Mais toutes ces ressources sont assez mal utilisées ; en tout cas, elles pourraient donner lieu à une exploitation plus poussée et à une valorisation sur place plus importante.
y Les implantations récentes. Un
pôle industriel s’esquisse sur les rives de l’étang de Thau autour du port de Sète et de la raffinerie de pétrole de Frontignan, qui reçoit le brut de Libye et du Moyen-Orient. Il est organisé en fonction des importations par le port de Sète et reste lié à la viticulture : engrais, produits anticryptogamiques.
Un renouveau industriel se manifeste sur les rives du Rhône grâce à l’implantation du centre nucléaire de Marcoule et de l’installation d’Ugine-Kuhlmann à L’Ardoise (électrométallurgie), en liaison avec l’aménagement du fleuve par la C. N. R. (Compagnie nationale du Rhône). Récemment reconvertie, l’industrie textile gardoise s’est spé-
cialisée dans les sous-vêtements et la confection (Cacharel). L’établissement industriel le plus important est situé à Vergèze (source Perrier).
y Les secteurs de pointe. Mais c’est Montpellier qui bénéficie de la pré-
sence de la firme employant le plus grand nombre d’ouvriers : I. B. M.
(construction et entretien d’ordinateurs) ; elle a entraîné dans son sillage une dizaine de sous-traitants. À côté de l’électronique s’installent les laboratoires pharmaceutiques (Clin-Byla), en liaison avec la présence de l’université.
Cependant, le bilan régional montre bien, malgré des progrès notables, la sous-industrialisation de la région ; aucun établissement n’atteint 200 ouvriers en Lozère ; l’Aude en compte seulement quatre dépassant ce seuil ; les Pyrénées-Orientales, cinq ; le Gard, une vingtaine ; l’Hérault, moins de dix (dont I. B. M., qui emploie désormais plus de 2 000 personnes).
Le tourisme
La montagne offre une série de centres de repos estival et de stations de ski (Pyrénées) ; le catalogue des richesses est large, du fait du cadre naturel, des splendeurs souterraines (Clamouse, grotte des Demoiselles, aven Armand), du legs de l’histoire (oppidum d’En-sérune, monuments romains, abbayes romanes, cité de Carcassonne et vieux hôtels de Pézenas ou Montpellier) et des ressources hydrominérales (Mo-litg, Lamalou-les-Bains). De plus, la région, par sa vocation de passage, constitue une étape sur les routes touristiques les plus fréquentées d’Europe, vers l’Espagne et l’Italie.
Le littoral, avec plus de cent kilomètres de plages sablonneuses, est resté longtemps à l’écart, sorte d’angle mort entre les plages de la Costa Brava et les stations de la Côte d’Azur ; Pala-vas-les-Flots, Le Grau-du-Roi, Valras-Plage, Narbonne-Plage, Argelès-surMer étant essentiellement réservés aux habitants des villes voisines, dans des conditions d’installation souvent sommaires. Pour mieux utiliser ce potentiel, un programme ambitieux d’amé-
nagement a été mis sur pied en 1963
par la « Mission interministérielle pour l’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon ».
Le plan prévoit la création de nouvelles stations, la mise en valeur des sites et leur protection ; il a entraîné une série de réflexes de défense de la part des autochtones, mais désormais les pyramides de La Grande-Motte
marquent le début d’une urbanisation nouvelle, précédant les cinq autres unités : cap d’Agde, embouchure de l’Aude, Gruissan, Leucate-Barcarès et Saint-Cyprien. L’ensemble permettra d’accueillir plus d’un demi-million d’estivants.
Mais l’aménagement ne s’est pas
limité au seul littoral ; le parc national des Cévennes a été créé entre l’Aigoual et le mont Lozère sur le périmètre de 131 communes et une superficie de 90 000 ha, dans une région restée en partie mal accessible, aux paysages sauvages. La zone périphérique, sur 150 000 ha, bénéficie également de mesures tendant à sauvegarder le potentiel touristique et à fixer la population encore présente.
Le visage du Languedoc-Rous-
sillon se modifie après une longue période de stagnation ; l’arrière-pays s’oriente vers une vocation nouvelle de résidence et loisirs, le littoral s’équipe.
