rique mène au Patscherkofel. Face à la ville, un autre téléphérique conduit au Hafelekar (2 334 m). Une dizaine de téléphériques sont implantés à proximité d’Innsbruck. Des hauteurs environnantes, faciles à atteindre, le panorama sur la ville et la chaîne alpine est inoubliable. La saison d’été attire plus de touristes que la saison d’hiver (deux tiers et un tiers). On compte dans l’hôtellerie de la ville plus d’un million de nuitées par an ; 80 p. 100 sont à mettre au compte des étrangers (les Allemands de la R. F. A. constituent le quart des visiteurs).
F. R.
F Tyrol.
Inquisition
Procédure ecclésiastique dirigée contre les doctrines hétérodoxes.
Introduction
La procédure de l’inquisition est née au Moyen Âge de la reprise des lois
pénales romaines au plan civil et de leur interférence avec les nouvelles règles pénitentielles de l’Église. L’empereur Constantin avait déjà inauguré une répression des hérétiques, qui s’amplifia sous ses successeurs et fut poussée occasionnellement jusqu’à la peine du feu, instituée par Dioclétien.
Mais l’hostilité de l’Église ancienne à ces mesures extrêmes les avait rendues pratiquement exceptionnelles. Saint Augustin avait indiqué aux évêques la norme à suivre en répondant en 408 au consul d’Afrique, à propos des dona-tistes : « Plutôt mourir par vos mains que les livrer à vos jugements pour être mis à mort. »
Cette attitude de l’Église se modifia au XIIe s., quand le catharisme se répandit en Europe. Les moyens traditionnels d’inculpation devant les tribunaux civils, par accusation ou par dénonciation, pouvaient difficilement être laissés aux laïques quand le délit était simplement matière de foi. De là vint l’idée de confier à l’Église la recherche et l’interrogatoire des suspects. Ignorée du droit romain, la procédure inquisitoire attribuait à un juge ecclésiastique et à un tribunal d’Église la fonction de rechercher et de poursuivre d’office les hérétiques en vue de les amener à faire pénitence. En cas d’absence d’aveu de l’inculpé, l’obstiné était livré à la juridiction séculière, laquelle ressuscita alors dans toute sa rigueur la législation pénale romaine contre les hérétiques.
Bien que les évêques se fussent montrés réticents dans de nombreux cas à l’égard de la peine du feu, les pouvoirs civils leur forcèrent la main en invoquant le droit. De cette collusion de pouvoirs est sortie l’Inquisition.
L’Inquisition épiscopale
C’est en 1184 à Vérone, que le pape Lucius III et l’empereur Frédéric Barberousse prescrivirent pour la pre-mière fois aux évêques de visiter les paroisses suspectes en vue de découvrir les foyers de catharisme. Ainsi fut d’abord confiée aux évêques cette mission d’inspection, dont la première forme fut l’Inquisition épiscopale.
L’idée de peine de mort était expressément écartée lors de la création de ces tribunaux ecclésiastiques. Mais
la bulle d’Innocent III Vergentis in senium (1199), qui confirma un peu plus tard cette institution, introduisit une comparaison entre l’hérésie et le crime de lèse-majesté, que le droit romain sanctionnait très sévèrement.
S’appuyant sur cette clause, les tribunaux qui furent organisés dans le nord de la France et dans l’Empire, et qui allèrent immédiatement aux dernières rigueurs, n’hésitèrent pas à condamner par eux-mêmes à la peine du bûcher, l’exécution étant confiée au « bras sé-
culier » (ainsi à Troyes en 1200, à Paris en 1210 en présence du roi Philippe Auguste, et à Strasbourg en 1212, où un groupe de 80 « hérétiques » périrent par le feu). Les promoteurs de cette première série de procès, qui ont influencé fortement l’attitude de l’Église dans les phases ultérieures du développement de l’Inquisition, portent une lourde responsabilité devant l’histoire.
L’Inquisition du
Languedoc
Dans le sud de la France, où des régions entières étaient devenues cathares, de telles sanctions isolées n’étaient ni envisageables, en raison des traditions de tolérance du Midi, ni applicables du fait de l’extension de l’hérésie jusque dans la noblesse.
