La merveille de Laon, c’est cependant la cathédrale Notre-Dame. L’édifice actuel a été commencé en 1160 environ par l’évêque Gautier de Mortagne. Son ordonnance intérieure à quatre étages est caractéristique des grandes églises de cette époque, celle du premier épanouissement de l’art gothique. Mais elle revêt une majesté particulière. Au-dessus des grandes arcades, des baies géminées font communiquer la nef avec les tribunes voû-
tées et éclairées qui surmontent les bascôtés et qui ont été conçues pour assurer l’équilibre de l’édifice avant l’adjonction des arcs-boutants. Sous les fenêtres hautes règne un triforium. Les voûtes sont sexpar-tites, ce qui entraîne l’alternance de leurs supports (faisceaux de trois ou cinq colonnettes reposant sur les grosses colonnes des arcades). Une absidiole à deux étages s’ouvre sur chaque bras du transept, à la croisée duquel s’élève une tour-lanterne.
À l’origine, le choeur était peu profond et se terminait par une abside. Au début du XIIIe s., celle-ci fut démolie et le choeur allongé, un grand mur droit, largement ajouré, le fermant désormais à l’est. Depuis cette modification, qui rapproche l’édifice des cathédrales anglaises, le choeur est presque aussi développé que la nef, dont il reproduit d’ailleurs, chose rare pour l’époque, les dispositions essentielles.
La façade occidentale, logique mais tourmentée, date du premier quart du
XIIIe s. La sculpture de ses portails, et des fenêtres qui les surmontent, lui est en partie antérieure. Affreusement mutilée à la Révolution, puis radicalement restaurée, elle reste d’un grand intérêt, comme les vitraux du choeur et du transept. Les deux clochers symétriques, aussi légers que robustes, portent des figures de boeufs en ronde bosse. C’est sur leur modèle — imité en Allemagne, notamment à Bamberg —
qu’ont été achevées, vers 1230, deux des quatre tours d’angles du transept. Ajoutées postérieurement, les chapelles laté-
rales ont reçu au XVIe s. d’élégantes clôtures de pierre dans le goût de la Renaissance.
Trois portes fortifiées du XIIIe s. donnent accès à la ville ancienne où subsistent des maisons construites du XVe au XVIIIe s. C’est à Laon que s’est éveillé, sous Louis XIII, le talent des frères Le Nain*, qui ont souvent puisé leur inspiration dans la campagne environnante.
B. de M.
L. Broche, la Cathédrale de Laon (Laurens, 1955).
Laos
État de l’Asie du Sud-Est.
Un pays continental
et montagneux
Le Laos est situé dans la partie occidentale de l’ancienne Indochine fran-
çaise. De situation continentale, il est parcouru sur une bonne partie de sa longueur du nord au sud par le Mékong.
Son relief montagneux est très accidenté, surtout au nord, avec des vallées étroites très encaissées et des crêtes relativement planes où passent les sentiers. La Chaîne annamitique constitue l’épine dorsale de ces reliefs, qui s’abaissent légèrement vers le centre et le sud sous la forme de plateaux (plateau des Boloven). La vallée du Mékong, très étroite au nord, s’élargit vers le sud à partir de Vientiane en une série de plaines pour atteindre sa plus grande extension dans la région de Savannakhet.
Le Mékong (1 865 km au Laos) ne
constitue pas un bon axe de commu-
nication à cause des nombreux rapides qui compartimentent le fleuve en biefs plus ou moins longs et qui sont dangereux en période de basses eaux. Un premier bief au nord, de Ban Houei-Sai à Luang Prabang, est praticable pendant les hautes eaux aux bateaux de moins de 100 t. Les rapides de Xieng Khouang coupent en saison sèche la circulation entre Luang Prabang et Vientiane.
