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L’intégration descendante se réalise lorsque l’entreprise de transformation intègre les échelons d’aval, c’est-à-

dire ceux qui sont situés après le sien dans les étapes franchies par le produit jusqu’à la vente au détail. Ce n’est plus la recherche de la sécurité d’approvisionnement qui est poursuivie, mais celle des débouchés (cas de la biscuite-rie concluant un contrat de fournitures

avec la centrale d’achat d’une chaîne de supermarchés).

Si le pôle d’intégration réalise à la fois une intégration ascendante et descendante, on trouve alors l’intégration complète. Comme exemple, on peut

citer le cas de certaines entreprises d’aviculture en Italie : des groupements avicoles possèdent leurs convois ainsi que des batteries d’élevage, assurent l’abattage et la transformation (inté-

gration ascendante) et disposent d’un réseau d’entrepôts destinés à approvisionner les centrales d’achat des grands magasins et des détaillants (intégration descendante). Ainsi, le groupement joue le rôle de producteur, d’industriel de la transformation et de grossiste.

Si ce système apporte à l’agriculteur de nombreux avantages (garantie de prix et de revenus à travers une garantie d’écoulement des produits), il n’en demeure pas moins que celui-ci marque beaucoup de méfiance à

l’égard de cette technique nouvelle.

Il redoute surtout de perdre son

indépendance, face à des unités plus puissantes que lui d’un point de vue financier.

G. R.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11

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intégration

culturelle

et sociale

En un sens général, l’intégration est l’ajustement réciproque des éléments constitutifs d’un système permettant à celui-ci de former un tout équilibré.

Généralités

Dans les sciences sociales, le terme peut s’appliquer de manière fort diverse à l’ajustement des règles sociales entre elles, à la cohérence des traits culturels, rôles et institutions dans un système culturel global, à la solidarité existant entre les membres d’un groupe qui cherchent à s’identifier aux intérêts

et valeurs de ce groupe, à la symbiose des groupes sociaux au sein d’un État organisé, au fonctionnement harmonieux des différents sous-systèmes d’une économie nationale ou à leur concentration, à l’incorporation d’élé-

ments nouveaux dans une collectivité urbaine antérieurement constituée, etc.

Ces divers sens se réfèrent à une analogie biologique à partir de laquelle s’est construit l’organicisme de Herbert Spencer (1820-1903). Comme

entre les parties d’un être vivant, s’établit une interdépendance étroite entre les membres d’une société. Pour Spencer comme pour Darwin*, la loi d’évolution explique les changements à quelque ordre qu’ils appartiennent.

L’évolution sociale, passage de l’homogène à l’hétérogène, est marquée par des transformations successives consistant en une complexification des organes sociaux et une différenciation de leurs fonctions respectives.

Mais, selon Spencer, l’évolution, qu’il oppose à la dissolution, s’oriente aussi et simultanément vers un état d’équilibre final et d’adaptation de la nature humaine à ses conditions d’existence. C’est ainsi que se produit le passage d’un état diffus à un état concentré et organisé. Le terme d’assimilation désigne ce processus de transformation du différent au semblable et suppose donc à la fois une différenciation et une intégration.

La même analogie qui a suggéré à

Spencer d’insister sur le phénomène d’intégration a incité toute l’école sociologique française, avant comme après Spencer, à souligner l’importance de l’idée d’accord, de coopé-

ration vitale des fonctions de l’organisme social. Auguste Comte*, dans sa 48e leçon du Cours de philosophie positive, conçoit par exemple le consensus social comme la solidarité des phé-

nomènes sociaux, tous « profondément connexes ».

Ce que Durkheim* a nommé la

solidarité sociale désigne ce que plus communément nous appelons intégration. Des valeurs et idées communes forment une conscience collective qui conduit les personnes et les groupes à coopérer efficacement, soit en rai-

son de la ressemblance existant entre membres d’une culture peu différenciée (solidarité mécanique), soit en raison de la dissemblance résultant de la division du travail, qui oblige des éléments complémentaires à échanger mutuellement des services et à nouer entre eux d’étroites relations morales (solidarité organique). À mesure

qu’avec une division plus marquée du travail les différences individuelles s’accentuent, la structure sociale, qui n’est plus un ensemble d’agrégats semblables entre eux, devient coordination et subordination d’éléments différenciés et hiérarchisés. En bref, les apports de Durkheim ont trait surtout à l’inté-

gration partielle de la conscience collective à la conscience individuelle et au mode d’interdépendance des divers éléments sociaux dans un ensemble organisé.

L’idée d’intégration est à ce point essentielle à la pensée durkheimienne que, dans les Règles de la méthode sociologique, elle paraît sous-jacente aux caractéristiques de normalité et de coercition du fait social ; que, dans le Suicide, elle en explique les taux différentiels (« Le suicide varie en raison inverse du degré d’intégration des groupes sociaux dont fait partie l’individu ») ; que, dans les Formes élémentaires de la vie religieuse, elle est lisible à la fois dans la cohérence du « système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées » et dans la fonction elle-même de ces croyances et pratiques « qui unissent en une même communauté

morale appelée Église tous ceux qui y adhèrent ».

Mais le courant qui a le plus exploité l’idée d’intégration, non sans quelques exagérations, est sans conteste le fonctionnalisme auquel s’attachent, entre autres, les noms de Bronislaw Malinowski* et de Talcott Parsons*. Pour l’anthropologue Malinowski, chaque culture, profondément originale, est faite d’un arrangement particulier entre ses parties ; chaque trait répondant à un besoin n’acquiert son sens que par son lien à l’ensemble et représente une partie indispensable de la totalité organique de la culture. Que tout élément remplisse une fonction, que chacun

soit indispensable et fonctionnel pour le système culturel tout entier relève d’un déterminisme outrancier et d’un esprit de système déformateur du réel.

Le postulat de l’unité fonctionnelle de la société par exemple ne vaut que dans le cas de certaines petites sociétés archaïques, hautement intégrées. Dans les sociétés plus différenciées, le degré d’intégration étant moindre, chaque activité sociale, chaque élément culturel n’est pas nécessairement fonctionnel pour le système tout entier.

Du type d’intégration causal-fonctionnel au type logique-significatif, reflet d’un principe central dans chaque élément culturel (la distinction est proposée par Pitrim Alexandrovitch Soro-kin), le saut est aisément franchi par T. Parsons, qui place le système social et la sociologie dans leurs dimensions les plus générales, à savoir l’action humaine et l’ensemble des sciences de l’homme. Selon cet auteur, « le concept de système n’est essentiellement rien d’autre que l’application du critère de l’intégration logique de propositions générales ». Entre les quatre sous-systèmes d’action, biologique, psychique, social et culturel, l’une des plus importantes relations se réfère au contrôle cybernétique. Dans chaque système, l’action intégrative s’exerce par des processus d’autocompensation de caractère homéostatique. Dans le cas de la conduite humaine, les besoins physiologiques, les motivations psychiques, les normes régissant l’interaction des acteurs sociaux, les valeurs culturelles constituent autant de mécanismes servant à guider et à contrôler l’action, c’est-à-dire à lui donner une orientation.