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En microscopie électronique, l’insuline apparaît contenue dans un petit sac qui sera expulsé hors de la cellule, qui éclatera en laissant l’hormone circuler dans les capillaires. Dans le sang circulant, l’insuline est surtout sous forme libre ; une petite partie est liée aux protides sanguins. La pro-insuline ne passe pas ou ne passe que très peu dans la circulation. Son poids moléculaire est de 9 000. L’insuline, on l’a vu, a un poids moléculaire de 6 000 ; toutefois, elle peut se polymériser, et la forme circulante est souvent une forme double. Enfin, le zinc favorise la polymérisation, et des poids moléculaires de 300 000 peuvent être obtenus.

La sécrétion de l’insuline est favorisée par l’élévation de la glycémie (non

seulement du glucose, mais d’autres sucres en C6), un taux élevé de corps cétonique, l’excitation du nerf pneumogastrique ou l’action des sym-

patholytiques. Enfin, les sulfamides hypoglycémiants sont de puissants stimulants de l’insulinosécrétion. Celle-ci, au contraire, est freinée lors de l’anoxie*, par les sympathomimétiques et par l’adrénaline. Enfin, l’alloxanne provoque une destruction élective des cellules bêta-langerhansiennes et entraîne l’apparition d’un diabète insulinoprive (par manque d’insuline).

Les dosages sanguins d’insuline ne sont pas très anciens. Les méthodes biologiques sont délicates. Elles ont toutefois été à l’origine de l’étalon international : l’unité d’insuline (U) est la quantité nécessaire pour abaisser à 0,45 g par litre entre 2 et 4 heures la glycémie d’un lapin de 2 kg à jeun depuis 24 heures. Actuellement, on a plutôt recours au dosage radio-immunologique, beaucoup plus sensible. On a ainsi pu évaluer la sécrétion quotidienne de l’homme aux environs de 50 U. C’est d’ailleurs la dose moyenne utilisée dans le traitement des diabètes insulinoprives. Chez l’adulte normal, le taux d’insuline circulante à jeun n’est que de 20 μU par millilitre de plasma (la μU est le millionième de l’unité). Ce taux monte à 100 ou 200 μU après l’ingestion d’un repas, pour redescendre en 3 heures au taux initial. Il semble en fait qu’une grande partie de l’insuline (45 p. 100 env.) déversée par le pancréas dans le système porte soit captée par le foie, qui la dégrade et l’élimine dans la bile, non sans qu’elle ait agi sur le métabolisme du glycogène et des lipides hépatiques.

Effets de l’insuline

Les effets actuellement bien établis de l’insuline sont les suivants.

1. Elle abaisse le taux sanguin du glucose. Cette hypoglycémie résulte d’un passage accru du glucose vers les cellules, dans lesquelles il est soit consommé, soit mis en réserve. Le mé-

canisme d’action reste hypothétique.

On pense que l’insuline activerait un transporteur de glucose, probablement par l’intermédiaire de l’A. M. P.

(adénosine monophosphate) cyclique.

L’accroissement de la consommation cellulaire serait dû à une inhibition des enzymes frénatrices de la glycolyse.

Enfin, l’insuline favorise la mise en réserve du glucose sous forme de glycogène, notamment au niveau du foie ; là encore par un jeu d’actions sur les enzymes de phosphorylation.

2. Elle exacerbe la synthèse des acides gras et du glycérol, entièrement ou partiellement due à la glycolyse excessive citée précédemment. Il y a donc accumulation de graisses intracellulaires.

Au contraire, le défaut d’insuline entraîne une lipolyse, c’est-à-dire une mobilisation des graisses de réserve dont le taux sanguin s’élève. Leurs produits de dégradation ne trouvant plus à s’employer dans les réactions biochimiques usuelles, il s’accumule des corps cétoniques (v. acétonémie) qui sont responsables de l’acido-cétose du diabète*.

3. Elle favorise la synthèse des protéines à partir des acides aminés : c’est donc un facteur d’anabolisme (d’édification) protéique. Au contraire, le défaut d’insuline s’accompagne d’une dégradation des protides, et les acides aminés libérés sont déviés vers la synthèse des corps sucrés. Cela explique l’amaigrissement et surtout la fonte musculaire rapide au cours des diabètes graves.

