Lanskoy a étendu son activité au
domaine de la tapisserie et à celui de l’illustration de livres. Dans son travail sur le Journal d’un fou (1958-1968), non édité, il retrouve la tradition russe de l’enluminure des livres d’heures, et aussi celle des expériences futuristes russes autour de 1912-13.
J.-Cl. M. et V. M.
J. Grenier, André Lanskoy (Hazan, 1960).
lanthane
F TERRES RARES.
Lao Che
En pinyin LAO SHE, romancier chinois (Pékin 1899 - id. v. 1966).
Shu Qingchun (Chou K’ing-
tch’ouen), qui adoptera le pseudonyme de Lao She, est né dans une famille noble mandchoue. Ayant obtenu le
diplôme de l’école normale de Pékin, il entre dans la carrière professorale. En 1924, il part pour Londres se perfectionner en anglais. C’est là qu’il commence à écrire, publiant des nouvelles dans la Revue mensuelle du roman.
De retour en Chine, il donne Divorce en 1933, Histoire de Niu Tianxi en 1934. Ces deux courts romans mettent en scène des gens de Pékin. De cette époque datent aussi plusieurs recueils de nouvelles excellentes telles que Grenouilles et prêles (1934), Cerisiers et pruniers (1935). L’atmosphère des quartiers populaires de la capitale est au
centre de son chef-d’oeuvre, Xiangzi le chameau (1936). Xiangzi (Hiang-tseu) le chameau est venu de son village à Pékin pour y gagner sa vie. Comme il est fort, jeune et indépendant, il se fait tireur de pousse. Grâce à son courage et à sa persévérance, il arrive à économiser suffisamment d’argent pour acheter un rick-shaw, qu’il soigne et aime comme un autre lui-même. Mais voilà qu’un beau jour, les soldats qui rôdent dans la campagne environnante le lui volent. Xiangzi recommence à travailler avec autant d’acharnement, mais moins de confiance et de santé.
Soucis et déceptions s’accumulent.
Contraint d’épouser une femme qu’il craint, il commence à s’attacher à elle juste avant qu’elle ne meure en couches. Et lorsque la vie semble de nouveau lui sourire, la jeune prostituée qu’il aime disparaît. Privé d’espoir et de joie, Xiangzi finit par porter des pancartes dans les enterrements. Le personnage de Xiangzi est très attachant : malgré les innombrables vicissitudes de son existence, la pauvreté, la faim, l’insécurité, la trahison et surtout une immense solitude, il garde un coeur pur d’enfant, espérant toujours ou presque recevoir le gain de ses peines.
Son honnêteté, son sens des responsabilités et de la « face » sont des armes bien faibles dans la lutte pour la vie.
Pourtant, il ignore la révolte et ne comprend pas bien la propagande des ré-
volutionnaires. Il prend conscience de son irrémédiable impuissance lorsqu’il voit exécuter la jeune étudiante qui un jour l’avait défendu devant la police et lui avait donné de l’argent. Pour Lao She, l’histoire de Xiangzi est celle de l’échec de l’individualisme. Malgré toutes ses qualités, la solitude mène le héros au désastre. Dans la littérature révolutionnaire des années 30, Xiangzi le chameau se distingue par l’absence de propagande. Bien sûr, Lao She
est conscient que la vie du peuple de Pékin est rude, il la décrit sans ménagement, mais sans hargne. Ce n’est pas un roman politique, mais un roman de moeurs. L’atmosphère générale n’est pas pesante, on sent la tendresse de l’auteur pour ses héros. Lao She est un véritable romancier : il sait construire son récit, présenter ses personnages, agencer des rebondissements, animer les dialogues. Au-delà du témoignage
sur la Chine des années 30, c’est un excellent roman.
L’oeuvre suivante est un très long roman écrit entre les années 1945 et 1950 qui décrit la vie d’une grande famille à Pékin sous l’occupation japonaise : Quatre Générations sous le même toit (publié en 1953). Après la libération, en 1950, Lao She écrit deux pièces de théâtre : Fang Zhenzhu et le Fossé du dragon barbu, qui toutes deux ont pour thèmes les remarquables transformations qui suivent le changement de régime. Dès lors, Lao She entre dans la voie de la littérature pour le peuple et de la littérature politique.
