Ceux-ci tirent tout de suite parti de l’événement. À leur demande, une assemblée générale

des états des sept provinces décide de déclarer chaque province souveraine et de ne pas donner de successeur à Guillaume II dans ses charges de capitaine général et de stathouder de cinq provinces. Ainsi triomphent les thèses républicaines favorables à l’hégémonie de la province de Hollande. Jusqu’en 1672, le grand pensionnaire Jean de Witt* va dominer de sa personnalité la République néerlandaise, arrivée à l’apogée de sa puissance. De leur côté, les orangistes attendront impatiemment, pour reprendre le pouvoir, que le jeune Guillaume III ait atteint l’âge d’homme.

Protégé par son oncle Charles II —

sa mère est Marie Stuart, fille aînée de Charles Ier —, Guillaume est éduqué par le plus implacable ennemi de sa famille, Jean de Witt, qui croit ainsi pouvoir neutraliser définitivement la remuante dynastie d’Orange. En fait, le grand pensionnaire minimisera toujours la valeur du jeune prince, qui se révèle rapidement d’une intelligence précoce et aussi, dans un milieu hostile, d’une impénétrable froideur.

Le temps semblant travailler pour lui, Jean de Witt se préoccupe de consolider le régime de 1651 en développant les libertés urbaines et en essayant de rendre impossible l’arrivée au pouvoir de Guillaume. En 1654, à la demande de Cromwell, les états de Hollande s’engagent, par l’Acte de « séclusion »

ou d’exclusion, à exclure à jamais la maison d’Orange du stathoudérat de la province ; en 1667, ils votent l’abolition de la charge elle-même ; en 1670, l’Acte d’harmonie interdit le cumul des fonctions de capitaine général et de stathouder d’une des six autres provinces ; cependant, Guillaume III, qui vient d’avoir vingt ans, devient membre du Conseil d’État.

L’invasion des Provinces-Unies par

les Français en 1672 renverse toutes ces barrières. Devant l’imminence du péril et sous la pression de l’opinion publique, Jean de Witt laisse les états généraux nommer, le 24 février 1672, Guillaume III capitaine et amiral gé-

néral pour la durée de la campagne.

Bientôt le passage du Rhin par les troupes de Louis XIV (12 juin) et la prise d’Utrecht (20 juin) provoquent un sursaut national. Et, tandis que l’ouverture des digues sauve Amsterdam, les états de Zélande, le 2 juillet, nomment Guillaume stathouder ; le 3, ceux de Hollande en font autant ; le 8, les états généraux acceptent le rétablissement du stathoudérat et, malgré l’Acte d’harmonie, nomment Guillaume capitaine général et amiral général à vie.

Le 20 août, l’assassinat de Jean et de Cornelis de Witt assure le triomphe des downloadModeText.vue.download 11 sur 581

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 10

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orangistes. Guillaume reçoit le droit de choisir les membres des conseils de ville et tous les officiers jusqu’au grade de colonel ; en 1675, ses charges de stathouder (de cinq provinces) et de capitaine général sont déclarées héré-

ditaires. S’appuyant sur le grand pensionnaire Caspar Pagel, un orangiste, il vient à bout de l’opposition républicaine et des émeutes fomentées à Haarlem et à Amsterdam.

Le maître des

Provinces-Unies

Dès lors, Guillaume peut se donner entièrement à son rôle d’animateur de la résistance hollandaise face aux Fran-

çais. Mieux : champion de l’équilibre européen et du protestantisme menacés par Louis XIV, il organise la résistance européenne. Avec l’Angleterre

— longtemps hostile aux ProvincesUnies —, il signe en 1674 une paix séparée ; en 1677, il épouse sa cousine Marie, fille du duc d’York — le futur Jacques II. Parallèlement, il gagne l’appui de l’empereur, de l’Espagne et de plusieurs princes allemands. Si bien qu’à Nimègue, en 1678, il obtient des conditions inespérées, puisqu’elles maintiennent l’intégrité du territoire

néerlandais.