Un bief important entre Vientiane et Savannakhet (450 km) est accessible durant les hautes eaux aux péniches à moteur de 200 t ayant un tirant d’eau inférieur à 2 m. Un dernier bief navigable s’étend au sud de Paksé, mais est limité à la frontière cambodgienne par les chutes de Khong, infranchissables en toutes saisons.
L’irrégularité du débit du Mékong (minimum de 920 m3/s en juin et maximum de 15 800 m3/s en novembre à
Ventiane), partagé entre une période de basses eaux de février à juin et une période de hautes eaux de juillet à janvier, avec, certaines années, des crues dévastatrices en octobre, est déterminée en grande partie par le climat de mousson qui rythme la vie du pays.
Les précipitations annuelles, variant de 1 500 à 2 000 mm selon les régions, se concentrent en été, alors que la saison sèche, oscillant entre deux et cinq mois, se situe en hiver. Les températures varient beaucoup moins en fonction des saisons que de l’altitude, qui détermine la répartition de la végétation.
Dans les régions basses, de tem-
pérature moyenne annuelle comprise entre 24 °C (Luang Prabang) et 27 °C
(Paksé), dominent les forêts denses humides à Diptérocarpacées, comprenant des arbres à feuilles persistantes et des arbres à feuilles caduques, et les forêts à teck. En altitude, la température moyenne annuelle devient égale ou inférieure à 20 °C, ce qui entraîne l’apparition de forêts denses à feuillus et à conifères très différentes des pré-
cédentes. Partout, les forêts denses sont souvent dégradées en forêts claires ou même en savanes.
Plus de 60 p. 100 de la population se concentrent dans la vallée du Mékong et les terres basses en général. Ce sont
essentiellement des Laos, alors que la montagne est inégalement occupée par des ethnies très variées.
La diversité ethnique
Les Laos
Les Laos, ou Thaï Laos, installés dans les plaines alluviales et les basses vallées les plus fertiles du pays, sont l’ethnie dominante sur les plans numérique et surtout culturel et politique. Descendus des montagnes du sud-est de la Chine, ils envahirent peu à peu le Laos du nord vers le sud à partir du Xe s. au moins. Ce sont des mongoloïdes qui se sont métissés d’Indonésiens autochtones, surtout dans le Sud. Ils habitent des villages allongés le long des cours d’eau, dans lesquels leurs maisons en bois ou en bambou sur pilotis sont entourées de vergers exubérants d’arbres fruitiers. Bouddhistes, ils construisent dans chaque village une pagode, centre de la vie sociale, où réside une petite communauté de bonzes. Riziculteurs, ils labourent leurs rizières, alimentées en eau par la pluie ou par irrigation, avec une charrue de type chinois tirée par un buffle ou un attelage de boeufs à bosse, et cultivent essentiellement du riz gluant qui constitue la base de leur alimentation. Ils pratiquent aussi la pêche, dont ils consomment le produit sous forme de saumure de poisson ou de crevettes d’eau douce. Divers légumes, cucurbitacées, patates douces et feuilles comestibles, les volailles et les porcs élevés sous la maison complètent l’alimentation. L’agriculture est essentiellement orientée vers l’autosubsistance. Les femmes filent et tissent le coton dans presque tous les villages, dont certains sont spécialisés dans la poterie, la vannerie ou la fabrication d’ustensiles en bois ; les objets en métal sont généralement importés.
Les minorités
Il existe une grande variété d’ethnies, qui se répartissent en quatre catégories principales.
y Les minorités thaïes. Venant du nord comme les Laos, les Thaïs sont arrivés plus tard. Ils ont souvent conservé une société avec une hié-
rarchie de type féodal et parlent des downloadModeText.vue.download 573 sur 577
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
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dialectes très voisins du lao, ayant parfois une écriture semblable.
Ils habitent les hautes vallées où, la superficie des rizières étant insuffisante, ils font des « rây », ou cultures sur brûlis. Ils défrichent la forêt en début de saison sèche. Avant les premières pluies, ils y mettent le feu, nettoient le terrain et, sans retourner la terre, sè-