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s’oppose qu’à une autre rétractée anté-

rieure (/e/ de get), alors que le /i/ fran-

çais s’oppose à deux (/e/ de blé et /ε/ de baie), et que, d’autre part, le /i/ français s’oppose au même degré d’aperture à une arrondie également antérieure (/y/ de pu), ce qui n’est pas le cas en anglais.

La description de la langue se fera donc à partir d’un corpus (ensemble d’énoncés — oraux ou écrits selon que l’on envisage l’analyse du code oral ou du code écrit — ayant la particularité d’être compris par les locuteurs de la langue et constituant dans la mesure du possible un tout homogène et représentatif). Le linguiste réunit un ensemble de données, des actes de parole, dont il doit dégager par l’analyse les faits structuraux concernant la langue étu-diée. Autrement dit, il doit déterminer et classer les éléments de cette langue et dégager leurs règles de combinaison.

Langue, structure, hiérarchie

Les structuralistes ont envisagé la langue comme une structure hiérarchisée à plusieurs niveaux. Les éléments de chacun de ces niveaux sont définis par les relations qu’ils entretiennent avec les éléments du niveau inférieur (dont ils sont constitués) et avec ceux du niveau supérieur (dont ils sont constituants). Ainsi, le phonème se définit par le fait qu’il est un constituant du morphème. Celui-ci entre dans la composition d’une unité de niveau supérieur, qui entre elle-même dans la composition de la phrase. Quant à la phrase, unité du niveau supérieur de l’analyse linguistique, si elle est constituée d’unités de niveau inférieur qui en permettent l’analyse, elle entre dans la composition de l’énoncé (dé-

fini comme une suite de phrases), qui nécessite d’autres méthodes d’analyse.

À chaque niveau, les groupements

d’éléments déterminent des unités intermédiaires ; ainsi, les phonèmes se groupent en syllabes, unités obéissant dans chaque langue à des lois précises, mais dont le principe est toujours le même : une partie de la syllabe tranche sur les autres au moyen du contraste voyelle/consonne. Les morphèmes se groupent en mots. On peut ensuite établir entre le mot et la phrase un niveau

intermédiaire, qui est celui du syntagme : en effet, par réductions successives d’une phrase, on peut constater qu’il y a des éléments qui peuvent soit être groupés par deux, soit être supprimés et que ce que l’on obtiendra alors (tout en n’ayant pas nécessairement le même sens) sera toujours une phrase française. Ainsi, de la phrase assertive et de contour d’intonation neutre Le vieux singe court dans le champ, on peut passer à Le vieillard court dans Paris, puis à Jacques court vite jusqu’à Jacques court, point où l’on parvient à quelque chose d’irréductible. Jacques court ne peut pas être réduit davantage parce que le résultat ne serait plus une phrase française de contour d’intonation neutre. Cette analyse permet de dégager les constituants immédiats de la phrase en français : le syntagme nominal (SN), dont le centre est le nom, et le syntagme verbal (SV), dont le centre est le verbe. Ces deux syntagmes se définissent l’un par rapport à l’autre par leur complémentarité (tous deux sont nécessaires à l’élaboration d’une phrase), leur ordre relatif (SN précède SV) et leurs systèmes de marques

(genre, nombre, temps). La conception saussurienne du rôle social de la langue implique que seul soit pris en considération dans le langage l’aspect de communication. Chaque élément a donc à son niveau et aux autres niveaux une certaine fonction, qui est d’apporter une information. Les éléments qui n’apportent pas d’information n’ont pas de fonction linguistique. Le sens est le critère qui permet d’établir cette fonction linguistique dans le test de commutation. Il n’est pas pris en considération pour lui-même, mais seulement dans la mesure où il existe — ou non — une différence sémantique (une différence d’information) entre deux énoncés successifs. Ainsi, quand on a la suite phonétique [bys] bus, on établira l’existence du phonème initial

/b/ en montrant qu’il peut commuter avec un autre son, par exemple /p/, ce qui donne [pys] puce, et que cette différence est suffisante pour changer le sens. Par contre, si le mot puce est prononcé avec un [p] légèrement aspiré, le sens ne change pas ; il ne s’agit donc pas d’un phonème différent.

De même, on établira l’existence

d’un morphème en montrant qu’il peut commuter avec un autre morphème ; par exemple, le mot mutation est constitué de deux morphèmes : le premier morphème, mut-, commute

avec fond- dans fondation, et le second morphème, -ation, commute avec -ons dans mutons. Ainsi, les morphèmes pourront être classés dans des catégories différentes selon les possibilités de commutation qu’ils offrent : fond- et mut- entreront dans la même catégorie du fait qu’ils apparaissent tous les deux devant une autre catégorie qui comporte les morphèmes -ation, -ons..., groupe qui pourra, par la suite, être affiné grâce à d’autres commutations.

Ainsi, les deux morphèmes rare- et vire- auraient pu, dans une analyse rapide, être classés dans la même ca-tégorie, puisqu’ils sont tous les deux susceptibles d’apparaître devant -ment.

Mais l’analyse des autres commutations possibles montrera qu’il existe deux morphèmes -ment différents,

puisque, d’une part, rare et vire, quand ils apparaissent seuls, n’auront pas les mêmes distributions dans les phrases et que, d’autre part, ils ne pourront pas entrer en composition avec les mêmes morphèmes : seul le second -ment

pourra commuter avec -ons. L’analyse montre donc qu’il existe deux types de rapports fondamentaux entre les élé-

ments linguistiques : les éléments qui sont situés à l’intérieur d’une même chaîne parlée (par exemple vire-et -ment dans l’exemple pris plus haut) entretiennent des rapports syntagmatiques (F. de Saussure disait que c’était des rapports in praesentia). Quant aux downloadModeText.vue.download 558 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11

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éléments susceptibles de commuter les uns avec les autres à l’intérieur d’une même classe, en un même point de

la chaîne parlée, ils entretiennent des rapports paradigmatiques (dont F. de Saussure disait qu’ils étaient in absen-tia) : c’est le cas de fond- et de mut-, qui sont en rapport paradigmatique devant le morphème -ation.

Si les possibilités de construire une syntaxe à partir de la théorie saussu-

rienne sont presque inexistantes, il y a eu néanmoins des analyses syntaxiques dans le cadre de certaines théories structuralistes. Les distributionalistes américains ont mis au point la méthode des constituants immédiats, dont le principe est la possibilité de commutation entre plusieurs morphèmes et un morphème unique. Ainsi, dans la phrase Le vieux singe court dans le champ, vieux singe peut commuter

avec vieillard, et le champ avec Paris.

Les deux morphèmes initiaux (vieux) et (singe) sont constituants immédiats de l’unité de niveau immédiatement supé-

rieur (vieux singe), que l’on peut, par convention, appeler GN (groupe nominal) pour le distinguer du SN (le vieux singe) [syntagme nominal], constitué par la combinaison du déterminant (le) et du GN (vieux singe).

Un certain nombre de représenta-

tions graphiques ont été proposées pour représenter cette analyse en constituants immédiats, parmi lesquelles la boîte de Hockett (voir ci-dessous).

Cette analyse donne des renseignements très précis sur la structure des phrases et a l’avantage de ne grouper les éléments que sur des bases formelles. Elle permet donc d’éviter bien des erreurs introduites dans la grammaire traditionnelle au cours de l’analyse des éléments par leurs fonctions.

Critique du modèle structuraliste Mais cette analyse a également un certain nombre de défauts, en raison desquels il faudra la compléter au moyen d’un modèle plus puissant :