Les Insectes parasites ;
les myrmécophiles
Un très grand nombre d’Insectes sont parasites, au moins pendant une partie de leur existence. On peut distinguer les parasites qui attaquent les Verté-
brés et ceux qui vivent aux dépens des Invertébrés, surtout des autres Insectes.
Parasites des Vertébrés
Les plus importants sont les Puces (Siphonaptères), les Poux (Anoploures) et les Poux d’Oiseaux (Mallophages). Les Siphonaptères et Anoploures piquent leur hôte pour sucer du sang, tandis que les Mallophages vivent de débris d’épidermes. Il existe en outre une grande différence entre ces parasites : les Anoploures et Mallophages, étant
sans métamorphoses, vivent entièrement sur l’hôte et s’y reproduisent, les jeunes ayant le même mode de vie que les adultes. Il n’en est pas de même des Puces, qui ne sont parasites qu’à l’état adulte ; elles pondent hors de l’hôte leurs oeufs, d’où sortent des larves qui vivent de sang desséché. Tous ces Insectes présentent de nombreuses espèces, souvent inféodées à un seul hôte. À côté de ces parasites bien connus, on cite quelques cas isolés dans des familles où le parasitisme est une exception. Un des plus remarquables est l’Hemimerus, Insecte apparenté aux Forficules, qui vit dans la fourrure du gros Rat d’Afrique Cricetomys. Il existe aussi un Coléoptère voisin des Staphylins (Platypsyllus castoris) qui ne se trouve que sur le Castor. Peut-
être encore plus curieux est un petit Papillon (Bradypodicola) qui court dans la fourrure des Paresseux sud-américains. Deux autres ordres d’Insectes contiennent de nombreux parasites ; ce sont les Hétéroptères et les Diptères.
Les premiers sont les Punaises et les Réduves. Les Diptères sont très nombreux et variés. Certains piquent, avec les stylets de leurs pièces buccales, les Vertébrés pour leur prendre un repas de sang après lequel ils s’envolent ; ce sont donc des parasites temporaires comme les Moustiques et les Taons. Les rapports entre les parasites et leurs victimes peuvent être plus étroits. Telles sont certaines Mouches dites « pupipares » ou Mouches-Araignées, qui sont aplaties, sans ailes, vivant dans le poil des Mammifères et les plumes des Oiseaux, dont elles sucent le sang. Certaines Mouches ont tendance à pondre sur les blessures des animaux ; elles provoquent ainsi des myiases qui peuvent être graves. C’est chez les Gastrophilidés et les OEstridés que les Mouches montrent les plus parfaites adaptations au parasitisme, leurs larves devenant de véritables parasites internes. Parmi les OEstridés, on trouve des parasites très variés dont le plus connu est l’Hypoderme du Boeuf, dont la larve évolue sous la peau, tandis que la larve de l’OEstre du mouton vit dans les sinus. De nombreux Mammifères, y compris l’Homme, sont attaqués par les Mouches de ces familles.
Parasites des Invertébrés
Si l’on excepte les Strepsiptères, curieux parasites des Guêpes, les Insectes qui s’attaquent aux Invertébrés sont les Diptères et les Hyménoptères.
Leurs victimes sont surtout d’autres Insectes, très souvent nuisibles aux plantes cultivées. Il s’ensuit que ces parasites sont, pour la plupart, des Insectes très utiles. Les Diptères parasites sont surtout des Muscidés supé-
rieurs, Calliphoridés et Tachinaires. Ils s’attaquent à toutes sortes d’Insectes.
La femelle pond ses oeufs sur la victime choisie ou sur la plante fréquentée par downloadModeText.vue.download 16 sur 577
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
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elle. La larve pénètre dans l’Insecte parasité et se développe dans son corps, dévorant d’abord le corps gras et ne s’attaquant aux organes vitaux qu’à la fin de son évolution. Les Tachinaires sont particulièrement utiles, car elles vivent aux dépens des Chenilles, dont elles détruisent de grandes quantités.
