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de Ravennika (mai 1209). Redoutant sa puissance, le despote d’Épire Michel Ange Doukas se reconnaît à son tour vassal de l’empereur latin. Maître de l’Europe, Henri peut reprendre la lutte en Asie et imposer finalement à l’empereur de Nicée la paix de Nymphaion (1214), par laquelle celui-ci lui cède la côte de Bithynie, y compris Nicomédie ainsi que la majeure partie de la Mysie.

À l’intérieur de l’Empire latin ainsi territorialement consolidé, il pratique une politique de tolérance religieuse qui facilite le ralliement des indigènes, dont le clergé est autorisé à pratiquer le rite grec et est protégé contre l’intransigeance doctrinale et disciplinaire du légat Pélage.

Le déclin (1216-1261)

La mort d’Henri de Flandre et Hainaut (11 juin 1216) interrompt brutalement l’expérience de coexistence fraternelle de deux peuples latin et grec sous une même autorité. Élu par les barons en 1216, sacré à Rome le 9 avril 1217, son beau-frère l’empereur Pierre de Courtenay est fait prisonnier par le despote d’Épire Théodore Ange Doukas, avant même d’avoir atteint Constantinople. Décédé mystérieusement en captivité sans doute en 1218, il laisse le pouvoir à son épouse, Yolande de Courtenay (1217-1219), et à son fils Robert. Le quatrième empereur latin part de France à la fin de 1220, et est couronné à Sainte-Sophie le 25 mars 1221 ; en 1224, il ne peut empêcher le despote grec d’Épire de s’emparer de Thessalonique et le nouvel empereur de Nicée Jean III Vatatzès de reconquérir l’Asie latine, à l’exception de la seule presqu’île de Scutari. Ne contrô-

lant même plus Andrinople, l’inactif Robert de Courtenay meurt en 1228, au retour d’un voyage en Italie. Son frère l’empereur Baudouin II (1228-1261) n’a que onze ans, et les barons latins proclament régent et empereur l’énergique Jean de Brienne (1231-1237), qui brise le double assaut de l’empereur de Nicée Jean III Vatatzès et du tsar des Bulgares Jean III Asen II contre Constantinople (1235-36). Parti chercher du secours en Occident en 1236, Baudouin II regagne Constantinople en 1239-40 à la tête d’une importante croisade qui lui permettra de reprendre Tzurulum et de battre la flotte de Jean Vatatzès en 1240. Une trêve signée avec ce dernier en 1241, les luttes fratricides opposant les Grecs d’Épire aux Grecs de Nicée, des secours sollicités de l’Occident permettent à Baudouin de prolonger jusqu’à 1261 la survie de l’Empire, désormais réduit à sa capitale, dont Michel VIII Paléologue s’empare par surprise le 25 juillet 1261.

P. T.

F Byzantin (Empire) / Constantinople / Croisades / Épire / Lascaris (dynastie des) / Trébizonde.

SOURCES. G. de Villehardouin, His-

toire de la Conquête de Constantinople (Éd.

Natalis de Wailly, Didot Frères, 1874 ; éd.

Faral, Les Belles Lettres, 1938-39, 2 vol.,

nouv. éd., 1962). / Livre de la conqueste de l’Amorée. Chronique de Morée, 1204-1305, éd. par J. Longnon (Laurens, 1911).

W. Miller, The Latins in the Levant. A History of Frankish Greece, 1204 - 1566 (Londres, 1908) ; Essays on the Latin Orient (Cambridge, 1929). / J. Longnon, les Français d’outre-mer au Moyen Âge (Perrin, 1929) ; l’Empire latin de Constantinople et la principauté de Morée (Payot, 1949). / N. Iorga, Francs de Constantinople et de Morée (Bucarest, 1935). / R. Grousset, l’Empire du Levant. Histoire de la Question d’Orient (Payot, 1946 ; 2e éd., 1949). / F. Thiriet, la Romanie vénitienne du Moyen Âge (E. de Boccard, 1959).

latine (littérature)

L’héritage intellectuel légué par la Grèce antique pèse de façon si lourde sur la civilisation occidentale, et en particulier sur les lettres latines, que l’on serait tenté d’adopter sans réserve le célèbre vers d’Horace Graecia

capta ferum victorem cepit (« la Grèce conquise a conquit son farouche vainqueur »), comme si la littérature latine ne devait sa seule grandeur qu’à un downloadModeText.vue.download 22 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 12

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adroit démarquage des plus belles productions de l’hellénisme triomphant.

