drale Saint-Pierre de Montpellier*, précé-
dée d’un porche monumental, relève en partie de ce style. Saint-Nazaire de Béziers (fin du XIIIe - XIVe s.), qui surplombe l’Orb, a une nef à deux travées, un transept et, sur sa façade, une rose de 10 m de diamètre.
Tandis que s’élevaient ces églises, d’autres, directement inspirées des réalisations gothiques « françaises », sortaient de terre : la cathédrale Saint-Just de Narbonne*, oeuvre de Jean Deschamps (actif à partir de 1248), dont les voûtes s’élancent à 40 m, la cathédrale Saint-Pierre de Mende, à la façade encadrée de deux hauts clochers, la longue église à façade et abside fortifiées de Clermont-l’Hérault et le merveilleux choeur tout en verrières de Saint-Nazaire de Carcassonne.
La sculpture produit des chefs-d’oeuvre aux XIVe et XVe s. : Vierge d’ivoire polychrome et tombeau d’Innocent VI à Villeneuve-lès-Avignon, Vierge dite « Notre-Dame de Grâce » du musée de l’ancien couvent des Augustins de Toulouse, Mise au tombeau et Pietà de Monestiés-sur-Cérou, et les incomparables statues polychromes de la clôture du choeur de la cathédrale d’Albi. Du gothique finissant datent aussi la fresque du Jugement dernier dans le même édifice, celle de saint Jean-Baptiste à la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon et le célèbre Couronnement de la Vierge à l’hospice de la même ville (v. Avignon).
Carcassonne est la plus fameuse des cités fortifiées du Moyen Âge. Cordes dresse sa silhouette altière sur une pyramide rocheuse de la vallée du Cérou. Fondée en 1222 par Raimond VII, comte de Toulouse, elle a gardé à l’intérieur de ses murailles des maisons en beau grès mor-doré du XIVe s., bâties selon une ordonnance rigoureuse. Elles présentent des façades plates à deux étages et toit débordant, percées au rez-de-chaussée d’arcades ogivales et aux étages d’élégantes fenêtres trilobées à colonnettes. Au sommet de la ville, jadis bruissante d’artisanat, la halle de 1353, faite pour les marchés des draps et des cuirs et dont la charpente de chêne est supportée par 25 piliers hexagonaux, abrite l’orifice du puits profond de 107 m.
Aigues-Mortes, fondée par Saint Louis et bâtie en échiquier avec une place centrale, à partir de 1272, par les architectes downloadModeText.vue.download 567 sur 577
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
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de Philippe le Hardi puis de Philippe le Bel, est entourée d’une enceinte de 11 m
de hauteur en bel appareil, flanquée de 20 tours, percée de 10 portes et surmontée d’un chemin de ronde large de 2,50 m sur les courtines. Un puissant donjon cylindrique de 30 m de hauteur et 22 m de diamètre, aux murs épais de 6 m, la tour de Constance de tragique réputation, flanque cet ensemble sévère. Mirepoix (XIIIe s.), avec sa place rectangulaire entourée de
« couverts » à charpente, et Revel (XIVe s.) témoignent de l’urbanisme des bastides.
Les forteresses cathares, enfin, dressent leurs ruines dans des sites de légende, tandis que celles des rois de France gardent la rive droite du Rhône : donjon triangulaire de Beaucaire, redoutable fort Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon.
Les négociants en pastel firent édifier les hôtels Renaissance de Toulouse. De cette époque datent la façade sur cour du
« Duché » d’Uzès, ensemble où se conjuguent tant de styles, l’hôtel de Conti et la maison des Consuls de Pézenas. L’architecture classique trouve en Languedoc une terre d’élection. Elle s’épanouit à Toulouse comme à Montpellier et fait de Pézenas une ville du Grand Siècle avec l’hôtel d’Alfonce, où Molière joua, l’hôtel Malibran et tous ceux qui confèrent une allure majestueuse au cours Jean-Jaurès. Classiques aussi l’hô-
tel de ville et les maisons à arcades d’Uzès, les hôtels des drapiers de la ville basse de Carcassonne, les majestueux bâtiments de l’abbaye de la congrégation de Saint-Maur à Lagrasse, le collège des Jésuites devenu lycée à Tournon. Parmi les châteaux des XVIIe et XVIIIe s., citons Assas, avec sa façade à fronton triangulaire, balustres et ferron-neries, Castries et ses jardins dessinés par Le Nôtre, L’Engarran, dont l’avant-corps central est relié aux ailes par des quarts de rond et la porte encadrée d’atlantes, et La Piscine (tous deux dans les environs de Montpellier), Pennautier, Saint-Géry et tant de gracieuses folies de briques roses autour de Toulouse, de pierre blanche autour de Montpellier. Quais, portes, esplanades, promenades, jardins, places des temps classiques marquent Toulouse, Montpellier, Nîmes. Et le décor de Saint-Ferréol, réservoir du canal du Midi, mérite le qualificatif de « versaillais ».
Albi, Carcassonne, Montpellier, Toulouse ont d’importants musées. Le musée Goya de Castres conserve quatre toiles du maître (dont l’autoportrait dit Goya aux lunettes et la Junte des Philippines) ainsi que des primitifs espagnols et des oeuvres
du Siècle d’or.
J. P.
F Auvergne / Guyenne / Rouergue / Roussillon.
R. Rey, la Sculpture romane languedocienne (Privat, Toulouse, 1936) ; l’Art des cloîtres romans (Privat, Toulouse, 1955).
/ E. Lambert, « l’Art en Languedoc », dans Visages du Languedoc (Horizons de France, 1949) ; Abbayes et cathédrales du Sud-Ouest (Privat, Toulouse, 1958). / R. Mesuret, Toulouse et le Haut-Languedoc (Arthaud, 1961). / Merveilles des châteaux de Provence (Hachette,
« Réalités », 1965). / M. Durliat, Languedoc méditerranéen et Roussillon (Arthaud, 1968).
Languedoc-
Roussillon
Région économique de la France méridionale ; 27 448 km 2 ; 1 707 498 hab.
Capit. Montpellier.
Elle regroupe cinq départements : trois en bordure de la Méditerranée (Aude, Hérault et Gard) et un département montagnard, appartenant au Massif central (Lozère), correspondent approximativement au Languedoc ; le dernier (Pyrénées-Orientales) forme une entité originale à la fois culturelle et linguistique, englobant la terminaison de la chaîne frontalière de l’Espagne et la plaine du Roussillon au-delà du pas de Salces (ou Salses).
Le nom de Languedoc provient
d’une particularité linguistique (en occitan, oui se disait « oc »), mais l’ancienne province (v. Languedoc) était beaucoup plus étendue que la région actuelle. Elle oscillait entre deux capitales, Toulouse pour le Haut-Languedoc, axé sur le versant atlantique, et Montpellier pour le Bas-Languedoc, proprement méditerranéen.
Au lendemain d’une longue sta-
gnation et de difficultés économiques réelles, le Languedoc-Roussillon
peut apparaître actuellement comme une des terres d’expérimentation de l’aménagement régional en raison
des travaux entrepris par la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc (C. N. A. R. B. R. L.), de l’implanta-
tion de six unités touristiques nouvelles sur le littoral et de la création du parc national des Cévennes. Ces mutations en cours se répercutent sur les structures humaines et contribuent à valoriser un cadre naturel varié servi par des conditions climatiques favorables.
Le milieu physique