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domaine royal, à l’intérieur duquel il constitue dès 1229 les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne, puis, après 1271, celles du Rouergue et de Toulouse, à l’écart desquelles demeure jusqu’à sa confiscation par Philippe VI de Valois en 1341 la moitié de la ville et seigneurie de Montpellier, fief des rois de Majorque, que Jacques III (1349-1375) finit par lui vendre pour 120 000 écus en 1349.

Le pays, reconstruit par les Capé-

tiens et par les Valois, qui y fondent de nombreuses bastides, redevient un foyer d’intense activité économique (foires* drapières). Atteint dans sa prospérité par la chevauchée du Prince Noir en 1356, par les raids des Grandes Compagnies, le Languedoc reste fidèle aux Valois, auxquels ses états, apparus au XIVe s., accordent leur indispensable appui financier lors des crises consécutives à la signature des traités de Brétigny de 1360 et de Troyes de 1420.

Le souverain est représenté à Toulouse depuis 1296 par un lieutenant du roi, qu’il choisit souvent au sein de sa famille ; il dote le Languedoc d’un parlement siégeant provisoirement (1420), puis définitivement (1444) à Toulouse, d’une Cour des aides, établie à Montpellier en 1478, et enfin d’une Chambre des comptes, créée en 1523.

Temps modernes

et contemporains

Profondément pénétré par la Réforme qui se maintient dans le Bas-Languedoc et la région de Castres, le Languedoc protestant se révolte de 1621

à 1629 sous la direction de Henri II de Rohan (1579-1638), mais refuse son aide au gouverneur Henri Ier de Mont-morency (1534-1614), qui accorde son appui militaire à Gaston d’Orléans, et qui est vaincu à Castelnaudary le 1er septembre 1632 par les troupes de Richelieu. Dès lors assujetti étroitement à l’autorité de l’intendant de Montpellier, le Languedoc perd ses dernières institutions particulières en 1789-90. Foyer de la Terreur blanche en 1815, centre de l’opposition républicaine de 1848 à 1851, le Languedoc est resté pendant plus d’un siècle un bastion électoral de la gauche fran-

çaise, radicale ou socialiste, recrutant en particulier ses électeurs dans les campagnes, qui souffrent depuis 1900-1905 d’une crise de structure due à la surproduction de vin, aggravée par la concurrence du vignoble algérien et par une industrialisation longtemps insuffisante, à laquelle les pouvoirs publics semblent vouloir remédier en faisant de Toulouse la capitale française de l’azote et de l’aéronautique. Telle est peut-être l’une des raisons des fluctuations électorales en 1968 et 1973.

P. T.

F Aquitaine / Cathares / Languedoc-Roussillon

/ Provençale (littérature) / Toulouse.

C. de Vic et J. Vaissette, Histoire générale du Languedoc (J. Vincent, 1730-1745 ; 5 vol. ; nouv. éd., J. B. Paya, Toulouse, 1838-1847 ; 10 vol.). / E. Le Roy Ladurie, Histoire du Languedoc (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 2e éd., 1967) ; les Paysans de Languedoc (S. E. V. P. E. N., 1966 ; 2 vol. ; éd. abrégée, Flammarion, 1969). / J. Godechot, « Histoire du Languedoc » dans Languedoc (Horizons de France, 1965). / P. Wolff (sous la dir. de). Histoire du Languedoc (Privat, Toulouse, 1968) ; Documents sur l’histoire du Languedoc (Privat, Toulouse, 1969). / G. Baissette, Ce pays de Montpellier (Causse, Montpellier, 1970). / M. Chauvet, le Languedoc méditerranéen (France-Empire, 1971).

L’art en Languedoc

Si les peintures et les gravures préhistoriques des grottes de Niaux, de l’Aldène, de Gazel et de la vallée de l’Ardèche frappent par la précision et la vigueur du trait et témoignent de la puissance d’un art magique, Nîmes* et le pont du Gard manifestent avec éclat la grandeur de l’urbanisme romain et les hautes qualités techniques et esthétiques de son génie civil. À Narbonne*, les fouilles de l’église Saint-Paul-Serge ont mis au jour des sarcophages qui comptent parmi les meilleures créations de la sculpture paléochrétienne.

Saint-Sernin de Toulouse* domine l’art roman de la province, mais de la Garonne au Rhône et du Velay (v. Auvergne) aux Corbières abondent des oeuvres remarquables de l’architecture et de la sculpture des XIe et XIIe s. Dans la haute vallée de l’Hérault, au lieu même où Guillaume d’Orange, le Guillaume au Court Nez des

chansons de geste, se retira pour mener une vie d’ascèse et de prière, s’élèvent l’église et les restes du cloître de l’un des plus vénérables monastères de l’Occident, Saint-Guilhem-le-Désert. Un clocher rustique au toit à deux pentes de tuiles romaines domine cet ensemble d’un style dépouillé.

