À la syntaxe revêtant la forme qui vient d’être décrite vont être appliquées les deux composantes interpré-
tatives. La composante sémantique s’applique sur la base, là où les phrases ne sont pas ambiguës. Elle permettra ainsi de montrer que le SN la critique de Chomsky peut avoir deux sens différents, qui correspondent aux deux formes apparaissant dans la base. La composante phonologique « traduit »
la phrase en une suite de sons. Ainsi, la phrase Le buffle court vite, qui est produite dans la base, peut devenir par l’application d’une transformation qui lui donnera une forme interrogative Le buffle court-il vite ? L’interprétation sémantique donnera un sens à cette phrase à partir de sa structure, et l’interprétation phonologique la transformera en ce qui est effectivement produit : /lәbyflәkurtilvit/.
La dichotomie théorique entre le
code sous-jacent (la langue ou la compétence) et l’utilisation qui en est faite (la parole ou la performance) entraîne donc d’importantes différences méthodologiques selon la façon dont ces deux notions sont définies. Mais l’importance de ces concepts se manifeste également dans les différences méthodologiques entre linguistes appartenant à des écoles structuralistes dont les principes théoriques peuvent être rapprochés : on peut mettre en rapport la différence entre la méthodologie amé-
ricaine (fondée sur la distribution) et la méthodologie européenne (fondée sur la commutation) avec le fait que les Américains (qui, cependant, connaissaient les travaux de Saussure) n’ont pas utilisé le concept de langue.
F. R.
F Chomsky (N.) / Discours (parties du) / Géné-
rative (grammaire) / Linguistique / Phonologie /
Saussure (F. de) / Structuralisme.
F. de Saussure, Cours de linguistique géné-
rale (Payot, 1916 ; nouv. éd., 1972). / Z. S. Harris, Methods in Structural Linguistics (Chicago, 1951 ; nouv. éd., Structural Linguistics, 1963).
/ N. Chomsky, Syntactic Structures (La Haye, 1957 ; trad. fr. Structures syntaxiques, Éd. du Seuil, 1969) ; Aspects of the Theory of Syntax (Cambridge, Mass., 1965 ; trad. fr. Aspects de la théorie syntaxique, Éd. du Seuil, 1971). / J. Dubois, M. Giacomo, L. Guespin, C. et J.-B. Mar-cellesi et J.-P. Mével, Dictionnaire de linguistique (Larousse, 1973).
LES LANGUES
Quand on emploie le mot langue soit au pluriel, soit précédé de l’article in-défini, soit suivi d’un adjectif comme française, allemande, etc., on désigne
l’un des systèmes de communication relevant du langage. En réalité, c’est par une sorte de convention tenant beaucoup plus aux conditions d’utilisation qu’au fonctionnement linguistique qu’on oppose ce qu’on appelle une langue à ce qu’on appelle un dialecte*. On parle plutôt de langue quand le système est relativement stable, ou qu’il est régi par des règles écrites (grammaire), ou bien qu’il est enseigné de manière institutionnelle, ou qu’on l’utilise pour une littérature, ou enfin qu’il est très fortement différent de tous les autres systèmes. Dans la mesure où il est difficile de définir exactement ce qu’on appelle ainsi, c’est par pure convention qu’on peut énumérer les langues existant dans le monde.
Les classements
Les classements typologiques
On peut classer les langues selon certains caractères choisis préalablement et selon les affinités qui se découvrent ainsi. Tous les caractères linguistiques peuvent entrer dans une étude de cette sorte : sons (longueur, nombre, rapports réciproques) ; accents toniques (place, rôle, débit) ; syllabe (structure et rôle) ; mots (longueur et rapports entre eux) ; etc. Ces classements peuvent se fonder uniquement sur un de ces traits (nombre de voyelles par exemple) ou sur plusieurs d’entre eux, et l’on peut établir des comparaisons avec la moyenne générale comme avec d’autres langues bien déterminées.
Ainsi, on peut caractériser les langues selon : 1o les rapports entre la syllabe et le mot ; 2o les rapports entre la forme et la fonction des mots ; 3o les rapports entre la grammaire et le sens. On définit ainsi trois types : isolant, aggluti-nant, flexionnel. Une langue isolante (ou analytique), comme le vietnamien ou, dans sa forme orale, le français, a des formes invariables en elles-mêmes dans la plupart des cas. Les mots peuvent résulter alors parfois de la combinaison d’unités lexicales plus petites : ainsi, en chinois mandarin, yu signifie « voyager » et tsou « aller ».
On forme « se promener » en combinant yu et tsou. Une langue aggluti-nante, au contraire, ajoute à une racine une série de formes qui précisent le
sens que la racine prend dans la phrase donnée, mais chacune de ces formes est analysable séparément. Ainsi, en turc, « maison » au nominatif se dit ev ; la forme exprimant le pluriel est -ler, celle qui exprime le possessif est -i :
« ma maison » se dira evi, « les maisons » evler, « mes maisons » evleri.
Dans une langue flexionnelle, enfin, les formes sont amalgamées : ainsi, le latin domini a une désinence -i qui est downloadModeText.vue.download 560 sur 577
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
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à la fois marque de pluriel et de nominatif-vocatif ou bien à la fois marque de singulier et de génitif. En réalité, pour classer les langues ainsi, c’est en terme de degrés qu’il faut raisonner et non dans l’absolu. Le latin est plutôt flexionnel, mais, quand « dans la place forte » s’y dit in oppidum, il est aussi analytique du fait de l’utilisation de in pour introduire oppidum, complément du lieu où l’on va. De même, le français est plutôt isolant, mais la variation cheval/chevaux est de type flexionnel. Ce qui est important pour chaque langue, c’est de définir le caractère dominant.
Les classements généalogiques
La plupart des non-spécialistes s’inté-
ressent plutôt aux classements des langues en familles. On appelle ainsi l’ensemble des langues connues qu’on peut rattacher à une même origine. On subdivise les familles en branches et on parle aussi de groupes. L’acquis le plus important de la linguistique du XIXe s.
a été l’établissement des principes et des méthodes grâce auxquels on a établi des familles de langues au moyen des disciplines dites « philologie »,
« grammaire » ou « linguistique historique, comparée ou comparative ».
La famille
indo-européenne
Parmi les familles de langues, celle qui a été le mieux établie et dont l’étude a servi de modèle à toutes les recherches de la grammaire comparée est l’indo-
européen. Elle comprend les langues des pays les plus puissants d’Europe et, du fait de leur expansion, est repré-
sentée par des langues officielles dans les cinq continents (anglais en Amé-
rique du Nord, en Afrique et en Océanie, français en Afrique et en Océanie, russe en Asie, espagnol et portugais en Amérique latine, etc.). De ce fait, on s’imagine souvent, et à tort, que la famille indo-européenne représente un type linguistique supérieur. On lui a appliqué très tôt la méthode comparative, et elle a fait à elle seule l’objet de plus de recherches que toutes les autres réunies. Les divergences qui subsistent entre les linguistes à son propos portent moins sur ses limites et ses principales subdivisions que sur des détails concernant les rapports entre les diverses branches.
Langues
ouralo-altaïques
Famille finno-ougrienne
ou ouralienne
y La famille finno-ougrienne com-
prend trois langues importantes :
— le finnois (langue officielle de la Finlande) ;