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mond, dont la dynastie est finalement déclarée déchue en 1287, par le dernier héritier de son vassal, Barthélemy de Gibelet.

Bohémond VI (1251-1268) avait

pourtant eu l’intelligence d’apporter son soutien aux Mongols de Hūlāgū, qui chasse les derniers Ayyūbides

d’Alep et de Damas alors que les barons francs du royaume de Jérusalem, effrayés par la barbarie des nouveaux envahisseurs, commettent l’erreur de s’allier contre eux aux Mamelouks

d’Égypte. Vainqueurs à ‘Ayn Djālūt le 3 septembre 1260, Quṭuz et le sultan Baybars Ier (1260-1277) étendent alors l’autorité des Mamelouks du Caire à Alep. Encerclés de nouveau, comme

au temps de Saladin, les États francs ne peuvent que retarder l’issue fatale. En mai 1268, Antioche succombe la première, et son prince ne contrôle plus que le comté de Tripoli, affaibli par les querelles qui opposent le parti « pou-lain » (créoles) au parti « romain », dirigé par le comte romain Paolo Conti de Segni, frère de Lucienne de Conti de Segni : celle-ci détient, en effet, la régence de l’État de Tripoli au nom de son fils mineur Bohémond VI (1237-1251), dont le règne (1251-1275) et celui de Bohémond VII (1275-1287)

sont marqués par la querelle qui oppose leur famille à celle des Gibelet. Dans ces conditions, le sultan Qalā‘ūn s’empare de Tripoli après moins de deux mois de siège, le 28 avril 1289. Deux ans plus tard, son successeur, al-Malik al-Achraf Ṣalāḥ al-Dīn Khalīl, s’empare de Saint-Jean-d’Acre au terme d’un siège court (5 avr. - 18-28 mai), mais héroïque. En s’emparant en août de Tortose (Tartous), le vainqueur fait disparaître la dernière place forte occupée par les Francs en Terre sainte.

P. T.

F Antioche / Croisades / Jérusalem / Louis IX /

Palestine / Syrie.

W. Heyd, Geschichte des Levantenhandels (Stuttgart, 1879, 2 vol. ; trad. fr. Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, Leipzig, 1885-86, 2 vol., nouv. éd., Amsterdam, 1967).

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/ C. Enlart, les Monuments des croisés dans le royaume de Jérusalem (Geuthner, 1925-1928 ; 4 vol.). / J. Longnon, les Français d’outre-mer au Moyen Âge (Perrin, 1929). / J. L. La Monte, Feudal Monarchy in the Latin Kingdom of Jeru-salem, 1100 to 1291 (Cambridge, Mass., 1932). /

P. Deschamps, les Châteaux des croisés en Terre

sainte (Geuthner, 1935-1939 ; 2 vol.) ; Terre sainte romane (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1964). / R. Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem (Plon, 1935 ; 3 vol. ; nouv. éd., 1960). / C. Cahen, la Syrie du Nord à l’époque des croisades et la principauté franque d’Antioche (Geuthner, 1940). /

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château Bernard, situés quelque part à l’est du Jourdain et du lac de Tibériade dans la

« Terre de Suite », sont renforcés à l’ouest du fleuve par les forteresses du Chastel-let (au Gué Jacob), de Saphet (Safad), de Subeiba (près de Bānyās) [1130] et de Beaufort (à Arnūn) [1139], dont la ligne se prolonge dans le comté de Tripoli et la principauté d’Antioche par le Krak des Chevaliers et par le château de Chaizar, qui contrôlent respectivement les trouées de Homs et de Ḥamā, enfin par les fortifications grecques, arméniennes et turques, remises en état par les croisés, soucieux d’assurer la défense de la ville d’Antioche.