Après l’échec de la mission de prédication en Narbonnaise confiée aux Cisterciens, puis aux Dominicains (1205-1208), le pape Innocent III consentit à la campagne armée organisée par les princes du nord de la France, qui prit par la suite le nom de croisade des albigeois (1209-1216).
Cette terrible entreprise vengeresse introduisit la peine du bûcher dans des contrées où elle était inconnue et l’appliqua avec brutalité aux chefs cathares : 140 à Minerve (1210), puis, de nouveau, tout un groupe à Lavaur et 60 aux Cassés (1211). La répression mit fin à la foi cathare comme force politique, mais elle fut bien loin de la faire disparaître des coeurs : elle survé-
cut en secret. C’est pourquoi, en 1229, le concile de Toulouse préconisa une forme nouvelle d’inquisition. Il institua les « témoins synodaux », groupes de prêtres et de laïques chargés de
dépister les hérétiques et de les dénoncer conjointement aux évêques et aux seigneurs locaux. Ce n’était là qu’une initiative régionale. Mais le pape Gré-
goire IX donna peu après à cette procédure une forme juridique précise et générale par la constitution Excom-municamus (févr. 1231). C’est de ce document pontifical qu’il faut dater la création de l’Inquisition, tribunal d’exception permettant, dans les affaires intéressant la défense de la foi, la recherche des suspects, leur inculpation et, dans les cas graves, leur transfert au pouvoir séculier. La peine de la prison perpétuelle était prévue pour l’héré-
tique repentant, et, pour l’obstiné, l’abandon au juge séculier, qui pouvait décider la peine de mort par le feu. Les fidèles en relation avec les hérétiques étaient menacés d’excommunication.
Par cette constitution, Grégoire IX
apportait sa sanction aux tribunaux épiscopaux ; de fait, il désigna pour l’Allemagne un prêtre séculier, Conrad de Marburg, lequel fit preuve de tant de zèle et d’arbitraire dans sa fonction qu’il se heurta aux évêques locaux et périt assassiné (1233). Le pape fit appel aussi aux Dominicains à Rastibonne, Friesach, Strasbourg et Besançon (dont le prieur, Robert le Bougre, un cathare converti, a laissé un sinistre souvenir).
La délégation à des religieux spécialisés parut très vite au Saint-Siège un moyen plus approprié pour convaincre les hésitants et venir à bout de l’héré-
sie ; aussi l’Inquisition épiscopale fut-elle dépossédée peu à peu de ses pouvoirs, qui furent transmis dans le midi de la France aux Dominicains, et, en Italie, sous Innocent IV, aux Franciscains. L’Inquisition médiévale, confiée aux ordres mendiants, se constitua ainsi en Languedoc de 1230 à 1250.
Le fonctionnement de l’Inquisition est bien connu grâce aux « manuels de l’Inquisition » qui nous sont parvenus, en particulier la célèbre Prac-tica Inquisitionis de Bernard Gui, qui fut inquisiteur à Toulouse de 1307 à 1323. L’inquisiteur régional, en géné-
ral dominicain, était le délégué direct du Saint-Siège. Les autorités civiles et religieuses étaient tenues de lui prêter assistance. Lors des séances solen-
nelles, l’Inquisition débutait par une prédication de l’inquisiteur, laissant aux suspects un temps de grâce au cours duquel ils étaient invités à passer aux aveux ; une fois ce délai expiré, les pré-
venus pouvaient être inculpés au cours d’un interrogatoire visant toujours à obtenir l’aveu des coupables. Deux moyens de pression étaient employés : la preuve testimoniale (l’accusé ne recevait pas communication des noms des témoins, mais pouvait faire écarter ceux qu’il estimait prévenus contre lui) et au besoin la torture. L’inculpé ne pouvait bénéficier d’un avocat, qui, selon les idées du temps, eût passé lui-même, s’il avait défendu la cause, pour un fauteur d’hérésie. La sentence était promulguée par l’autorité religieuse en un lieu public. La peine la plus courante, la prison, était une peine ecclé-