— ce processus est invariable, quel que soit le domaine d’application ;
— la découverte ne se fait pas au niveau conscient, mais inconscient ; il faut donc que le cerveau puisse fonctionner librement et ne pas être bridé par des critiques a priori ;
— les découvertes sont rarement le fait de spécialistes ;
— la découverte naît de la superposi-
tion de deux idées ;
— la découverte est favorisée par l’utilisation d’associations d’idées les plus fantastiques, qu’il convient donc de stimuler ;
— les idées qui viennent à l’esprit ne seront jamais rejetées avant d’avoir été analysées.
On dispose ainsi d’un ensemble de procédures qui favorisent au niveau de l’entreprise l’éclosion de l’innovation : elles risqueraient cependant de n’être pas très productives si un environnement propice au développement de
l’innovation n’existait pas.
L’environnement
de l’innovation
Pour que les découvertes puissent passer du stade de l’invention à celui du produit, il est nécessaire que l’information concernant les découvertes puisse circuler. Des efforts nés de l’initiative privée et de l’initiative publique ont permis la création de ce que le « Livre blanc de l’innovation » a appelé le
« marché des idées ». Celui-ci comprend toute une série d’institutions qui se proposent de mettre en relation les gens qui recherchent des idées et ceux qui en ont.
Jusqu’à une période très récente, il n’existait que deux sortes d’opérateurs sur le marché des idées : les grosses entreprises (plus particulièrement celles de la chimie et de l’électronique), qui s’échangeaient et se vendaient les brevets et les licences ; les conseils en brevets d’invention, cette dernière profession étant désormais — en France
— une profession réglementée depuis le décret du 29 octobre 1965. L’article premier du décret exclut, notons-le, des activités du conseiller (qui a pour mission de procéder aux formalités juridiques préalables aux dépôts des brevets), les transactions sur les brevets et licences. Depuis peu de temps, des intermédiaires privés sont apparus sur le marché. Encore peu nombreuses et de taille modeste, leurs entreprises semblent cependant appelées à se dé-
velopper (il en existe une centaine aux États-Unis).
Une loi du 3 janvier 1967, suivie d’un décret d’application du 10 juillet 1968, est à la base de l’Agence nationale de valorisation de la recherche (l’A. N. V. A. R.), qui est placée sous la double tutelle du ministère de l’Éducation nationale et du ministère du Développement industriel et scientifique. L’A. N. V. A. R. a pour mission de concourir à la mise en valeur des découvertes effectuées par le secteur public et peut, de même, apporter son concours au secteur privé à condition de ne pas exploiter elle-même les brevets. Elle comprend le centre de diffusion de l’innovation, qui a pour mission de faire connaître les innovations à l’aide d’une revue, le Marché de l’innovation, un centre de documentation et un centre de renseignements technologiques qui est encore à créer.
Un exemple de complexe
favorisant l’innovation :
la Route 128
Le complexe dénommé « la Route 128 » est un ensemble d’entreprises tournées vers la technologie avancée, qui s’est créé dans des conditions si favorables à l’innovation qu’il en est devenu le symbole, au plan de l’innovation proprement dite et de la création d’une zone à technologie avancée. Cette réussite a d’ailleurs inspiré en France la création du Foyer d’innovation Paris-Sud, dans la région d’Évry, au sud de Paris. En effet, cette zone est un lieu où de nombreuses facultés et écoles sont déjà implantées et des projets d’aménagements importants en train de s’ébaucher.
Le complexe de la Route 128 a été dénommé ainsi car il flanque de part et d’autre la route 128 qui contourne l’agglomération de Boston. Sa réussite est due à un ensemble de facteurs et à un environnement qui ont permis la création et la croissance des firmes qui s’étaient créées dans cette zone. La Route 128 a regroupé plus de 700 laboratoires de recherche et entreprises de pointe à la périphérie de Boston.
Ces facteurs sont d’abord de nature psychologique : il existait là (et il existe encore) un « modèle » de l’entrepreneur qui prend ses risques et développe une idée
qu’il a eue. Cet entrepreneur est issu souvent d’un grand laboratoire de recherche ou de l’université, qui, il faut le remarquer, ne fait pas obstacle au départ du chercheur et devient souvent alors l’un de ses principaux clients.
L’ensemble des entreprises a eu comme premier client l’État, soit pour des besoins de la Défense nationale, soit ensuite pour l’industrie aérospatiale. La création des entreprises a été rendue possible par l’existence de financements spécifiques en faveur des sociétés innovatrices et par les facilités fiscales accordées par le Code des impôts américain, prévoyant que les pertes en capital sont déductibles des revenus sous certaines conditions (tandis que les gains de capital à long terme sont imposés à 25 p. 100). Il faut aussi mettre en ligne de compte l’existence d’un marché downloadModeText.vue.download 9 sur 577
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 11
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(qualifié « over the counter ») où peuvent s’échanger les titres de sociétés qui n’ont pas encore atteint les dimensions de cota-tion à la Bourse officielle des valeurs.
Finalement, le complexe de la Route 128 bénéficia d’un ensemble de conditions propres à son développement : ces conditions, particulièrement favorables, ne peuvent naturellement être réunies du jour au lendemain, et l’on s’est interrogé sur la solidité du phénomène. Un bon test a été fourni par la réduction des programmes de la NASA et par la crise économique qui a sévi aux États-Unis en 1970 et en 1971. En réalité, seules les entreprises qui n’avaient pas su se diversifier ont eu de véritables problèmes. Mais on a constaté qu’au bout de quelques années d’existence les entreprises qui s’étaient créées sur la Route 128
avaient, en général, développé, à côté du secteur de fournitures à l’État qui avait permis leur création, un département de produits destinés au secteur privé.
Il faut souligner en définitive l’importance de la qualité de l’environnement : l’information circule rapidement, et les entrepreneurs trouvent autour d’eux une compréhension et une aide qui leur sont souvent indispensables.
A. B.
Le financement de
l’innovation
Le financement de l’innovation est l’obstacle principal à la diffusion de celle-ci. Le système bancaire et financier français n’était jusqu’à présent guère équipé pour résoudre les problèmes spécifiques posés par un produit qui est à l’état de démarrage. Le financement de l’innovation recouvre, en réalité, le financement de plusieurs phases du processus allant de l’invention à la commercialisation du produit.
Le ministère du Développement industriel et scientifique distingue quatre phases différentes.
y Le démarrage est la réalisation du prototype, exigeant des fonds relativement réduits, mais dépassant cependant la capacité de financement de l’inventeur ou de la petite entreprise.
La solution retenue est celle d’un financement par l’A. N. V. A. R. ou directement par l’État.
Le financement par l’A. N. V. A. R.
se fait soit sous la forme d’avances remboursables en cas de succès (le remboursement s’effectue par un pré-
lèvement de 75 p. 100 des revenus jusqu’à concurrence des sommes avancées, puis, ensuite, de 30 à 40 p. 100, cette part constituant la rémunération de l’A. N. V. A. R.) ; soit sous la forme de création d’un organisme dont l’objectif est de faire franchir à l’invention le cap de l’exploitation industrielle ; soit sous la forme d’une prise de participation de l’A. N. V. A. R. qui peut aller jusqu’à 20 p. 100 du capital de l’entreprise innovatrice ; soit par une intervention en liaison avec l’Institut de développement industriel (I. D. I.), qui rachète des parts de la société.