Dans le paysage nostalgique des étangs de la côte, la cathédrale solitaire de Maguelonne ressemble à une forteresse avec ses étroites fenêtres pareilles à des meurtrières. Un Christ en majesté cantonné par le tétramorphe et un linteau décoré de rinceaux ornent son porche. Aux pieds droits, deux bas-reliefs : saint Pierre, au corps ramassé de lutteur, au visage lourd sous les cheveux frisés, d’énormes moustaches tombant en croissant sur la barbe bien peignée ; saint Paul, au corps en mouvement, comme emporté par la course, le visage ouvert au front dégarni. La sombre nef unique est voûtée en berceau brisé. La grande composition de la façade de Saint-Gilles-du-Gard, étroitement apparentée à celle de Saint-Trophime d’Arles, est nettement d’inspiration antique avec sa large frise et ses trois portails, dont les tympans sculptés de scènes de la vie du Christ sont séparés par une colonnade sous laquelle se succèdent les statues des apôtres.

L’abbaye de Saint-Gilles, dont Raimond IV, comte de Toulouse, chef des armées méridionales de la première croisade, portait le nom, eut un rayonnement considérable, auquel contribua le pèlerinage de Compostelle, car les « jacquets » venant d’Italie et de Provence y faisaient halte.

Romans aussi les trois nefs robustes de Saint-Nazaire de Carcassonne*, l’abbatiale de Cruas, le clocher cylindrique à cinq étages d’Uzès, dit « tour Fenestrelle », qui émerge des vieux toits roses comme un signal, les églises de Bourg-Saint-Andéol, à coupole octogonale, de Champagne, à quatre coupoles, la cathédrale fortifiée en lave noire d’Agde, le portail à deux arcades de la cathédrale de Saint-Pons, l’église de Rieux-Minervois au plan centré sans équivalent.

L’art cistercien est représenté par l’abbaye Sainte-Marie de Fontfroide, en pierre dorée, située près de Narbonne dans un vallon des Corbières hérissé de cyprès.

Fondée à la fin du XIe s., affiliée à l’ordre de Cîteaux en 1146, elle prospéra rapidement,

au point de créer dès 1151, à Poblet, en Catalogne, une filiale promise à un grand avenir. L’église (seconde moitié du XIIe s.), contemporaine de celles de Sénanque et du Thoronet, se compose d’une nef de cinq travées voûtée en berceau brisé aigu et de deux collatéraux voûtés en quart de cercle.

Trois voûtes d’ogives couvrent le transept.

Le choeur carré, également ogival, est prolongé par une abside à cinq pans. Une grave allégresse baigne le cloître gothique (fin du XIIIe - début du XIVe s.), bordé, côté jardin, d’arcades en plein cintre supportées par des colonnettes jumelées de marbre blanc aux minces chapiteaux à feuillages, qui s’inscrivent par groupes de trois ou quatre dans de grands arcs de décharge percés d’oculi. La salle capitulaire, aux élé-

gantes voûtes ogivales soutenues par de fines colonnes, s’ouvre sur le cloître par trois baies en plein cintre. Le cellier voûté en berceau rappelle que le monastère fut une exploitation viticole pilote. Fontfroide

— la source fraîche image de la Grâce —

apparaît comme la cité exemplaire de l’absolu rêvée par saint Bernard.

La voûte en croisée d’ogives apparut pour la première fois en Languedoc à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse au début du XIIIe s. Un style gothique différent de celui des pays de langue d’oïl se répandit rapidement dans toute la province. Il se caractérise par une large nef unique sans arcs-boutants, épaulée par des contreforts puissants entre lesquels se nichent, en l’absence de transept, des chapelles, un choeur sans déambulatoire, une abside à pans coupés, un clocher souvent octogonal. L’intérieur des églises de ce style, où Marcel Durliat relève « le sens de l’espace hérité de Rome », a l’avantage d’être absolument dégagé de colonnes : on y voit le choeur de partout. Plusieurs églises toulou-saines sont de ce type et aussi, parmi un grand nombre : Sainte-Cécile d’Albi*, Saint-Alain de Lavaur, Notre-Dame-du-Bourg de Rabastens, Saint-Vincent et Saint-Michel de Carcassonne, Saint-Vincent de Montréal (Aude), Saint-Papoul, Saint-Maurice de Mirepoix, Saint-Fulcran de Lodève. Au Moyen Âge, leurs grandes surfaces murales étaient couvertes de peintures. La cathé-