L’organisation militaire

LES HOMMES

En butte aux attaques incessantes de leurs voisins, les États francs du Levant ne disposent pour y faire face que d’effectifs insuffisants. L’origine de ces troupes est quintuple : les contingents francs locaux, qui semblent avoir compris au maximum, en 1144, 1 500 chevaliers et 12 000 sergents, effectifs réduits, en fait, considé-

rablement par les nécessités de la garde des frontières, la vieillesse, la maladie ou le refus de servir ; les renforts d’Occident, nourris par la foi intense d’une chevalerie prolifique, mais réduits et affaiblis par le temps, par l’insuffisance numérique des fiefs en terre ou en argent et par l’indiscipline de leurs membres ; les auxiliaires indigènes, ou turcoples, recrutés parmi les Syriens musulmans (peu combatifs) ou au sein des communautés chrétiennes (archers maronites et fantassins arméniens, également ardents au combat) ; les mercenaires francs, minutieusement soldés pour la stricte durée de leurs services ; enfin les milices bourgeoises, gonflées par la levée en masse en cas de danger grave (siège

d’Ascalon par Baudouin III en 1153).

LES FORTERESSES

En fait incapables de lever plus de 15 000 hommes au maximum, les Francs mettent en place au cours de la première moitié du XIIe s. un puissant système défensif formé de forteresses contrôlant les voies naturelles d’invasion. Dans le royaume de Jérusalem, ce système s’ordonne selon un quadruple front. À l’ouest, d’importants châteaux contrôlent les ports longtemps tenus par les musulmans : châ-

teau Saint-Gilles aux portes de Tripoli (dès 1102) ; le Toron à Tibnīn et le Scandelion à Iskanderouna, aux abords orientaux et méridionaux de Tyr, occupée seulement en 1124. Au sud, aux confins du Sinaï, des fortins jalonnent la route Gaza-Hébron et servent de points d’appui défensifs et offensifs en direction de l’Égypte. Au sud-est de la mer Morte, les voies caravanières en direction du Hedjaz sont contrôlées dans les pays d’outre-Jourdain par les châteaux du Val Moyse, du Krak de Montréal (1115) et du Krak de Moab (1142) à al-Karāk. À

l’est enfin, le château de Baudouin et le S’inspirant d’abord trop strictement de l’architecture militaire byzantine, qui multiplie inutilement les angles morts (fortins carrés ou rectangulaires flanqués de tours carrées parfois même au milieu des côtés), les croisés renforcent leurs châteaux d’un lourd donjon carré sous le règne de Foulques d’Anjou (1131-1143) avant de substituer après 1150, aux tours carrées, des tours rondes qui suppriment les angles morts, et d’en renforcer la défense par des ouvrages avancés et des enceintes doubles ou triples bien adaptées au terrain et au climat qui, par manque d’eau, prive ces forteresses de la protection du fossé. Coûteuses en hommes et surtout en argent, ces constructions ne peuvent plus être assumées après 1150 par les princes francs, qui en transfèrent alors la charge aux ordres militaires.

LES ORDRES MILITAIRES

Créés pour assurer la conquête et la dé-

fense des Lieux saints en contradiction absolue avec les principes de la morale chrétienne, qui interdit aux religieux de verser le sang, les ordres militaires sont composés de chevaliers ayant prononcé les voeux principaux imposés aux ecclésiastiques (chasteté, pauvreté, obéissance). Né

d’un hospice créé vers 1050 par les marchands d’Amalfi aux portes mêmes du Saint-Sépulcre et d’abord desservi par des bénédictins richement dotés de biens et de revenus au début du XIIe s., l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem se constitue en fait au début du XIIe s. (exemption du paiement de la dîme par la papauté en 1112 ; afflux de recrues originaires de la France méridionale ; substitution, à la règle de saint Benoît, de la règle de saint Augustin ; création, sans doute par son premier grand maître, Raymond du Puy [1120-1154], d’une force de chevaliers chargés de protéger les pèlerins et les biens de leurs frères hospitaliers, etc.). Inférieurs en dignité aux frères chapelains, qui ont reçu la prêtrise et sont soumis à l’autorité du grand prieur, mais supérieurs en dignité et en nombre au groupe des frères sergents, les frères chevaliers se recrutent exclusivement dans les familles chevaleresques. Placés sous l’autorité d’un grand maître qu’ils élisent à vie conjointement avec les frères chapelains, les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean jouent à partir de 1142 un rôle essentiel dans la défense des États latins du Levant et plus particulièrement dans celle du comté de Tripoli, où Raimond II a constitué en leurs forces une véritable principauté indépendante autour du Krak downloadModeText.vue.download 27 sur 573