Enfin, dans les piqûres avec réaction purement locale, on peut se limiter à l’application de topiques, parfois en association avec des antihistaminiques, et à l’extraction de l’aiguillon (cas des Abeilles, qui laissent leur dard en piquant).
En dehors des piqûres, certains Insectes peuvent déterminer par simple contact une dermatite urticarienne entraînant un prurit violent, avec parfois fièvre et céphalées. On peut même observer de véritables oedèmes de Quincke ou des conjonctivites.
Les Insectes responsables sont en France les Chenilles processionnaires, nombreuses dans le Midi, et, sous les tropiques, plusieurs espèces de Papillons. De même, certains Coléoptères tropicaux, telles les Cantharides, peuvent provoquer, lorsqu’on les manipule ou qu’on les écrase sur la peau, des papules ou des vésicules très prurigineuses. Là encore, dans la majorité des cas, il suffit d’appliquer des topiques en y associant la prise d’antihistaminiques.
Indépendamment des Hyménoptères,
de nombreux Insectes attaquent directement l’Homme ou les animaux, jouant un rôle très important dans la transmission de maladies humaines ou animales dont certaines sont considérées comme des fléaux.
Il suffit de citer les Moustiques, les Phlé-
botomes, les Simulies, les Puces, les Poux,
les Punaises, les Taons et les Stomoxes.
Ces divers Insectes importunent par leurs piqûres, qui, dans la grande majorité des cas, restent bénignes et relèvent d’un traitement local à base d’antihistaminiques, surtout lorsque le prurit est gênant.
TRANSMISSION DE MALADIES
Au cours de leurs repas infestants, les Moustiques peuvent transmettre à un individu sain, à partir d’un individu malade, les diverses formes de paludisme (il s’agit alors exclusivement des Anophèles femelles), les filarioses du sang pathogènes pour l’Homme, et diverses arboviroses, dont la fièvre jaune et la dengue.
Les Phlébotomes, responsables directs du harara, qui est une dermatose prurigineuse observée au Proche-Orient, sont surtout les agents vecteurs des leishmanioses viscérales (kala-azar*) et cutanéo-muqueuses, de la fièvre à pappataci. Les Simulies (petits Moucherons fréquentant notamment les cours d’eau d’Afrique noire et d’Amérique latine) transmettent principalement l’onchocercose, filariose cutanéo-dermique redoutable pour l’Homme en raison de ses manifestations oculaires.
Parfois, la piqûre directe d’une Simulie (Mouche de Columbacz, de la vallée du Danube) est susceptible de s’envenimer sérieusement.
Les Poux, qui se partagent en Poux de tête et Poux de corps, sont les agents des pédiculoses, observées en cas d’hygiène défectueuse dans les collectivités où sévit la promiscuité, et sources de surinfections qui peuvent avoir une fâcheuse tendance à se prolonger. Quant aux Poux du pubis, ou Morpions (Phtirius inguinalis), ils se transmettent directement, presque toujours à l’occasion d’un contact vénérien, et sont responsables de la phtiriase, dermatose prurigineuse qui intéresse surtout la ré-
gion pubienne, mais aussi parfois d’autres territoires. Le traitement de la phtiriase, comme celui des pédiculoses, repose sur les poudres insecticides, notamment de D. D. T. Dans la phtiriase, on associe le rasage des poils parasités. Dans les pédiculoses, il ne faut pas omettre de traiter les vêtements (Poux de corps) ou d’enfermer les cheveux dans un casque protecteur (Poux de tête), afin de tuer les oeufs, ou lentes, pondus par les femelles et qui se fixent sur les poils ou les vêtements.
Contrairement aux Poux, strictement inféodés à l’Homme, les Puces sont, suivant les espèces, parasites préférentiels de l’Homme (Pulex irritans), du Rat (Xenopsylla cheopis) ou du Chien (Ctenocepha-lus canis), pour ce qui concerne les principales espèces d’intérêt médical. Chacune peut occasionnellement se nourrir sur une autre espèce animale, mais, comme les Poux, ce sont de petits Insectes cosmopolites, hématophages dans les deux sexes et se gorgeant fréquemment de sang. Leur piqûre est prurigineuse, parfois ecchymotique et oedémateuse. Ce sont les vecteurs de la peste (Xenopsylla cheopis et Pulex irritans), du typhus murin (Xenopsylla cheopis), et de téniasis (dus à Dipy-lidium caninum et à Hymenolepis nana).
Il existe aussi une variété particulière de Puces, répandue en zone tropicale (Amé-
rique latine, Afrique noire et Madagascar), que l’on nomme « Puce chique » ou Tunga penetrans, responsable de la tungase. Ces Puces vivent à l’état adulte dans le sable, et la femelle fécondée se fixe par son rostre sur la peau de l’Homme (ou d’un animal), où elle s’enfonce et grossit jusqu’à atteindre bientôt la taille d’une boule de gui, dont elle a la couleur. Au bout de quelques jours, elle pond ses oeufs, puis ressort ou meurt sur place. La pénétration cutanée de cette Puce est douloureuse pour l’Homme et détermine des phénomènes inflammatoires locaux. En région tropicale, elle est souvent une porte d’entrée au tétanos ou aux gangrènes gazeuses. Le traitement consiste dans l’extraction aseptique du parasite avec une aiguille ou un vaccinostyle.
On peut également tuer la Puce chique par le D. D. T.
Les Punaises sont soit cosmopolites (Punaises de lits ou de boiseries), transmettant alors des fièvres récurrentes (v. spiro-chétose), soit localisées en Amérique latine (Réduves), transmettant la maladie de Chagas, ou trypanosomiase américaine.
Les Taons, dont les femelles seules se gorgent de sang, sont responsables de lymphangites à pyogènes banals secondaires à leur piqûre, et transmettent les Filaires Loa-loa, responsables de la loase, qui se manifeste notamment par l’oedème de Calabar.
Les Stomoxes sont en zone tropicale des Glossines, ou Mouches tsé-tsé, transmettant la maladie du sommeil (trypano-
somiase* africaine). Dans nos pays, il s’agit de Mouches piqueuses cosmopolites. Les Mouches sont également pathogènes par leurs larves hématophages. Il en est ainsi du Ver des cases, qui vient piquer l’Homme la nuit et peut provoquer des lésions inflammatoires. En France, les Mouches du genre OEstrus expulsent leur larve près de l’oeil, réalisant une oculo-myiase. D’autres myiases peuvent être observées, dues en Afrique au Ver du Cayor et en France aux Hypodermes. Ces derniers parasites se rencontrent chez des enfants vivant au voisinage du bétail, qu’accompagnent les Mouches y pondant leurs oeufs.
On voit ainsi que la pathologie locale et générale déterminée par les piqûres d’Insectes est assez variée. On dispose aujourd’hui d’insecticides puissants dont il faut connaître cependant les limites, voire les inconvénients. C’est dire que leur choix et celui de leur mode d’application devront être effectués avec discernement.
M. R.
E. A. Steinhaus (sous la dir. de), Insect Pa-thology and Advanced Treatise (New York et Londres, 1963 ; 2 vol.). / J. W. Wright et R. Pal, Genetics of Insect Vectors of Disease (Amsterdam, Londres et New York, 1968).
Insectivores
Petit ordre de Mammifères insectivores aux dents pointues.