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Désormais, l’axe Sète-vallée du

Rhône, qui inclut les deux villes les plus importantes (Montpellier et

Nîmes) et où l’urbanisation s’accé-

lère, a pris le pas, sans doute pour une longue période, sur un Languedoc occidental resté beaucoup plus traditionaliste, axé sur la classique monoculture viticole et plus éloigné du « Grand Delta » européen.

Les villes

Le Languedoc est une des régions les plus urbanisées de France. La mise en place du réseau urbain montre une série de balancements entre le littoral, la plaine, les contacts des Garrigues et le piémont montagnard. Les héritages sont divers, de l’apport romain (Bé-

ziers, Nîmes, Narbonne) à l’affirmation médiévale (Carcassonne), jusqu’aux anciennes places commerciales,

sièges de foires achalandées (Pézenas et Beaucaire), et à la création du port de Sète due à une initiative royale en 1666. Les villes les plus importantes s’égrènent au long de l’axe de communication principal de l’Aquitaine à la Provence, entre l’Espagne et l’Italie.

On compte au total six aggloméra-

tions de plus de 50 000 habitants (sans doubles comptes).

Carcassonne, chef-lieu de l’Aude, n’atteint pas 50 000 habitants ; Montpellier, capitale administrative et intellectuelle, regroupe la préfecture de région et les grands services administratifs, mais s’est délestée d’une partie de sa capacité universitaire au profit de Perpignan et Nîmes. Une douzaine de villes moyennes jouent un rôle secondaire : Port-la-Nouvelle et Port-Vendres, au trafic maritime bien réduit ; Castelnaudary, centre agricole des confins aquitains ; Agde, foyer

touristique et commercial de la basse vallée de l’Hérault ; Bagnols-sur-Cèze, qui a enregistré une progression importante grâce à la proximité des installations industrielles rhodaniennes. Sur le piémont montagnard, Saint-Pons, Bédarieux, Lodève, Ganges, Le Vigan, autrefois très actifs par leurs industries textiles, ont connu des fortunes diverses. Mais ces villes-relais, dont les fonctions ne dépassent guère parfois celles des gros bourgs du vignoble, constituent un élément d’équilibre du réseau urbain. Le déséquilibre dans la répartition des hommes traduit en fait deux niveaux économiques différents découlant des options d’aménagement.

L’économie

Les secteurs agricoles

traditionnels

y La polyculture ancienne. La

Lozère et les hauts cantons restent le domaine d’une agriculture intensive reposant en partie sur l’élevage ; dans les Cévennes, une série de catastrophes récentes ont touché le châtaignier (encre) et le ver à soie (pébrine). L’élevage du mouton est resté essentiel sur les Causses en vue de la production d’agneaux de boucherie et de lait pour les fromageries voisines de Roquefort-sur-Soulzon.

Les maigres terrains de parcours du Larzac sont disputés par l’armée aux bergers caussenards. La polyculture à base céréalière reste le domaine des marges aquitaines (Razès, Lau-ragais) à la limite du grand vignoble de masse.

y Le vignoble. La vigne conserve

toute sa prééminence, venant au

premier rang des cultures, occupant 40 p. 100 des terres agricoles (soit une superficie de près de 500 000 ha) et assurant 60 p. 100 de la valeur de la production, contre 20 p. 100 pour les fruits et légumes. Le tiers de la production nationale de vin provient du Languedoc-Roussillon (ce qui repré-

sente encore près du dixième de la production mondiale).

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11

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La « mer de vigne » reste l’élément de base de la plaine héraultaise, émaillée de gros bourgs et de grands domaines ceinturés de parcs : « campagnes » du Biterrois, « mas » du Lunellois ; avec les 40 p. 100 de la production régionale, l’Hérault devance l’Aude et le Gard, mais se limite essentiellement aux vins de consommation courante.