Mais la partie vitale révèle une série de divergences vers Barcelone pour Perpignan, vers l’axe rhodanien pour Nîmes.
R. D. et R. F.
F Alès / Aude / Béziers / Carcassonne / Gard /
Hérault / Lozère / Montpellier / Narbonne / Nîmes
/ Perpignan / Pyrénées-Orientales / Sète.
P. Marres, les Grands Causses du sud du Massif central. Étude de géographie physique et humaine (Arrault, Tours, 1935 ; 2 vol.).
/ G. Galtier, le Vignoble du Languedoc méditerranéen et du Roussillon (Causse, Graille et Castelnou, Montpellier, 1960 ; 3 vol.). / P. Carrère et R. Dugrand, la Région méditerranéenne (P. U. F., 1963 ; 2e éd., 1967). / R. Dugrand, Villes et campagnes en Bas-Languedoc (P. U. F., 1963). / J. Milhau (sous la dir. de), Région et dé-
veloppement. L’économie du Languedoc-Roussillon (Gauthier-Villars, 1968). / R. Dugrand (sous la dir. de), Atlas régional du Languedoc-Roussillon (Berger-Levrault, 1970).
Lan Na
F THAÏLANDE.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
6292
Lanskoy (André)
Peintre russe de l’école de Paris (Moscou 1902).
D’origine aristocratique, Andreï
Mikhaïlovitch Lanskoï s’installe à Paris peu après la révolution bolchevique, en 1921. Il apparaît, au sein de ce milieu parisien, comme le génie le plus profondément russe, qui tente de faire éclater le monde intérieur aux dimensions de l’univers. Dans chacune de ses créations, il offre l’image d’une nouvelle nature faite de la chair et du sang du monde euclidien, mais reconstruite selon la rythmique, la plasticité, les rapports propres à la peinture. Le mot création prend chez lui son plein sens : « Comme Dieu créa l’homme
à son image, le peintre reflète dans le tableau l’image de son monde inté-
rieur », a écrit Lanskoy, qui, en même temps, affirme l’existence autonome, souveraine de la peinture : « Ce n’est pas ce qui entre dans l’oeil du peintre qui enrichit le tableau, mais ce qui sort de son pinceau. » Pour lui, il n’y a pas de conflit entre la peinture dite « figurative » et la peinture dite « abstraite » ; ce qui compte dans tous les cas, c’est la peinture comme telle. D’ailleurs, de 1921 à 1942, André Lanskoy peint d’après nature. Il n’y aura donc pas de rupture quand, en 1944, il décidera d’aller chercher son inspiration à la source même du « sensible » et non plus seulement du « visible ».
Alors éclate ce qui est l’élément primordial de sa peinture, la lumière.
Ce n’est pas l’éclairage des caravagistes ni le luminisme impressionniste, mais une lumière mystique, venue des profondeurs du chaos originel et passée par le prisme de la spiritualité, la même lumière qui illumine les vitraux du Moyen Âge. Dans les tableaux de Lanskoy, il y a une dominante, tantôt bleue, violette, indigo, tantôt rouge, tantôt noire, blanche ou verte, toujours franche comme dans la peinture d’icônes. Sa palette s’affirme dans une orgie de couleurs qui vibrent à la manière d’une chanson populaire russe, venue d’époques lointaines et exprimant la gamme la plus variée d’événements et de sentiments. On
peut voir aussi dans ses toiles l’épopée grandiose d’un conquérant russe : il y a du barbare en lui. On sent qu’il jette sa matière picturale sur le tableau avec une fureur dionysiaque. Cette « poié-
tique » s’apparente à l’action painting américaine. Les rapports du peintre à l’oeuvre sont des rapports agressifs :
« La lutte s’engage jusqu’à ce qu’un nouvel accord se réalise, cette fois entre les formes et les couleurs. » Ce n’est pas un hasard si Lanskoy a peint un Hommage à Paolo Uccello ; mais, si chez Uccello tout est potentiellement dynamique, chez le peintre russe les lances des adversaires se sont déjà croisées et la bataille fait rage.