Il pousse alors ses avantages contre Louis XIV. Il est l’âme de la Ligue d’Augsbourg, origine d’une guerre qui coûtera cher à la république des Provinces-Unies ; cependant, les états généraux, inquiets de la politique du nouveau roi d’Angleterre, Jacques II*, acceptent d’aider son gendre Guillaume à passer en Angleterre, d’autant que l’offensive française sur le Palatinat (oct. 1688) écarte pour la république tout danger immédiat.

Guillaume, qui a réuni 600 vais-

seaux de transport et 15 000 soldats, débarque à Torbay le 5 novembre

1688. Il entre à Exeter, marche sur Salisbury, où s’est concentrée l’armée royale ; mais celle-ci bat en retraite vers Londres et se débande. Jacques II, abandonné de tous, s’enfuit : il est ar-rêté à Faversham et ramené à Londres.

Guillaume, embarrassé, favorise une seconde fuite en France de son beau-père : elle réussit.

À Londres, le prince d’Orange agit avec prudence ; c’est par les lords qu’il se fait confier le gouvernement provisoire du royaume et décide l’élection de ce qui va être le Parlement Convention. Celui-ci, réuni à Westminster le 22 janvier 1689, met au point la Dé-

claration des droits (Bill of Rights), qui, après avoir énuméré les illégalités commises par Jacques II, rappelle les droits respectifs du roi et du Parlement. Le trône étant déclaré vacant, Guillaume III d’Orange et Marie II Stuart sont proclamés conjointement roi et reine d’Angleterre (22 janv.), après avoir accepté la Déclaration des droits, que l’Acte de Tolérance (Tole-ration Act) vient compléter le 24 mai.

Roi d’Angleterre

Assez facilement accepté en Écosse, Guillaume III doit imposer par la force son autorité dans l’Irlande jacobite.

Vainqueur sur la Boyne en juillet 1690, il se consacre dès lors à la guerre contre Louis XIV. À la paix de Ryswick

(1697), les Provinces-Unies se voient accorder par la France d’importants avantages commerciaux et le droit de tenir garnison dans quelques places

fortes des Pays-Bas espagnols voisines de la frontière française (places dites de la Barrière). Surtout Louis XIV, qui a accueilli les jacobites, accepte de reconnaître Guillaume III et son épouse comme souverains d’Angleterre.

La présence presque permanente du roi sur le continent contribue à étendre progressivement les droits du Parlement britannique au détriment de la prérogative royale. Après la mort de Marie, sans enfants, en décembre 1694, Guillaume règne seul. Il doit faire face en 1696 à un complot jacobite et à une grave crise économique provoquée par la prolongation de la guerre contre la France : cette crise est surmontée grâce à une augmentation du capital de la Banque d’Angleterre, cependant que la paix est signée à Ryswick. La mort, en juillet 1700, du dernier fils d’Anne Stuart, héritière désignée de Marie et de Guillaume, pose le problème de la succession au trône d’Angleterre : l’Acte de succession (Act of Settlement)

[10 févr. 1701] prévoit finalement que la Couronne reviendra à la petite-fille de Jacques Ier, la protestante Sophie de Hanovre, et à ses héritiers.

Or, voici que, le 1er février 1701, Louis XIV a fait enregistrer par le parlement de Paris le maintien des droits de Philippe V d’Espagne à la couronne de France ; en même temps, des troupes françaises ont pris la place des garnisons hollandaises dans les forteresses de la Barrière ; le roi s’est fait accorder par son petit-fils le gouvernement de fait dans les forteresses de la Barrière. De plus, Philippe V octroie aux marchands français l’asiento, ou monopole de l’introduction des esclaves noirs dans les colonies espagnoles, privilège que possédaient jusque-là les Hollandais. Dès lors, Guillaume III, appuyé par le grand pensionnaire An-thonie Heinsius, réussit facilement à convaincre les états généraux des Provinces-Unies de prendre la tête de la Grande Alliance de La Haye (Empereur, Angleterre, Provinces-Unies), signée le 7 septembre 1701. Louis XIV