Insuline et

pathologie humaine

Les excès d’insuline

Ils peuvent être spontanés et dus à des tumeurs pancréatiques (adénomes) sé-

crétant de l’insuline de façon inadaptée aux besoins. On peut utiliser le test au tolbutamide intraveineux (sulfamide excitant la sécrétion d’insuline) pour les diagnostiquer en cas d’hypoglycémie. Ce test est délicat et nécessite d’avoir sous la main une seringue de sérum glucose hypertonique à injecter au moindre malaise.

Mais, très souvent, les excès d’insuline sont le fait de surdosages chez des diabétiques traités par cette hormone.

Citons seulement les malaises hypoglycémiques provoqués par l’insuline dans le traitement de certaines affections psychiatriques sans rapport avec le diabète (v. électrochoc).

Insuline et diabète

Les diabétiques ont toujours un déficit en insuline, mais il est soit absolu, soit relatif. Chez certains diabétiques, il y a un défaut réel d’insuline : ce sont des sujets jeunes, maigres, équilibrés, on l’a vu, par une dose moyenne de 50 U d’insuline, qui est alors véritablement substitutive. Chez d’autres diabétiques, souvent plus âgés et aux antécédents d’obésité, il y a en fait un taux élevé d’insulinémie. Mais celle-ci reste inadaptée aux besoins du sujet : ces malades peuvent bénéficier, plus que d’une insulinothérapie exogène, des sulfamides hypoglycémiants et/ou des biguanides (v. diabète). On reste encore incertain sur le mécanisme exact de ces diabètes par anomalie de l’insuline. S’agit-il d’une anomalie de régulation de l’insulinosécrétion pancréatique en fonction de la glycémie ?

d’une sécrétion d’insuline anormale moins hypoglycémiante que normalement ? d’une durée de vie plus courte de cette substance ? d’une inefficacité périphérique au niveau de la pénétration du glucose dans les cellules ? Ces points sont encore à élucider.

Les insulines utilisées

en thérapeutique

Elles sont extraites des pancréas de boeuf ou de porc (celle-ci ayant une downloadModeText.vue.download 35 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11

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structure plus proche de celle de l’homme). Les solutions sont dosées à 40 unités internationales par millilitre (sauf quelques insulines ordinaires d’action courte, qui dosent 20 U.I./ml).

On distingue trois sortes d’insuline : les insulines à action courte (environ 8 heures), les insulines à action intermédiaire (12 à 18 heures) et les insulines à action longue (24 heures env.).

Les insulines d’action rapide sont utilisées dans les urgences diabétiques (parfois en intraveineuses) ou quelquefois en trois injections sous-cutanées quotidiennes. Il faut veiller à ce que ces injections soient faites en des points différents du corps pour éviter les inégalités de résorption. Les autres insulines (dites « insulines retard ») ont pour intérêt de limiter le nombre d’injections (une par jour). Il est important de toujours faire concorder la dose d’insuline et la ration calorique alimentaire pour éviter non seulement l’aggravation du diabète, mais aussi les accidents d’hypoglycémie.

J.-C. Le P.

F Diabète / Hormone / Pancréas.

C. Fruteau de Laclos, les Insulines retard (Varia, 1955). / M. E. Krahl, The Action of Insulin on Cells (New York et Londres, 1961). / D. Perez Garcia, The Biochemical Effects of Insulin which are used in Therapy (Mexico, 1963). / J. Que-vauvilliers, L. Perlemuter, P. Obraska et A. Kopf, Cahiers de biologie, t. I : Circulation, rein, endo-crinologie (Masson, 1965 ; 3e éd., 1972). / J. Tré-

molières, G. Tchobroutsky, J. L. de Gennes et coll., Nutrition et métabolisme (Flammarion, 1971).

Les savants qui ont

découvert l’insuline

John Jacob Abel, pharmacologiste

et biochimiste américain (Cleveland 1857 - Baltimore 1938). En 1926, il obtint une insuline pure et cristallisée.