Tout en assumant la responsabilité de critique littéraire, il publie des oeuvres de circonstance. La question du divorce est au centre du Puits sous l’ombre du saule (1952). Pour la campagne des
« cinq anti », il publie Fleurs de printemps et fruits d’automne (1953). Les nouvelles conceptions littéraires de Lao She s’affirment avec clarté. Dans son autocritique, il reconnaît n’avoir été qu’un « individualiste, isolé de la société », et il ajoute que, depuis la li-bération, il a gagné des millions d’amis et que son seul but est d’écrire quelque chose qui soit utile au peuple. Cette conversion est un événement important dans l’histoire de la littérature contemporaine ; Lao She joue un rôle considérable dans le mouvement artistique révolutionnaire, en tant que vice-pré-
sident de la Ligue des écrivains. C’est vraisemblablement en 1966 (ou 1967) qu’il se suicide.
D. B.-W.
Z. Słupski, The Evolution of a Modern chinese Writer, an Analysis of Lao She’s Fiction (Prague, 1966).
Laon
Ch.-l. du départ. de l’Aisne.
Laon n’est que la deuxième ville
(28 613 hab. en 1968) et même la
troisième agglomération (après Saint-Quentin et Soissons) du département.
Perchée sur une butte de calcaire grossier détachée au nord des plateaux du Soissonnais et dominant la plaine crayeuse reliant Picardie et Cham-
pagne, Laon a eu longtemps un rôle de défense, attesté par ses portes et remparts médiévaux et fut aussi, jusqu’à la Révolution, siège d’évêché, d’élection et de bailliage.
Le passé prestigieux de Laon puis le rôle de chef-lieu en ont fait une ville d’administration et de services beaucoup plus que d’industrie (24 p. 100).
À une métallurgie de transformation plus ancienne (charpentes métalliques), la décentralisation récente a ajouté des emballages métalliques (Carnaud), la confection et le matériel électrique, mais les effectifs restent faibles et à main-d’oeuvre surtout masculine (à plus de 75 p. 100). Laon souffre du manque de voie d’eau et d’une liaison ferroviaire de second plan (Paris-Hir-son et Reims-Tergnier).
Le secteur tertiaire est donc prépondérant, occupant près de trois quarts des actifs, avec un fort pourcentage de femmes (40 p. 100 du tertiaire), confirmant un rôle de commandement, aux limites vite atteintes (dès 15 à 20 km pour le commerce) devant le rayonnement de Reims, Saint-Quentin ou Soissons. Au total, l’activité reste modeste.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
6293
Le bilan démographique 1962-1968
montre annuellement un solde migratoire négatif (– 0,6 p. 100), enlevant, surtout vers Paris, beaucoup d’un excé-
dent naturel notable (1,3 p. 100) et ne laissant qu’un excédent qui est le plus faible des villes picardes.
Divisé entre sa ville haute, administrative et commerciale, et sa ville basse, industrielle, Laon souffre de son site et de son rôle passé malgré ses efforts pour attirer usines lointaines et ruraux environnants dans les nouvelles zones industrielles et résidentielles de la plaine. La ville reste surimposée à un département partagé, par son allongement méridien, entre des centres multiples.
J.-P. M.
F Aisne / Picardie.
Laon,
ville d’art
La situation élevée de la ville ancienne met en valeur un ensemble monumental qui date pour l’essentiel de la seconde moitié du XIIe s. et du premier tiers du XIIIe. La chapelle des Templiers, élevée au milieu du XIIe s., est formée principalement d’un octogone, selon le parti souvent adopté par cet ordre. Bâtie vers la même époque, la chapelle à deux étages du palais épiscopal rassemble des voûtes de plusieurs types : berceau en plein cintre ou brisé, voûte d’arêtes, croisée d’ogives. Commencée vers 1150, l’abbatiale des Prémontrés, Saint-Martin, offre un plan d’inspiration cistercienne, avec un choeur rectiligne et un transept sur lequel s’ouvrent des chapelles carrées.