En fait, la formule d’Horace est heureuse jusqu’à un certain point : s’il est vrai que la conquête par Rome de la Grèce d’Occident (272 av. J.-C., prise de Tarente), puis de la Grèce proprement dite (achevée en 148 av. J.-C.) se traduit par un intense regain d’inté-

rêt pour la culture grecque et le désir d’en imiter les chefs-d’oeuvre, il n’en reste pas moins que l’adaptation latine de ces chefs-d’oeuvre se fond dans un moule essentiellement romain.

Généralités

L’originalité littéraire de Rome est à la mesure de la nouveauté de sa civilisation. Ce peuple de paysans-soldats, réalistes et pratiques, soucieux d’ordre et de rigueur, sut d’emblée trouver des accents qui n’appartiennent qu’à lui seul, même si les premiers modèles qui l’inspirent viennent de Grèce et quelle

que soit la prodigieuse richesse de cet apport extérieur. Ajoutons qu’à peine née la littérature latine parvint presque immédiatement à un point de perfection qui prouve la puissance du génie italique. Cette littérature bénéficia sans doute de toute la tradition littéraire hellénique : mais elle a pu s’en affranchir et donner très rapidement le jour à des oeuvres personnelles qui la situent très haut.

Ce qui est propre à Rome, en effet, ce sont deux tendances en apparence contradictoires : l’une vers le sérieux, le poids (gravitas), qui aboutit à ce souci d’enseigner que l’on retrouve aussi bien chez Cicéron et Sénèque que chez Lucrèce ou Virgile ; l’autre qui est ce goût pour le « vinaigre italique » (Italum acetum), qui, depuis Plaute jusqu’à Pétrone et Juvénal, se manifeste par une veine comique très sûre. Ces deux dispositions d’esprit, qui s’opposent autant qu’elles se

complètent, expriment les caractères de cette littérature qui sera aussi bien didactique que moralisante et satirique.

Son champ d’extension — plus d’un

demi-millénaire à partir du IIIe s. av.

J.-C. — paraît peu important en regard de la longévité de la littérature grecque.

Mais, comme elle, elle a abordé, avec des fortunes diverses, tous les genres, se déroulant sans coupure sensible jusqu’à ce que la diffusion du christianisme vienne précipiter son évolution. Les différentes phases de celle-ci se sont faites sans heurt : à la période encore hellénisante (Plaute et son temps, le siècle des Scipions) succède l’âge classique (l’époque de Cicéron, le siècle d’Auguste). Puis le renouvellement de la littérature claudienne entraîne un retour au classicisme qui se prolonge jusqu’à la fin du Ier s. apr.

J.-C. Enfin, la décadence qui marque le siècle des Antonins voit le triomphe de la littérature chrétienne.

Une littérature

gréco-romaine

(IIIe-IIe s. av. J.-C.)

Il reste fort peu de chose d’une « littérature » purement italique et ne devant rien à une influence hellénisante.

Des antiques carmina, ou « chants », ne subsistent que le « chant des frères Arvales » et le « chant des Saliens », ce dernier texte transmis par Varron et incompris des Anciens eux-mêmes.

Quant à la prose, elle n’existe que par le résumé du droit qu’est la Loi des XII Tables (v. 450 av. J.-C.), par des fragments de préceptes juridiques et par d’infimes débris de l’oeuvre d’Ap-pius Claudius Caecus (IVe-IIIe s. av. J.-

C.). Au total, le fonds spontanément latin se révèle bien mince.