Les Hyménoptères entomophages ap-
partiennent au groupe des Térébrants, dont la femelle porte à l’extrémité du corps une tarière, ou oviscapte, qui lui permet d’introduire ses oeufs dans le corps de l’Insecte attaqué. Les principales familles d’Hyménoptères parasites sont les Ichneumonidés, les Chalcidiens et les Proctotrypidés. Toutes sortes d’Insectes, dont beaucoup nuisibles à l’agriculture, sont détruits par ces parasites.
Le mimétisme et la valeur
adaptative des couleurs
Pendant longtemps, on a considéré les belles couleurs de certains animaux, Oiseaux et Insectes en particulier, comme de simples ornements. Actuellement, on accorde à ces colorations une importante valeur biologique.
Les vives couleurs des Insectes
tiennent à deux processus bien diffé-
rents. Des couleurs chimiques sont formées par des pigments contenus dans des cellules, dites « chromatophores », dont les déplacements assurent des couleurs diverses et même variables.
Les couleurs structurales, ou d’interférence, sont produites par le jeu de la lumière sur des stries très fines de la cuticule. Elles ont un aspect métallique et se trouvent surtout chez certains Co-léoptères et Papillons.
Couleurs cryptiques ;
l’homochromie
Beaucoup d’Insectes montrent une
coloration qui se confond de façon remarquable avec leur milieu. On
trouve ainsi une quantité d’Insectes verts dans les prairies et les feuillages, et les Insectes du désert ont, pour la plupart, une coloration jaunâtre qui se confond avec le sable des dunes. Ces colorations, dites « homochromes », ne sont pas toujours unicolores. Certains Insectes à livrée variée de blanc et de noir sont parfaitement invisibles sur les écorces couvertes de Mousses et de Lichens. Les couleurs cryptiques semblent protéger les Insectes contre certains prédateurs, les Oiseaux insectivores en particulier. Elles jouent un rôle indiscutable dans la sélection des espèces. Leur valeur protectrice est souvent augmentée par une modification de la forme. Chez certains Insectes verts, les ailes prennent une forme qui rappelle de façon frappante l’aspect d’une feuille. D’autres Insectes ressemblent à un rameau sec ou garni d’épines. Chez les Sauterelles-feuilles d’Amérique (Ptérochrozes), on observe des complications inexplicables ; certaines espèces, au lieu d’être vertes, prennent la coloration des feuilles mortes ou de feuilles attaquées par des Champignons ou des larves d’Insectes.
L’invisibilité peut aussi être obtenue non par homochromie, mais par des couleurs dites « disruptives ». Ce sont des bandes noires qui coupent les couleurs vives d’un Insecte, de sorte qu’on ne voit que des parties séparées cachant la forme réelle de l’Insecte.
Couleurs avertissantes ;
le mimétisme
Beaucoup d’Insectes ont des couleurs voyantes, permettant de les reconnaître de loin. La plupart de ces Insectes se trouvent protégés soit par un aiguillon, comme les Guêpes, soit par certaines propriétés de leur chair et de leur sang
qui les rendent incomestibles, comme certains Papillons. Ils sont souvent imités par des Insectes de familles très différentes qui leur ressemblent de façon parfois extraordinaire. C’est ce qu’on appelle le mimétisme, particuliè-
rement bien étudié chez les Papillons.
Un excellent exemple en est fourni par la Sésie apiforme (AEgeria apiformis), Papillon à ailes transparentes qui a presque exactement la taille et la couleur d’une Guêpe. Un autre exemple classique est celui des Papillons étu-diés par Henry Walter Bates (1825-1892) en Amérique du Sud. Il s’agit de Nymphalidés de la sous-famille des Ithomiinae, généralement fortement rejetés par les Insectivores. Leur aspect est très caractéristique, leurs ailes étant allongées et de couleurs très voyantes. Ils sont imités par de nombreux Papillons très différents (Papi-lio, Piéridés, Nymphalidés, Argynes) qui, tous, leur ressemblent de façon extraordinaire. Un Oiseau ayant été
« déçu » après l’attaque d’un Ithomiine évitera non seulement ces Papillons, mais aussi ceux qui leur ressemblent et qui seraient parfaitement comestibles.