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une présence contraignante et stimulante, que les éléments essentiels de la culture deviennent partie intégrante de la personnalité. Le processus de socialisation, qui désigne la manière dont les membres d’une collectivité apprennent les modèles de comportement et schèmes de pensée de leur société, constitue le plus originel et le plus important des mécanismes d’intégration de la culture à l’individu et d’adaptation de l’individu à sa société. L’intégration de la culture à la personnalité suppose un apprentissage par répétition, imitation, essais et erreurs, application de sanctions, conditionné davantage par le milieu extérieur immédiat que par les composantes de l’hérédité. Quant à l’adaptation à l’environnement social, elle se produit grâce à une progressive intériorisation d’autrui, par saisie de relations significatives d’ego à alter, par communication et sympathie.

Élément partiel du processus géné-

ral par lequel l’homme s’adapte à ses congénères en héritant de traditions linguistiques, économiques, sociales, technologiques et religieuses, la socialisation représente ce que la société réclame de l’individu pour que celui-ci puisse vivre parmi ses compagnons de groupe : l’obéissance à des coutumes, à des traditions, à des modes, l’adoption des techniques élémentaires de la vie pour s’habiller, manger, dormir, jouer, travailler, la soumission aux normes et aux rites de la vie sociale ainsi que l’accomplissement des rôles qui lui sont dévolus à l’intérieur du groupe.

On sait à ce propos la signification particulière et le rôle important dans la détermination du mode de vie d’un peuple que revêt l’éducation, depuis les rapports de nombreux ethnologues décrivant les expériences enfantines des Alorais (Cora Du Bois), des Navahos (Clyde Kluckhohn), des Kāfirs africains (Benjamin Kidd), des Tro-briandais (Malinowski), des Arapeshs et des Mundugumors (Margaret Mead), des Zuñis (Ruth Benedict), des Tana-las et des Marquisiens (R. Linton et Abram Kardiner), etc.

Puisque des modèles culturels identiques président au sein d’une culture donnée au mode d’élevage des enfants, il est à prévoir que, malgré d’inévitables différences individuelles, il se créera chez ces enfants des structures réactionnelles communes, responsables à leur tour d’une conduite adulte du même type.

Facteurs d’intégration

culturelle

Comme l’a montré Parsons, le phéno-mène d’intégration se comprend par ré-

férence à un système d’action sociale.

Or, celui-ci ne comporte pas seulement des personnes considérées dans leurs rapports avec d’autres, mais des actes sociaux posés par ces personnes et orientés par des facteurs d’organisation des unités du système que représentent les normes, les rôles et les sanctions.

Les normes d’orientation de l’action qui servent de guide à nos manières d’agir, de penser, de sentir et qui exercent inconsciemment une contrainte

sur notre conduite adoptent la forme de règles collectives, de modèles, us et coutumes plus ou moins contraignants. Pour rendre possibles les relations interpersonnelles, un minimum d’accord concernant ces normes est nécessaire. Toute action se structure ainsi selon des modèles partagés par les membres d’une collectivité quelconque de personnes, c’est-à-dire selon un système institutionnalisé, officiel ou non, de valeurs et d’impératifs. Plus particulièrement, la structuration des unités d’action sociale s’affirme par l’interdépendance des rôles sociaux.

Ceux-ci, considérés comme modèles spécifiques à une fonction ou à une position dans une collectivité, constituent une sorte de fonds commun de modèles d’action qui, sans annihiler la personnalité individuelle, permettent de spécifier des groupes (parents-enfants, patrons-employés, propriétaires-locataires) et d’agir en fonction des attentes d’autrui, des autres rôles que comporte la collectivité et de la façon dont les autres remplissent leur propre rôle. De l’interdépendance des rôles et de leur complémentarité résulte une sorte d’équilibre d’échange, mais un équilibre dynamique sans cesse soumis aux variations éventuelles dans les orientations normatives de l’action, et à la spontanéité elle-même des acteurs.

Mais les normes aussi bien que les rôles n’acquièrent de puissance inté-

grative qu’en raison du contrôle social lié à l’idée de sanctions. Qu’elles soient physiques (torture, emprisonnement, fessée, retenue à l’école ou caresse), économiques (amende, remboursement de dommages, boycottage d’une entreprise, ou bien prime, profit industriel), surnaturelles (punition des esprits, crainte de la damnation ou espoir du salut éternel), proprement sociales (blâme, ridicule, expulsion du groupe, ou applaudissement, célébrité), les sanctions punitives ont pour fonction d’assurer la conformité des conduites aux modèles établis. La coercition agit donc comme moyen capital d’intégration. Bien avant Parsons, Durkheim avait vu dans la coercition le trait caractéristique du fait social :

« Est fait social toute manière de faire, downloadModeText.vue.download 40 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11

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fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure. »

Néanmoins, le terme de contrainte recouvre des réalités extrêmement différentes : pression d’un syndicat, prestige d’un leader, autorité d’un professeur, pression de la mode, préséances traditionnelles... Dans un sens assez proche de celui de contrainte, le terme de contrôle social, désormais préféré par les sociologues, depuis qu’en 1901

Edward Alsworth Ross l’a vulgarisé, désigne l’ensemble des fonctions

positives et négatives auxquelles une société recourt pour assurer la conformité des conduites aux modèles de comportement qu’elle valorise. Identifier ce terme à celui de pression ou d’aliénation risque d’induire en erreur ceux qui, trop aisément, jugeraient pé-

jorative toute contrainte et qui se mé-

prendraient sur sa fonction intégrative au point de proclamer artificielle ou nuisible toute société qui limiterait les libertés individuelles pour les mieux garantir.

Modes d’intégration

sociale

Si les normes, rôles et sanctions agissent dans toutes les sociétés comme facteurs d’intégration, leur influence respective et leur mode de composition varient selon le groupe considéré. Le sociologue américain Amitai Etzioni a particulièrement insiste sur cette diversité des modes d’intégration qu’il compose avec les moyens d’exercice du pouvoir, pour proposer une typologie des organisations. Il tente de ranger les structures d’autorité en fonction des moyens sur lesquels elles se fondent pour amener les hommes impliqués

dans une organisation (institution ou groupe) à accomplir ce qui est prescrit. Ces moyens d’accomplissement de l’autorité diffèrent de portée selon les modes d’intégration des individus à l’organisation.

Les organisations à caractère coercitif se fondent ainsi sur des sanctions physiques ou des menaces non vaines (exemple : prison) ; celles qui sont à caractère rémunératif, sur la dispo-

sition ou le contrôle des ressources matérielles ou financières (exemple : entreprises industrielles) ; celles qui sont à caractère normatif, sur des récompenses d’estime ou de prestige (exemple : organisation religieuse, université). La force dans le premier cas, l’échange dans le second, la persuasion dans le troisième expriment le jeu de la force sociale. Mais beaucoup d’organisations revêtent selon l’auteur un caractère dualiste, par exemple normatif et coercitif (unité militaire de combat), rémunératif et coercitif (équipage d’un navire), normatif et rémunératif (syndicats ouvriers). À l’égard des moyens d’exercice du pouvoir, avec lesquels des combinaisons sont possibles, les modalités d’intégration présentent une certaine autonomie. Ce sont : 1o l’alié-