Parmi les produits de qualité, on peut retenir les vins doux du Roussillon : banyuls, rivesaltes, côtes-d’agly, utilisés pour la fabrication d’apéritifs (cave de Thuir) ; la blanquette de Limoux ; les clairettes de la vallée de l’Hérault ; les muscats de Frontignan, de Lunel et du Minervois ; les rosés des Costières du Gard et les vins des Côtes du Rhône.

La petite exploitation est souvent le fait d’ouvriers agricoles, fréquemment d’origine espagnole, qui se sont rendus acquéreurs de petits lopins de vigne ; elle voisine avec les grands domaines de la plaine, créations de la bourgeoisie urbaine locale ou extra-régionale absentéiste, qui assurent la vinification et la commercialisation des produits. La moyenne et petite propriété se maintient grâce au réseau serré des caves coopératives vinicoles. Les irrigations anciennes du Roussillon donnent un paysage de huerta qui mêle vignoble, arbres fruitiers et parcelles maraî-

chères ; les extensions récentes dans le Languedoc oriental ont entraîné une reconversion, la vigne reculant devant les vergers de pommiers et pêchers.

y L’oeuvre de la C. N. A. R. B. R. L.

Pour substituer à la monoculture

traditionnelle d’autres productions, légumières et fruitières, l’irrigation de la plaine a été confiée en 1955 à la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc ; en plus étaient prévus l’assistance technique, la conservation des terres, le reboisement, l’amé-

lioration de l’habitat rural, l’organisation des circuits commerciaux et des marchés : un aménagement rural au sens le plus large.

Sur les 250 000 ha de terres dont l’irrigation était prévue, le secteur oriental s’alimente sur le Rhône par la station A.-Dumont à Pichegu, qui refoule les

eaux sur la Costière du Gard, d’où elles se répartissent par gravité ; désormais, les tours de mise en pression constituent un élément nouveau du paysage des campagnes gardoises. Le secteur occidental s’appuiera sur les retenues d’Avène et du Salagou. La première zone en voie d’achèvement couvre

130 000 ha, de la Petite Camargue à l’étang de Thau, avec un canal principal d’une cinquantaine de kilomètres.

À partir des deux barrages cités et déjà en service, le Biterrois et le Narbonnais auront la possibilité d’irriguer 120 000 ha.

Désormais, grâce à l’eau, le Gard a dépassé les Pyrénées-Orientales pour la production des fruits. La région fournit près du cinquième de la récolte nationale et expédie les pommes vers les pays de l’Europe du Nord-Ouest.

La production légumière régionale ne représente que 5 p. 100, mais là aussi les progrès enregistrés sont sensibles, grâce aux S. I. C. A. (sociétés d’inté-

rêts collectifs agricoles), qui associent les producteurs pour la commercialisation et la conservation des produits. Sur les confins de l’Hérault et du Gard se sont implantées plusieurs conserveries d’origine étrangère (Vauvert, Lunel).

Les industries

y Les survivances. Le Languedoc a été une des grandes régions industrielles françaises grâce à des ressources minières importantes et à une vieille tradition artisanale, dans le domaine du textile en particulier.

Aujourd’hui, sa place dans l’en-

semble national est modeste : moins de 2 p. 100 de l’emploi industriel.

Les trois quarts des établissements comptent moins de 10 salariés, près de la moitié des effectifs sont employés dans le bâtiment, les deux tiers des usines sont implantées dans les deux seuls départements de l’Hérault et du Gard.

Les minerais sont nombreux dans

les Cévennes et les Pyrénées, mais les activités extractives sont dominées par la récession du bassin charbonnier d’Alès. Les Garrigues assurent cependant le quart de la production française de bauxite ; le gisement de Salsigne

(Aude) fournit de l’arsenic, un peu d’or et du cuivre ; la production de sel marin apporte 1 Mt, matière première recherchée pour les industries de la soude, du chlore (Compagnie des salins du Midi).